Un rapport accable les anciens dirigeants d’Altran

Deux ans d’enquête, 600 pages et des responsabilités manifestes : Altran n’en
a pas fini avec le scandale

La période ‘noire’ d’Altran, 2001-2002, remonte à nouveau à la surface. A cette époque, le Le leader européen des prestations de conseil en innovation technologique aurait produit de fausses factures et gonflé artificiellement ses chiffres afin d’atteindre les objectifs fixés par les marchés. Les deux dirigeants: Hubert Martigny (vice-président) et Alexis Kniazeff (président) ont toujours nié être impliqués dans ces malversations. En 2005, le juge Courroye en charge de l’affaire mandate des experts pour faire le clair sur ces pratiques douteuses.

Après deux ans d’enquête, le rapport est remis au juge. Il est accablant pour les ex-dirigeants du groupe, selon la Tribune qui a eu accès au document.

Extrait : « Alexis Kniazeff et Hubert Martigny soutiennent avoir ignoré jusqu’à la remise du rapport Ricol en avril 2003 les malversations affectant les comptes du groupe Altran, ayant délégué tous leurs pouvoirs à Michel Friedlander et Frédéric Bonan depuis 1998 (…) il nous paraît exclu qu’ils puissent soutenir aujourd’hui avoir délégué la gestion du groupe »à ces deux directeurs généraux.

Les auteurs du rapport soulignent en effet que Martigny et Kniazeff ont conservé tous leurs mandats entre 1998 et 2002, ont vérifié les comptes, décidé de l’acquisition de 75 sociétés et « disposé seuls de toutes les autorisations concernant le financement des filiales » et « contrôlaient l’évolution du chiffre d’affaires et du résultat »d’Altran.

Le rapport démontre que la direction d’Altran a mis en place un système d’élaboration de chiffre d’affaires fictif, camouflé par une fausse communication financière et étouffé grâce à des rémunérations généreuses. Entre janvier 2001 et juin 2003, le chiffre d’affaires fictif est évalué à 105,2 millions d’euros pour les six filiales étudiées. Pire, les malversations auraient débuté en 1997 selon certains témoins.

Pour bien enfoncer le clou, les auteurs affirment que tous les dirigeants de l’époque ont apporté leurs concours pour « pérenniser le système ». « (Ces) mécanismes n’auraient pas pu exister ou en tout cas perdurer sans leur aide et surtout leur silence. Plus d’une centaine de personnes connaissaient »ces malversations.

Défense d’Alexis Kniazeff: »A l’époque, je suivais les affaires de loin, en tant que président du conseil d’administration. Je n’ai eu à aucun moment connaissance des faits inadmissibles qui se sont déroulés. Ensuite, il ne s’agissait pas d’un système organisé mais artisanal, fait dans la précipitation par un seul homme, Frédéric Bonan, qui a été mis en cause par pratiquement tous les contrôles opérés depuis. Il a reconnu les faits puis a tenté d’impliquer plus de monde. Mais ni moi, ni mon associé, Hubert Martigny, n’avons jamais été nommés ni accusés par qui que ce soit d’autre ».

Suite à la révélation de ce scandale en 2003, Altran s’est engagé dans une profonde restructuration. Hubert Martigny et Alexis Kniazeff ont été mis en examen. Ces derniers démissionnent du groupe, tout comme Michel Friedlander et Jean-Michel Martin, administrateurs et, respectivement directeurs généraux délégués et directeur général adjoint. Christophe Aulnette, ancien p-dg de Microsoft France est nommé directeur général d’Altran le 21 mars 2005 afin de solder le passé. Il est remplacé en septembre 2006 par Yves de Chaisemartin.