Vodafone engrange des abonnés mais subit les foudres de Bruxelles

Le premier opérateur mobile mondial a séduit 3,1 millions d’abonnés supplémentaires en six mois. Mais ses tarifs de ‘roaming’ sont sur la sellette

Journée contrastée pour le britannique Vodafone. Au rayon des bonnes nouvelles: un gain d’abonnés sur le premier semestre bien supérieur aux attentes. Au rayon des mauvaises: une enquête de Bruxelles sur les tarifs d’itinérance de l’opérateur.

L’opérateur britannique annonce avoir séduit 3,1 millions de clients supplémentaires pendant cette période. Vodafone a précisé qu’après avoir récupéré 2,7 millions de clients supplémentaires grâce au rachat des participations de minoritaires japonais, il avait porté sa clientèle à 139,3 millions d’abonnés. Abstraction faite de la prise en compte de ces abonnés supplémentaires au Japon, les analystes anticipaient une croissance organique trimestrielle d’environ 2,1 à 2,3 millions de clients. Vodafone, qui a dit compter plus de neuf millions d’abonnés pour son service Vodafone Live! de téléphones-appareils photo, a affirmé vouloir enregistrer durant l’exercice à fin mars 2003 une augmentation de sa clientèle de près de dix pour cent en volume, ce qui devrait se traduire par une croissance du même ordre de son chiffre d’affaires dans la téléphonie mobile. Le nombre de ses abonnés a augmenté de 132.000 au Royaume-Uni, à 14,2 millions, un total en hausse de près de 7% sur l’an dernier. En Allemagne, l’augmentation nette a été de 462.000, à 25,5 millions, tandis qu’en Italie, le groupe a accru sa clientèle de 205.000. En revanche, au Japon, le groupe n’a gagné que 77.000 clients, et le chiffre d’affaires de ses services a baissé de 6%. Ces bonnes performances ont vite été éclipsées par l’annonce de l’ouverture d’une enquête contre Vodafone par les services de la concurrence de l’Union européenne. Son concurrent O2 est également sur la sellette. L’institution bruxelloise soupçonne les deux opérateurs de facturer à des prix élevés l’utilisation de leur réseau par les opérateurs étrangers. Elle pense que cette pratique a été développée par Vodafone dès 1997. Ces prix s’inscrivaient dans le cadre d’accords internationaux dits « d’itinérance », plus connus sous le terme anglais de « roaming » et qui permettent aux opérateurs de téléphonie mobile d’offrir un service à leurs clients même quand ces derniers se trouvent à l’étranger. « Le niveau élevé des prix des accords internationaux d’itinérance a rendu (ce service) très cher », a expliqué Mario Monti, commissaire à la concurrence, ajoutant que ces facturations excessives contrastaient avec « les prix bien plus bas appliqués aux appels domestiques ». La Commission s’interroge de fait sur « les énormes différences de prix » qui ont ainsi pu exister « entre deux services fondamentalement comparables », selon le communiqué. Les conclusions de l’exécutif européen ne sont à ce stade que préliminaires et les deux opérateurs ont maintenant la possibilité de se défendre. Toujours la pression sur SFR

Vodafone a souligné qu’elle était toujours intéressé par le rachat des 56% détenus par Vivendi, dans leur coentreprise SFR, numéro deux français de la téléphonie mobile. Le groupe a toutefois observé que la balle était dans le camp du groupe français et qu’une offre hostile était

« extrêmement improbable ». « C’est au conseil de Vivendi de décider ce qu’il aimerait faire et dans quel délai, a-t-il déclaré. Nous sommes très patients là-dessus. », explique Arun Sarin, p-dg de l’opérateur. Vivendi a constamment repoussé les approches de Vodafone en vue de la prise de contrôle de SFR, ce qui a amené certains à envisager l’éventualité d’une OPA hostile du groupe britannique pour un montant d’environ 22 milliards d’euros.