Unédic : le DSI était un fraudeur… à l’assurance chômage

L’ex-DSI de l’Unédic, organisme chargé de gérer les fonds de l’assurance chômage, cumulait son emploi de direction et de confortables indemnités chômage. Le scandale lui a coûté son poste, tout comme a été licencié l’informaticien qui a lancé l’alerte.

Mise à jour le 10/03 à 13h15 : l’ex-DSI Pierre Lachaize réfute la version des faits présentée dans Le Canard enchaîné et plaire l’erreur isolée. Lire notre article.

Mise à jour le 17/06 à 11h40 : Notre enquête sur l’affaire et sur les faits qui ont conduit au licenciement de l’ex-DSI de l’Unédic, Pierre Lachaize. Lire notre article.

C’est une histoire rocambolesque que raconte Le Canard enchaîné de ce mercredi 9 mars, celle de l’ex-DSI de l’Unédic, l’association loi 1901 chargée de gérer les fonds de l’assurance chômage. Recruté en septembre 2012, Pierre Lachaize a en effet réussi à cumuler son emploi de direction au sein de l’organisme… et ses indemnités chômage. Pour le moins cocasse, surtout que le DSI de l’Unédic est précisément chargé, notamment, de lutter contre la fraude à l’assurance chômage.

Selon nos confrères, l’affaire a été découverte en novembre 2013 par… les subordonnés même du DSI. Lors d’une consultation du fichier Aude (Application unique de la demande d’emploi, le fichier recensant tous les chômeurs indemnisés), un informaticien serait en effet tombé sur le nom de son patron. En octobre 2013, plus d’un an après son embauche, ce dernier touchait encore près de 5 000 euros d’indemnités chômage. Nos confrères expliquent que le DSI prétendait en effet effectuer un emploi à temps partiel au sein de l’Unédic : moins de 15 heures ne lui rapportant que 1 050 euros par mois.

De par leur fonction, les directeurs des systèmes d’information ont généralement une connaissance fine des mécanismes de détection de la fraude des organisations pour lesquelles ils travaillent.

Devenu consultant… en politiques publiques

Si Pierre Lachaize a depuis été mis à pied, puis licencié en toute discrétion (via une rupture conventionnelle qui a tout de même couté 160 000 euros à l’Unédic… ouvrant droit à des indemnités chômage), le lanceur d’alerte – l’informaticien qui a découvert le pot aux roses – a, lui, été également remercié par l’organisme. Et de façon sèche, selon le Canard enchaîné. La raison ? Selon la direction de l’Unédic, cet informaticien « n’avait pas fait une demande de consultation du fichier à sa hiérarchie » ! Ce salarié plaidera sa cause le 21 mars prochain devant les Prud’hommes.

Remarquons par ailleurs que des efforts importants ont été déployés pour masquer les pages Web faisant le lien entre Pierre Lachaize et l’Unédic. Probablement grâce au droit à l’oubli imposé aux moteurs de recherche comme Google. Le cache de ce dernier a ainsi été purgé de toute référence à l’ancienne équipe de direction de l’Unédic. Nous avons toutefois mis la main sur cette photo de l’ex-direction ; Pierre Lachaize y apparaît en tant que DSI (voir ci-dessous). Le poste est désormais occupé par Cédric Stucky, directeur de la gestion, de comptabilité et du SI.

Unedic avant
L’ancienne équipe de direction. Pierre Lachaize est le second en partant de la gauche.

Quant à Pierre Lachaize, il se présente désormais, sur son profil LinkedIn (ne comportant aucune référence à son ex-employeur), comme consultant indépendant. Cet ancien de Bossard Consultants et de Capgemini Consulting s’est reconverti en spécialiste… des politiques publiques.

Unedic apres
La nouvelle équipe de direction de l’Unédic, telle que présentée sur le site Web de l’association de gestion de l’assurance chômage.

A lire aussi :

Dépenses IT : les DSI font (presque) fifty-fifty avec les métiers

Quand la DSI renonce à des projets, faute de temps

Gala DSI : « Sur le numérique, tout le monde a besoin des DSI »