TRIBUNE : Web3, du bruit virtuel ?

La grand messe du Web est ouverte, pendant deux jours. Paris s’affiche comme la capitale de l’Internet et une Silicon Valley virtuelle

Après le Web, ou comment consommer de l’information ? Après le Web 2.0, ou comment se donner l’illusion d’être le maître de l’information ? Voici poindre le Web 3, ou comment sombrer dans la virtualité…

Du 11 au 12 décembre, répondant à l’appel de Loïc Le Meur, ils seront près de 1.700 participants à s’afficher aux Docks Saint-Denis, lors de ce quatrième rendez-vous, devenu incontournable, de tout ce qui en France et en Europe cogite autour du futur de l’Internet. Et cette édition, qui revendique le statut de « plus grand rassemblement européen de blogueurs » risque de faire du bruit… en ligne.

L’évènement devrait en tout cas reprendre du sérieux en perdant sa coloration politique. On se souvient que la précédente version avait servi de vitrine à Nicolas Sarkozy et François Bayrou, alors en campagne pour les présidentielles, ce qui avait notablement desservi l’image de la manifestation.

Les élections sont passées, la France à un nouveau président omniprésent – mais qui ne renouvellera pas sa prestation sur Web3. L’heure est enfin à la réflexion !

Mais qu’est-ce que ce Web3 ?

La question est importante lorsque l’on voit ce qu’est devenu le Web 2.0, un concept plein d’espoir mais aujourd’hui si galvaudé, que chacun cuisine désormais à sa sauce.

Le programme des interventions, qui s’enchaînent à un rythme fou et en anglais, est un signe d’une communauté qui se cherche. On y devise réseaux sociaux, mondes virtuels, musique en ligne, un peu d’entreprises, un peu d’innovation, expérience utilisateur, personnalisation, quand ce n’est pas individualisation, et évolution de la société. En fait, toutes les promesses en devenir ou non tenues du Web 2.0 !

En réalité, le Web 3 n’existe pas, n’est qu’une illusion virtuelle. Il n’est même pas à construire, puisqu’avant de l’évoquer il faut se reposer sur des bases. Et le Web 2.0 est encore si fragile !

Alors que reste-t-il aux conférences Web3 ? Un lieu où les start-ups s’affichent, où tout ce qui cause Web peut s’exprimer, où l’on peut s’imaginer reconstruire le monde, en version numérique bien sûr. Et où les apprentis communicants que sont la majorité des blogueurs peuvent se donner l’illusion qu’ils sont les rois de la Toile.

Un souffle de folie Internet, en quelque sorte, qui se plairait à être du même type que celui qui a parcouru la toile naissante à la fin du siècle dernier. Celui aussi qui a concouru à créer une bulle de sinistre mémoire, ne l’oublions pas ! Mais ces 11 et 12 décembre 2007, la foi n’y est plus, l’économie du monde ne le permet pas.

Car pour beaucoup, les jeux sont faits. D’ailleurs, quid du Web sémantique, du Web intelligent ?

Reste la cosmétique, histoire de changer quelque chose et donner à chacun l’illusion d’apporter sa contribution à l’édifice et de contrôler son destin ! Et à Paris de se donner durant deux jours des allures de Silicon Valley. Une illusion, numérique, virtuelle, encore…