TV mobile : les clés du succès

A l’occasion du Mobile TV Congress qui s’est déroulé à Paris, rencontre avec
UDCast et DibCom, deux leaders français de la TV mobile hertzienne

La TV mobile hertzienne qui doit venir en complément de la TV mobile diffusée en streaming grâce à la 3G, sera bientôt une réalité. Les plus optimistes s’attendent à un lancement courant 2007 et une couverture quasi totale du territoire pour 2008-2009.

Selon une étude menée par OC&C Strategy Consultants, le marché de la télévision mobile pourrait atteindre 500 millions d’euros en 2013.

Mais le succès de la TV Mobile (toutes les études montrent que les consommateurs attendent impatiemment un tel service et sont prêts à payer pour) est encore suspendu à quelques questions critiques.

A l’occasion de Mobile TV Congress organisé le 24 janvier à Paris, nous avons rencontré deux leaders technologiques de ce secteur : DibCom et UDCast, pour faire le point.

-La technologie de diffusion

Tout le monde s’accorde autour de la norme DVB-H, dérivée de la TNT. Les principaux services européens exploiteront cette technologie qui permet une réception outdoor mais surtout indoor, plébiscitée par les testeurs.

Pour autant, des groupes comme Alcatel pousse une solution hybride avec le satellite, le DVB-H dans la bande S, permettant une meilleure couverture du territoire. Pour Filip Gluszak, vice-président Marketing d’UDCast (fournisseur des grands intégrateurs de TV mobile, lire notre encadré), « la bande S possède un atout de taille : elle est déjà disponible partout en Europe. Son utilisation réduit le problème de la disponibilité des fréquences hertziennes. Elle est en outre très proche des fréquences de la 3G, ainsi il suffit d’effectuer des mises à jour matérielles sur les antennes UMTS afin d’adapter le réseau. Ce qui réduit le coût de l’infrastructure ».

Il semble clair que le marché s’oriente finalement vers cette solution hybride, d’ailleurs soutenue par le gouvernement. « Les deux technologies vont co-exister naturellement. Ce qui ne pose aucun problème : les terminaux et les chipsets sont désormais compatibles avec les deux technologies », explique Filip Gluszak.

Une position qui n’est complètement partagée par Yannick Lévy, p-dg de Dibcom, leader mondial des puces DVB-H. « Les deux technologies sont complémentaires mais les opérateurs sont prudents. L’ajout du satellite ne pourra pas intervenir avant 2009 mais il se justifie pour une couverture rurale « .

-L’importance des contenus

Succès en Corée du Sud avec 3 millions d’utilisateurs, l’essor de la TV mobile est néanmoins freiné par le manque de chaînes à forte notoriété dans les bouquets. « Les grandes chaînes sont indispensables aux côtés des chaînes thématiques et personnelles », confirme Filip Gluszak.

« Le mode broadcast en DVB-H est destiné avant tout à ces grandes chaînes nationales, qui ont besoin d’un réseau très dense et d’une couverture totale « , précise Yannick Lévy.

Pour autant, opérateurs mobiles et groupes audio-visuels n’ont pas la même façon de voir les choses. Les opérateurs penchent vers un modèle payant, veulent produire leurs propres contenus et sont partisans d’une couverture indoor. Les chaînes de TV sont tentées par le modèle gratuit et font pression pour éviter une couverture indoor qui viendra concurrencer la TV classique.

En d’autres termes, chacun essaye de tirer la couverture à soi avec des stratégies individualistes. Par exemple, alors que toutes les études montrent que les consommateurs sont prêts à débourser environ 5 euros par mois pour ce service, le modèle payant ne fait pas consensus entre les différents acteurs.

« Certaines positions vont à l’encontre des besoins du consommateur, certaines chaînes de télévision sont trop gourmandes en poussant le gratuit. Elles ne pe rçoivent pas le problème du coût du réseau », précise le p-dg de DibCom.

Enfin, la qualité de réception devra être impeccable : « Il faut absolument que les early-adopters soient satisfaits. D’où l’intérêt de solutions de monitoring pour les opérateurs », ajoute Filip Gluszak d’UDCast.

-Prix et disponibilité des combinés

Une offre large de combinés compatibles DVB-H est cruciale pour que le marché décolle. Mais avec de moins en moins de fabricants, les délais s’allongent. DibCom a écoulé 4 millions de puces DVB-H en 2006 mais constate que l’éventail de terminaux est encore faible.

Par contre, le prix de ces mobiles devrait continuer à baisser. « En 2006, le composant DVB-H coûtait moins de 10 dollars, cette année, il devrait tourner autour de 5 dollars. A ce prix, la production de masse pourra commencer. A terme, l’option TV hertzienne sera aussi courante que l’appareil photo et cette fonction sera incluse par défaut par les fabricants », explique Yannick Lévy.

Il y a un an, l’entreprise lançait un nouveau type de composant plus petit, moins coûteux et totalement intégré (à l’image des composants Wi-Fi ou Bluetooth). Ce sont là autant d’arguments supplémentaires pour les partisans de cette norme. La nouvelle puce de réception ne mesure pas plus d’un centimètre carré contre 3 pour le précédent modèle.

TV Mobile : les Français à la pointe Dans ce secteur qui s’annonce très juteux, les entreprises françaises tirent leur épingle du jeu. DibCom est ainsi le premier fabricant mondial de composants DVB-H (4 millions vendus en 2006, une part de marché proche de 100%…). L’entreprise a déjà levé 40 millions d’euros depuis 2000. En 2005, elle a réalisé un chiffre d’affaires de 7 millions d’euros.UDCast de son côté a été créée en juin 2000 par quatre ingénieurs-chercheurs de l’INRIA de Sophia-Antipolis. Il est le premier fournisseur mondial d’encapsulateurs IP pour la TV Mobile compatibles avec le standard DVB-H. Ces encapsulateurs sont fournis aux équipementiers, il revendique 70% de part de marché. Le groupe se positionne aussi sur la TV Mobile hybride satellite. Il a réalisé 4,5 millions d’euros de chiffre d’affaires à fin juin 2006.