TRIBUNE : une firme ‘fabless’ dénommée Microsoft ?

Microsoft qui s’intéresse de plus en plus au ‘hardware’, pourrait créer en
interne des composants et marquer un point d’inflexion historique

Ce n’est pas nouveau, Microsoft d’intéresse depuis longtemps au hardware, au matériel informatique. Mais tant qu’il ne s’agissait que de souris, clavier ou webcam, l’industrie laissait jouer le géant du logiciel. Même s’il a fini par s’imposer en leader sur ces marchés !

En revanche, Charles P. Thacker, ingénieur vétéran de Microsoft, interviewé par le New York Times, a révélé que l’éditeur a créé des ‘joint-labs‘, des laboratoires de recherche, à Redmond, au siège, et à la Silicon Valley, avec en projet de développer des chips, des composants.

Réunis au sein d’une entité nommée Computer Architecture Group, ces ‘joint-labs‘ pourraient bien être un coup de pied dans la fourmilière des semi-conducteurs.

Certes, Microsoft dispose déjà de fortes compétences dans le domaine de l’intégration de technologies dans des appareils ou périphériques, à l’image des smartphones sous Windows Mobile ou des différentes versions de sa console Xbox. Mais jusqu’à présent l’éditeur avait fait appel aux technologies de l’industrie, processeurs Celeron 733 d’Intel et GeForce 3.5 de Nvidia pour la Xbox ou XeCPU d’IBM et Xenos R500 d’ATI pour la Xbox 360.

Cependant, on ne se déclare pas designer de composants comme cela, et Charles P. Thacker évoque d’autres technologies que les processeurs pour PC. Microsoft regarderait plutôt du côté de l’entertainment (les loisirs) et du jeu. En particulier la reconnaissance vocale.

« La voix c’est grand. Vous pouvez lancer autant de technologies que vous le voulez« , a-t-il affirmé au New York Times. « Nous sommes à un point d’inflexion de l’industrie. Nos amis affirment que les ordinateurs n’iront pas plus vite, nous allons juste leur en demander plus. »

La réflexion est intéressante. Les grands acteurs du design de l’industrie des semi-conducteurs ? Intel, IBM, AMD, Sun (Sparc), Freescale, NXP ou ARM, pour ne citer qu’eux – se tournent de plus en plus vers le softwarepour optimiser leurs produits et les technologies qu’ils embarquent.

Pourquoi le softwarene s’intéresserait-il pas au hardware? Pour prendre un meilleur contrôle de l’interaction entre l’OS (système d’exploitation) ou l’application et le matériel, par exemple, et mettre en place des fonctionnalités auxquelles les fondeurs n’ont pas accès ?

C’est d’autant plus envisageable aujourd’hui que les procédures de développement du design des composants et de leur reconfiguration sont désormais quasi totalement logicielles. Auparavant elles imposaient la fabrication physique de produits de tests, une étape que des solutions – comme celle de l’Université de Berkeley retenue par Microsoft pour Computer Architecture Group ? dispensent avantageusement.

D’accord, les analystes s’élèvent pour affirmer que Microsoft est encore très loin de pouvoir jouer dans la cour d’un Intel, IBM ou ATI sur les semi-conducteurs. Mais le géant de Redmond n’investit jamais dans une technologie aussi lourde sans avoir une stratégie !

Microsoft, une ‘fabless‘ (concepteur de semi-conducteurs qui ne les fabrique pas lui-même) ? Voilà qui a du sens et pourrait marquer une nouvelle étape historique pour l’industrie informatique…