Une OPA 'interne' vise Atos Origin

Centaurus et Pardus, qui détiennent 20% de la SSII pourraient lancer une offre de rachat

Fronde en interne chez Atos Origin. Ses deux actionnaires principaux (avec 20,6% du capital), les fonds d’investissement Centaurus et Pardus menacent de lancer une offre public d’achat sur la SSII. Motif du contentieux : la direction refuse d’accorder aux fonds deux places au conseil de surveillance.

Centaurus et Pardus aimeraient avoir leur mot à dire concernant la stratégie du groupe. Mais après un premier rejet de leur demande fin novembre, les deux fonds n’ont jamais pu communiquer à l’ensemble du conseil de surveillance. D’autant plus qu’Atos voit son action continuer à dégringoler : -11% depuis le début de l’année, -22% en 2007, une hémorragie qui frappe directement les deux fonds.

Bref, pour Centaurus et Pardus, cette situation est intenable, d’où ces menaces d’OPA sur le groupe valorisé tout de même à 2,2 milliards d’euros.

Le conseil de surveillance craint-il les préconisations radicales de Centaurus et Pardus qui poussent vers l’externalisation dans les pays à bas coûts et pour un rapprochement (voire une vente) avec une autre SSII ? Un rapprochement toujours refusé par Atos.

Dans une interview aux Echos, Bernard Oppétit, président de Centaurus souligne que « la société est dans une impasse stratégique. Cette entreprise est trop petite pour être un généraliste des services informatiques mais pas assez spécialisée pour valoriser au mieux ses savoir-faire sur des marchés de niche. C’est pourquoi nous pensons que sa stratégie doit être repensée. Le secteur des services informatiques se consolide rapidement et nous pensons que, dans ce contexte, il serait dans l’intérêt de la société de s’adosser à un grand groupe du secteur. Pardus partage notre point de vue, et c’est ce qui nous a conduits à agir ensemble. Le plan de transformation d’Atos Origin lancé en février 2007 ne répond pas à cette problématique de positionnement ».

Et de poursuivre : « Nous avons expliqué notre point de vue aux dirigeants actuels d’Atos Origin ces derniers mois mais le conseil de surveillance n’a même pas accepté de nous recevoir. Avec plus de 20 % du capital, nous sommes pourtant les actionnaires de référence. Nous avons demandé à être représentés au conseil de surveillance par deux membres, mais nous avons récemment reçu une réponse négative de la part de la société. Nous avons l’intention de présenter lors de la prochaine assemblée générale des résolutions qui permettront à la société de sortir de cette impasse ».

Après avoir refusé de commenter cette amicale pression de ses actionnaires de référence, la direction d’Atos souligne ce lundi que rien ne saurait justifier une vente d’Atos.

« Il n’y a aucun élément qui justifie aujourd’hui une mise en vente de l’entreprise », a déclaré à Reuters le président du directoire de la société de services informatiques, Philippe Germond.

Et de poursuivre, Atos « va bien, est en marche, bouge très vite et est en bonne santé ».

« Si nous ne sommes pas viable en tant qu’entreprise indépendante, alors Logica CMG n’est pas viable, Sopra n’est pas viable, Steria n’est pas viable et Capgemini est à peine viable », a-t-il dit, ajoutant qu’il n’y avait alors probablement plus qu’IBM de viable sur le marché européen des services informatiques.

Et de conclure, cinglant, que les propos de Bernard Oppetit « ne vont pas dans le sens d’une bonne collaboration »au seindu conseil.