USA : à la hache sur les emplois technologiques

Les entreprises informatiques américaines taillent à la hache dans leurs effectifs. Le rythme des licenciements s’est accéléré de 179% au deuxième trimestre

On a beau dire ?chiffres à l’appui, cela va sans dire ! – que la reprise est là, que les entreprises renouvellent leurs équipements et que les investissements informatiques et télécoms repartent… Oui, mais les entreprises technologiques américaines licencient.

Sur les 472.735 suppressions d’emplois enregistrés au premier semestre par l’industrie américaine, 13,5%, soit 63.726, concernent le secteur technologique, ce qui permet de constater un ralentissement des licenciements de 35% par rapport au premier semestre 2003. Un ralentissement des licenciements ? Pas tout à fait ! Après trois années de difficultés, l’industrie américaine des technologies tourne avec un taux d’occupation des outils de production supérieur à 90%, ce qui signifie que les salariés sont quasiment en position de sur-emploi, ce qui mériterait de relancer les recrutements. Seulement voilà, l’intérêt des investisseurs n’est pas le même que celui des salariés et de leurs cadres. Lutte du pot de terre contre le pot de fer, les entreprises produisent, encaissent des résultats en forte progression? et licencient pour gagner encore quelques ‘cents’ par action. Au deuxième trimestre, 13.465 emplois ont été supprimés chez les sociétés informatiques, soit une augmentation de 179% par rapport aux 4.828 suppressions au premier trimestre, selon Challenger, Gray & Christmas, cabinet spécialiste du placement en emploi de Chicago. Dans l’industrie des ordinateurs, de l’électronique, des télécoms et de l’e-commerce, les licenciements ont augmenté à un rythme moindre, 16%, soit de 29.513 suppressions au premier trimestre à 34.213. Mais d’une activité à l’autre, la situation diffère. Le rythme des suppressions d’emplois ralentit sur les télécoms (-12%), l’électronique (-31%), et surtout l’e-commerce (-60%). Mais ces trois secteurs très qualifiés sont ceux qui fournissent le moins d’emplois. Le constat est donc sans appel : sur les technologies, c’est le secteur informatique, des sociétés de services aux constructeurs, qui supprime le plus d’emplois. La faute à qui ? La volatilité de l’environnement et les repositionnements industriels selon les experts. Une manière déguisée d’évoquer les créations d’emplois dans les pays accueillant l’outsourcing offshore, où un ingénieur indien par exemple est rémunéré au dixième du salaire de son homologue américain, et pour un volume de temps de travail supérieur?