Vidéo à la demande: le dialogue est tendu

Alors que l’offre en matière de vidéo à la demande (VOD) est encore naissante, mais prometteuse, la compétition s’accélère et les désaccords naissent, entre les opérateurs classiques de télévision et les nouveaux entrants des télécommunications

À l’occasion d’une conférence sur les nouvelles règles sur l’audiovisuel en Europe, Viviane Reding, commissaire européenne en charge de la Société de l’information, a présenté aux différents acteurs du marché son projet de révision de la directive

« télévision sans frontières ». Première nouvelle, les services « non linéaires », (dont la VOD) vont finalement être concernés par la directive TVSF. Alors qu’il y a peu ils devaient en être exclus et par conséquent, comme le souligne le quotidien « Les Échos » ne pas être concernés par la régulation. C’est donc un tournant pour la VOD qui ne va finalement pas échapper aux règles françaises en matière de régulation du marché. Car cette décision a pour conséquence directe de laisser chaque pays décider de l’équilibre qu’il souhaite dans le domaine télévisuel. Concrètement, la VOD va devoir respecter les obligations de diversité culturelle, de financement, de quotas etc? Par exemple, concernant la publicité, le placement des produits dans les productions VOD va être accepté, du moins s’il respecte les règles déjà en vigueur pour la télévision. Toujours selon le quotidien économique, « la directive devrait être adoptée fin 2005, ou début 2006. Puis débattu au Parlement Européen. » La France risque de contraindre la VOD Si la plupart des pays européens vont adopter une position plus tolérante vis-à-vis du marché naissant de la VOD, l’Hexagone risque d’être plus dur, notamment à cause de la querelle entre les opérateurs de télévision et ceux des télécommunications. D’ailleurs, le débat d’hier en est la parfaite illustration. Nos « chevaliers », à l’occasion de la table ronde se sont vivement interpellés. Et le ton monte entre TF1 et France Télécom, qui sont partenaires, mais nos deux géants bataillent pour « les cerveaux encore disponibles des intoxiqués de la télévision et du Web. » Interrogé par « Les Échos », Patrick Le Lay s’est agacé de l’entrée progressive de l’opérateur historique dans son champ d’activité : « Il y a confusion des marchés pertinents et détournement de l’argent qui doit servir de base de financement à la production ». Le patron de la première chaîne reproche à FT d’utiliser les revenus de son activité dans les télécommunications pour financer ses projets télévisuels. La bisbille est donc loin d’être terminée et elle risque même de s’envenimer. Car France Télécom souhaite avantager la VOD dans la chronologie de diffusion des films, et l’opérateur a dernièrement lancé un enregistreur sur disque dur. De quoi donner le mal de ventre à Patrick Le Lay, mais heureusement pour lui, « Coca » n’est jamais très loin.