Trop d’opérateurs mobiles en France ?

téléphones mobiles smartphones (crédit photo © Rido - Fotolia.com)

Trop de concurrence pour SFR, trop de régulation pour Orange, un marché en croissance pour l’Arcep… A l’occasion du DigiWorld Summit, opérateurs et régulateur ont débattu sur la situation du marché français et les actions à prendre pour retrouver la croissance.

Combien d’opérateurs mobiles faut-il en France ? C’est, en substance, la question qu’a posée Séphane Roussel. Le patron de SFR se demandait, à l’occasion du DigiWorld Summit de Montpellier organisé par l’Idate les 14 et 15 novembre, s’il n’y avait pas trop d’acteurs sur le marché français. Une référence directe à l’arrivée de Free Mobile en début d’année, qui a bousculé le marché avec ses tarifs agressifs.

Jean-Ludovic Silicani, le président de l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) n’a pu que se sentir visé en accordant à Iliad la quatrième licence 3G du marché (dont l’attribution restait néanmoins programmée de longue date). Mais il a défendu son point de vue à la tribune du DigiWorld en rappelant que l’arrivée du nouveau concurrent avait stimulé le marché.

Marché en hausse pour des revenus en baisse

« La première constatation que l’on peut faire est que la taille du marché mobile a crû de façon exceptionnelle ces derniers mois : il représente aujourd’hui 72 millions de clients, soit une croissance de plus de 7% en un an, le plus fort accroissement constaté depuis 10 ans », a-t-il souligné lors de son discours (disponible ici).

Et si Free Mobile a inévitablement entaillé la base client des concurrents, les opérateurs installés ont su réagir pour repartir à la hausse grâce à leurs offres sans engagement notamment. Orange a ainsi conquis 320 000 nouveaux utilisateurs mobiles au 3e trimestre.

SFR a su attirer 40 000 abonnés mobiles supplémentaires sur la période et 124 000 chez Bouygues Telecom (188 000 en intégrant les clients Darty Telecom racheté en mai dernier). Certes loin des 805 000 de Free Mobile qui reste le plus offensif malgré le ralentissement des recrutements.

La 4G, planche de salut

Si les clients sont de retour, il n’en va pas de même des revenus qui subissent les baisses tarifaires consenties pour contrer la concurrence (-7% chez SFR, -8% chez Bouygues Telecom, -4,8% chez Orange France sur les 9 premiers mois). Pour le président de l’Arcep, l’augmentation du volume a néanmoins limité la baisse en valeur. Et le repli global se limiterait à 3,4% sur un an. Une contraction « comparable à celle constatée dans d’autres grands pays européens (elle est même de près de 7% en Espagne) ». Avec ou sans Free Mobile, le marché recule, donc.

Plus que la sortie d’un opérateur (à commencer par SFR ?), le très haut débit mobile pourrait constituer la planche de salut des opérateurs français. « Le marché américain nous donne un indice de ce que peut apporter, au moins sur le mobile, le passage au très haut débit, a souligné Jean-Ludivic Silicani. Il pourrait être l’occasion de mieux monétiser la consommation de données qui est devenue primordiale dans les attentes des utilisateurs (particuliers, entreprises ou services publics). Il appartient aux opérateurs de se saisir de cette opportunité de sortie par le haut en sachant valoriser les innovations résultant de ces réseaux de nouvelle génération et en accroissant leurs revenus. »

Retrouver le chemin de la croissance

Les opérateurs n’ont évidemment pas attendu l’avis du régulateur pour mettre en œuvre la 4G. SFR la lancera à Lyon fin novembre et mi-décembre à Montpellier. Marseille, Strasbourg, Lille et Toulouse suivront au cours du premier semestre 2013. Orange devrait annoncer son calendrier le 21 novembre prochain.

Pour Stéphane Richard la 4G (avec le cloud et le sans contact) présentera en effet l’occasion d’apporter de nouveaux services aux clients afin de « retrouver le chemin de la croissance ». Le PDG de l’opérateur historique a également souligné le besoin de « stopper la spirale infernale de baisse des prix  », la nécessité d’avoir un cadre réglementaire stable et appelle à la limitation des taxes, selon l’AFP.

Sauf pour « les acteurs de l’Internet qui ne paient quasiment pas d’impôt, mais qui tirent une part importante de leurs revenus  ». Stéphane Richard a confirmé que, chez Orange, la baisse des revenus moyens par utilisateur allait baisser de 20% en 2012 et 2013.


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