Vivendi: J.M. Messier sanctionné, J-R. Fourtou cède sa place

Vivendi Universal fait peau neuve. D’un côté Jean-Marie Messier écope d’un million d’euros d’amende, de l’autre, le groupe de médias annonce un remaniement de sa direction

Alors que l’autorité des marchés financiers (AMF) a rendu le 7 décembre un premier verdict condamnant à une amende d’un million d’euros le groupe et son ancien patron, Jean-Marie Messier, on apprend que Jean-René Fourtou cède sa place de p-dg à Jean-Bernard Lévy, et prendra la direction du conseil de surveillance. Le conseil d’administration du groupe français de communication a approuvé l’évolution vers une direction avec conseil de surveillance et directoire. Le premier sera dirigé par l’actuel P-DG, tandis que le second, chargé de la gestion quotidienne du groupe, sera dirigé par Jean-Bernard Lévy, jusqu’à présent directeur général de Vivendi Universal. Le changement effectif des statuts devra être entériné lors de l’assemblée générale mixte des actionnaires prévu le 28 avril 2005. Parallèlement a la création du directoire, une nouvelle direction de la stratégie et du développement est confiée à Robert de Metz.

Fourtou: le redresseur Appelé à la rescousse début juillet 2002 pour succéder à Jean-Marie Messier (renvoyé par un conseil d’administration qui découvrait tardivement la situation catastrophique de la trésorerie de VU), Jean-René Fourtou s’est attelé au rétablissement financier de Vivendi Universal. Deux ans et demi après avoir pris les rênes de la société, l’ancien patron a surmonté les grandes difficultés financières de 2002 et l’endettement de 37,5 milliards d’euros. L’ancien président de Rhône-Poulenc et coprésident d’Aventis a réussit un tour de force combinant une politique d’investissement prudente, un recentrage sur les acquis (téléphonie, musique, Canal+, jeux-vidéos), et des opérations ciblées de croissance externe. D’abord en cédant ses activités télévision et cinéma américaines à la chaîne NBC, tout en préservant une participation de 20% dans la nouvelle entité. Et par la suite en rejetant l’offre du britannique Vodafone sur Cegetel, préférant dépenser 4 milliards d’euros pour prendre la majorité du capital de la filiale de téléphonie de Vivendi. Cette gestion a permis de rétablir les finances du groupe, même si Vivendi Universal devrait être encore en perte en 2004 (malgré un périmètre restreint), son bilan est assaini avec un endettement ramené à 6,4 milliards d’euros. « Messier n’est pas au bout des ses peines » Messier condamné à un million d’amende: pour les actionnaires de Vivendi le verdict de L’AMF, bien qu’incomplet, est une victoire. Jamais la commission des sanctions n’avait frappé si fort dans un dossier. Le gardien des marchés a en effet estimé qu’entre octobre 2000 et avril 2001, Jean Marie Messier avait abusé de la confiance des actionnaires en diffusant des « informations inexactes et abusivement optimistes ». L’ex-directeur financier Guillaume Hannezo, quant à lui a été lavé de tout soupçon. Parmi les nombreux griefs reprochés à l’ancien patron, quatre ont principalement été retenus par la commission des sanctions. Les erreurs de communication concernant les dettes, la trésorerie et les perspectives d’avenir, et le traitement comptable de Telco, filiale de téléphonie polonaise du groupe. C’est d’ailleurs à ce titre que la société a également été condamnée à une amende de 1 million d’euros. Un rapport d’expert met en lumière l’incidence de cette erreur sur les comptes 2001 de VU, qui se serait traduite par une dette supplémentaire de 682 millions d’euros. Les deux millions d’euros d’amende seront reversés au Trésor public, un « jackpot » qui risque d’enfler sérieusement au fil des mois à venir avec l’examen par la commission de deux autres rapports d’enquêtes. Les actionnaires de Vivendi pourraient eux aussi récupérer une partie de leur perte grâce à l’action en nom collectif intentée Outre-Atlantique. La sanction communiquée hier ne clôt pas l’affaire VU, les deux dossiers en attente chez le gendarme de la Bourse pourraient donner lieu à des sanctions pénales car la brigade financière enquête de son coté.