Vidyo installe la téléprésence sur les desktop

Après trois ans de développements, Vidyo attaque le marché de la visioconférence de qualité professionnelle pour les entreprises de toutes tailles.

Créée fin 2005 aux Etats-Unis autour d’une technologie de visioconférence sur postes de travail, Vidyo s’attaque aujourd’hui au marché européen. Une responsabilité à la charge d’Eric Le Guiniec, responsable développement sur la région. Selon lui, « la visioconférence reste un marché de niche car ça ne fonctionne pas ». Essentiellement pour des raisons techniques de disponibilité réseau, de qualité et, donc, d’expérience utilisateur plus ou moins réussie. « Si on veut que le marché de masse se développe, il faut que les utilisateurs soient convaincus. »

En la matière, les services de vidéo conférence des clients de messagerie type Skype ont démocratisé la communication visuelle. Les quelques acteurs du marché professionnel de téléprésence ont fait le reste en apportant la qualité technique, la fiabilité et le confort dans la communication. Mais à 100 000 dollars, la solution reste encore réservée à quelques grandes entreprises. Or, Vidyo veut notamment s’attaquer aux PME qui, en devenant globales, se tournent vers ces nouveaux modes de communication pour répondre aux nouveaux usage (notamment en mobilité interne depuis des accès Wifi) et optimiser le dialogue avec les filiales et/ou les partenaires.

Une expérience utilisateur proche de la téléprésence

Vidyo entend donc apporter au poste de travail une expérience utilisateur proche de celle permise par une solution massive de téléprésence « quelle que soit la solution matérielle », précise Eric Le Guiniec. Comment? « En supprimant les temps de latence et en apportant une qualité d’image suffisamment élevée au niveau du visage ». Les critères minimaux retenus par Vidyo : un temps de latence inférieur à 250 ms et une qualité vidéo SD (VGA).

Pour y parvenir Vidyo s’appuie sur deux piliers : le protocole SVC (scalable video coding) qui s’adapte aux pertes de paquets IP (jusqu’à 20%) en assurant un réassemblage de l’image de manière quasi instantanée, d’une part; et, d’autre part, le routeur dédié développé nativement par Vidyo, au centre de la technologie de l’entreprise. Une technologie de « rooting » brevetée, précise notre interlocuteur qui rappelle que l’entreprise a été fondée par des experts des technologies de compression vidéo, qui ont notamment travailler sur le protocole haute définition H264 et MPEG4.

En local ou en mode hébergé

Développé sous Linux, le routeur Vidyo « s’adapte dynamiquement aux aléas du réseau pour chacune des images transmises, à la milliseconde près », explique le dirigeant. Autrement dit, l’appareil surveille en permanence la bande passante disponible et la charge processeur de chaque poste de travail connecté pour éliminer les risques de latence et répondre au mieux aux besoins de la communication.

Concrètement, le routeur supporte 100 ports de flux HD et supporte jusqu’à 50 personnes simultanément dont 8 s’affichent sur l’écran dynamiquement en fonction de la prise de parole. Il s’architecte autour d’un portail qui permet d’organiser les conférences et gérer le routeur. Lequel nécessite un minimum de 300 Kb/s de bande passante par contact en qualité 1080p. Compter 1,5 Mb/s environ pour 4 flux descendants. Il se branche sur le backbone de l’entreprise ou, sur un réseau IP. Il peut également être proposé en mode hébergé par un prestataire. Quant’ à l’application cliente, elle est pour le moment compatible Windows (XP, Vista/7) et Mac OS. Linux sera supporté début 2010. Une prochaine version intégrera la détection des proxy, le chiffrement, l’ingégration dans Microsoft Outlook et Office Communication Manager.

30 euros par mois par utilisateur

Côté poste de travail, la puissance requise pour l’encodage vidéo nécessite un processeur double cœur. Les machines un peu anciennes risquent donc de se révéler un peu justes. Mais la solution présente néanmoins l’avantage de s’adapter à l’existant, y compris les webcam courantes, évitant à l’entreprise d’investir dans de coûteux équipements dédiés. A titre d’information, une solution pour 50 utilisateurs avec deux systèmes de salles sous réseau revient à 14 000 euros. « Soit 30 euros par mois par utilisateur, simplifie Eric Le Guiniec, à ce tarif, on économise même les frais de taxi. »

Si Vidyo est en train d’équiper de « nombreuses entreprises » aux Etats-Unis comme en Europe, Eric Le Guiniec n’est pas en mesure de nous citer des exemples, les contrats étant en cours de signature. Mais il n’en est pas moins persuadé que « c’est le bon timing, il y a une vraie fenêtre actuellement. La crise économique a accéléré les projets de visioconférence dans les entreprise, y compris les grands comptes qui veulent aller sur le desktop ».

Reste que les grands du secteur, Cisco/Tandberg et Polycom principalement, vont réagir à cette évolution du marché. Ce qui n’inquiète guère Eric Le Guinierec. « Oui, ils vont réagir mais ils partent sur la base d’une technologie ancienne car leur modèle économique est basé sur la vente de matériel. Il y a donc de la place pour les nouveaux entrants. » Une place de choix que Vidyo entend bien occuper.

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