USA : des artistes se mobilisent pour le P2P

Le téléchargement de fichiers par les systèmes de ‘peer-to-peer’ représente une alternative pour les artistes pour distribuer leurs matériels et accéder à une audience mondiale. De quoi compenser largement les infractions au copyright

Steve Winwood, le rappeur Chuck D, le groupe Heart? Ils sont de plus en plus nombreux, les artistes américains et du monde entier, à s’opposer à l’industrie du disque et aux procédures visant à interdire les systèmes de ‘

peer-to-peer‘ comme Grockster, Kazaa et autres. Et ils le disent, et communiquent vers la Cour Suprême des Etats-Unis qui doit se prononcer le 29 mars prochain sur une plainte des studios américains visant à faire reconnaître la responsabilité du services d’échange de fichiers Grokster dans le piratage de fichiers. « Les musiciens ne sont pas universellement unis pour s’opposer au partage de fichiers en peer-to-peer« , viennent-ils d’écrire à la Cour Suprême. « Au contraire, beaucoup de musiciens trouvent dans la technologie peer-to-peer le moyen de gagner facilement une audience en ligne mondiale. Et pour beaucoup de musiciens, les bénéfices en sont fortement supérieurs aux risques d’infraction au copyright« . Cette prise de position est un contrepoids à l’agressivité des majors de la musique et du cinéma, accompagnées de centaines de musiciens, de compositeurs et d’acteurs, qui tentent de persuader la Cour Suprême des dommages entraînés par l’échange de fichiers par le vol des compensations pour leur travail. Par opposition, les partisans du ‘peer-to-peer‘ affirment qu’en mettant fin aux services d’échanges en ligne, qui sont exploités par des dizaines de millions d’internautes dans le monde, on leur dérobera toute chance de gagner de la visibilité et donc des revenus. Le musicien Jason Mraz, par exemple, affirme que la moitié des spectateurs qui payent pour le voir en concert l’ont découvert grâce aux téléchargements illégaux. Et pour Janis Ian, le ‘peer-to-peer‘ offre une opportunité de contrôler la distribution de son travail, sans passer par les contraintes de promotion commerciale et de ventes. Les procédures de l’industrie seraient le reflet de leurs difficultés à appréhender les technologies émergeantes, un combat d’arrière garde pour préserver leur pré carré et défendre leur écurie d’artistes. A l’opposé, pour de nombreux artistes peu connus, débutants, marginaux ou marginalisés, et très souvent en marge du système fermé des majors, le ‘peer-to-peer‘ est une opportunité et un remarquable outil de promotion. Il ne s’agit pas de minimiser la responsabilité des personnes qui téléchargent des titres sans respecter les droits afférents, mais de reconnaître les particularités d’un média qui peut se révéler être un outil pour les artistes. Les résultats en progression de la majorité des majors, dans le disque ou le cinéma, démontrent que le ‘peer-to-peer‘ n’est pas la machine à pertes qu’ils affirment, sinon comment font-il pour augmenter leurs ventes et faire progresser les entrées en salles ? En revanche, ces mêmes majors et leur stratégie de promotion d’artistes pré vendus, à l’exemple des émissions de téléréalité, Star’ac et autres, ou de conservation des dinosaures, s’enferment eux même dans une obsolescence créative à la mesure de leur méfiance vis-à-vis de la technologie. Mais au final, l’appropriation du ‘peer-to-peer‘ par tous les acteurs des médias et les créateurs risque de se résumer au duel du pot de terre contre le pot de fer, et de ne faire qu’une victime, l’internaute, qui pourtant ne fait que profiter des outils qui sont mis à sa disposition gratuitement, encouragé par les opérateurs et les mêmes industriels, trop heureux de vendre des baladeurs MP3 et de louer du haut débit !