Vente de SFR : la charge de Xavier Niel contre Numericable

Technologie dépassée, financement risqué, marché déséquilibré… A entendre Xavier Niel, le patron de Free, l’acquisition de SFR par Numericable serait un non sens économique.

Xavier Niel a mené une véritable charge à l’encontre de la candidature de Numericable dans le cadre de la vente de SFR. Certes, le patron d’Iliad a tout intérêt à ce que Bouygues rachète SFR, ce qui permettrait à Free de récupérer le réseau mobile, et une partie des fréquences, de Bouygues Telecom. Mais les arguments que Xavier Niel expose dans une interview aux Echos tiennent la route.

Sur les emplois, d’abord. Malgré les engagements « écrits » de Patrick Drahi, Xavier Niel rappelle que 60% des effectifs ont été licenciés après le rachat de Noos par Altice (premier actionnaire de Numericable) au milieu des années 2000. « Appliquez le même ratio à SFR : ça fait 5 000 départs… », prévient le fondateur de Free.

Free embaucherait 1 000 personnes

De son côté, Free pourrait embaucher en cas de victoire de Bouygues. « Pour entretenir et maintenir au meilleur niveau notre nouveau réseau, on pourrait augmenter nos effectifs de près de 1 000 personnes. » Un conditionnel qui tranche néanmoins avec les promesses des prétendants de SFR.

Côté finances, Xavier Niel met en avant les capacités de Bouygues à supporter l’acquisition de l’opérateur détenu par Vivendi, qui conserverait une plus grosse participation (43%) au capital que celle proposée par Numericable (32%). En revanche, si ce dernier emporte SFR, le marché se retrouvera avec un « acteur extrêmement endetté » qui devra dégager des bénéfices pour rembourser la dette, ce qui risque de comprimer les investissements et limiter l’agressivité commerciale. « C’est déjà ce qui se passe avec Numericable, qui est endetté à hauteur de 4 fois son Ebitda : ses prix sont les plus chers du marché », affirme le dirigeant.

La concurrence sur les prix maintenue

A l’inverse, « si Bouygues l’emporte, la concurrence jouera ». Free Mobile a dégagé une marge de 9% en 2013, en forte croissance, indique Xavier Niel. Pour lui, le nouveau groupe Bouygues-SFR redeviendra compétitif avec un volume de clients plus important utilisant un même réseau, générant ainsi des économies d’échelle. Les déploiements de la 4G et de la fibre y gagneraient avec trois acteurs (avec Orange) à armes égales en matière de réseau mobile.

Vivendi, qui tient son conseil de surveillance dans la matinée de ce vendredi, pourrait dévoiler son choix aujourd’hui. Ce matin, sur Europe 1, Arnaud Montebourg laissait entendre que Vivendi préfère Numericable. Si c’est notamment la volonté de Jean-René Fourtou, président du Conseil de surveillance du groupe médias, ce n’est pas forcément celle de Vincent Bolloré, aujourd’hui vice-président du conseil et appelé à prendre la tête de Vivendi après le départ de Jean-René Fourtou le 24 juin prochain. L’Elysée aurait également décidé de s’en mêler. Rien n’est joué, donc.


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