Truffle 100 : les éditeurs français de logiciels peuvent mieux faire

Les 100 premières entreprises françaises éditrices de logiciels sont « solides et créatrices d’emplois », mais aussi modestement dynamiques et sous-capitalisées.

Décélération et résilience des 100 premiers éditeurs de logiciels français dominent l’édition 2019 du classement Truffle 100 (qui agrège les revenus de 2018).

Les entreprises du Truffle 100 ont réalisé un chiffre d’affaires édition cumulé de 9,3 milliards d’euros en 2018, contre 9 milliards en 2017. La croissance du top 100 n’a donc pas dépassé 3% l’an dernier, contre 14% en 2017 et 9% en moyenne annuelle depuis 10 ans.

« Les entreprises françaises de l’édition de logiciels croissent toujours beaucoup moins que leurs [concurrentes] étrangères, en particulier américaines (les 3% de croissance de revenus édition du Truffle 100 font pâle figure face aux 12% publiés par Microsoft il y a quelques jours) », a déclaré Bernard-Louis Roques, directeur général du fonds Truffle Capital à l’origine du classement publié en partenariat avec teknowlogy Group (ex-CXP).

Le dirigeant a ajouté que « le désamour confirmé de la bourse pour le secteur » est un autre sujet de préoccupation. En outre, avec la sortie de la bourse, depuis le 1er janvier 2019, de Harvets (52e) et de Coheris (78e), le nombre d’entreprises cotées est à son plus bas depuis la création du Truffle 100 en 2004. 14 entreprises françaises du logiciel seulement sont aujourd’hui cotées « contre 22 en 2014 et 33 en 2009 », a-t-il déclaré.

D’autres signaux sont plus encourageants.

Profitabilité, emploi et R&D

Les entreprises du secteur affichent notamment « un taux de profitabilité à 10% en augmentation de 6 points depuis 2009. » De sucroît, « 61% des entreprises du top 100 anticipent une augmentation de 5 à 15% de leur chiffre d’affaires » et 9 sur 10 prévoient d’investir dans la R&D (1,2 Md€ en 2018) et de recruter. Dassault Systèmes en tête.

Le fournisseur de solutions de conception 3D et gestion du cycle de vie des produits (PLM) est un des grands bénéficiaires de la concentration du chiffre d’affaires édition.

Dassault Systèmes représente à lui seul 32,9% du CA édition du classement.

Outre Dassault Systèmes, Sopra Steria et Murex se positionnent à nouveau dans le trio de tête. Ils représentent ensemble plus de 4 Md€ du chiffre d’affaires du top 100.

Cegid, Cegedim, Axway, Neopost SA, GFI informatique, Linedata et Claranova font également partie du top 10. Ensemble, les 10 premiers éditeurs du classement concentrent 65% des revenus du secteur. Et les 20 premiers 76%.

Les 20 premiers éditeurs logiciels français du Truflle 100

Autre enseignement du classement : 86% des sociétés du Truffle 100 déclarent avoir une offre SaaS (logiciel en tant que service). Une proportion stable par rapport à 2017.

Pour le dirigeant et cofondateur de Truffle Capital, les entreprises françaises du logiciel sont à la fois « solides et créatrices d’emplois d’un côté, mais faiblement dynamiques et insuffisamment capitalisées de l’autre. » Selon lui, le futur est assez prévisible dans ce domaine. « Si rien ne change d’ici 5 ans, les sociétés ‘made in France’ [du] top 100 continueront peut-être bon an mal an de croître, et, on l’espère, d’être contributrices sur le plan de l’emploi. Mais, dans un secteur où la bataille se joue à l’international et dans la R&D, la question de leur poids face à la concurrence étrangère se pose. Sans mentionner que, faute de financement, bon nombre des leaders français d’aujourd’hui auront probablement été rachetés par des fonds d’investissements ‘late stage’ basés à l’étranger. »