TRIBUNE : un Don Quichotte de la culture au service de qui?

Le ministre français de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, veut ‘briser l’emprise’ de la technologie iTunes. Mais au profit de qui ? Ce Don Quichotte des temps modernes se met au service des ‘majors’?

C’est au

Herald Tribune que Le ministre français de la Culture vient de réserver ses confidences, en forme de justification. Il évoque le très controversé projet de loi sur les droits d’auteurs, et le seul volet qui a séduit le consommateur: l’interopérabilité des plates-formes de téléchargement. « Notre intention avec cette loi est de casser l’emprise d’une technologie sur des oeuvres culturelles. Quand j’achète un CD ou une vidéo sur Internet, je dois pouvoir le lire sur n’importe quelle machine« , a-t-il déclaré. Le texte voté le 21 mars par les députés place dans la loi le principe d’interopérabilité, c’est-à-dire la capacité de lire un fichier légalement téléchargé sur n’importe quel support. Même si le ministre s’en défend, c’est bien la plate-forme iTunes d’Apple, avec téléchargement payant de musique et de vidéo, qui est visée? « Je n’ai absolument rien contre iTunes et il ne s’agit pas d’une quelconque vengeance ou de protectionnisme à l’encontre d’une société étrangère. [Mais] une technologie, même de grande qualité, réussie et utile, ne doit pas permettre de contrôler l’accès à une ?uvre. » Alors, que défend le ministre ? Les consommateurs ? Son discours le laisse croire. Mais si on le replace dans le cadre plus large du projet de loi, dans lequel l’avis et les attentes du consommateur brillent par leur absence, on peut légitimement s’interroger. Renaud Donnedieu de Vabres se dit « impatient« : quand pourra-t-on écouter de la musique téléchargée sur iTunes sur un baladeur numérique qui ne soit pas un iPod ? Ou lire TOUS les CD musicaux du commerce sur son PC ou son autoradio ? Non, le ministre attend l’apparition de « nouvelles formes concurrentielles de vente de musique en ligne (…) qui vont animer le marché et amener de plus en plus de gens vers les sites légaux de musique en ligne« , révèle le Herald Tribune. Lorsqu’il se met au service de la ‘culture‘ (‘ensemble des connaissances acquises qui permettent de développer le sens critique, le goût, le jugement’ – cf le Petit Robert), le discours du ministre se ferait plutôt commercial ! Un ministre Don Quichotte au services des grands (de l’industrie) et non du plus grand nombre. Une industrie qui mérite bien qu’on l’aide, l’ogre iTunes n’a-t-il pas reçu l’appui du géant cyclope, le gouvernement américain qui a apporté son soutien à Apple. Mais heureusement, Sancho Pansa veille? Le Sénat pourrait bien réviser l’article 7 et en limiter sa portée. Comme quoi le consommateur reste loin des interrogations des grands, sauf pour faire tourner les moulins?