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Voyages-SNCF envoie ses développeurs à l’usine (logicielle)

Relier les développements agiles, généralisés depuis deux ans au sein de la direction informatique de Voyages-SNCF (400 personnes au total dont la moitié en sous-traitance), à une production largement automatisée : telle est la vocation de ce que la DSI de la filiale de distribution digitale de la SNCF présente comme son usine logicielle. « L’objectif de ce projet de devops consiste à accélérer les mises en production en industrialisant la recette et les tests. Ce qui passe par la création d’une infrastructure souple permettant aux développeurs de gagner une certaine autonomie dans le provisionning de serveurs », explique Gilles de Richemond, président exécutif de cette direction appelée Voyages-SNCF Technologies (VSCT). Une autonomie soigneusement encadrée par la direction technique avec des environnements approuvés et documentés.

Exploité depuis l’été sur certaines applications, ce Paas maison doit encore être généralisé. « En France, assez peu d’acteurs ont une infrastructure de ce type déjà opérationnelle », s’enorgueillit le dirigeant (en photo ci-dessus) qui gère un budget annuel IT de 75 millions d’euros. Concrètement, VSCT utilise des outils Open Source (comme Puppet et Rundeck) afin de standardiser l’intégration. D’un côté, les développeurs fournissent des notes sur leur livrables (au format Json). De l’autre, la production réalise des descriptions des environnements cibles. Les outils se chargeant de rapprocher les deux. Comme l’explique Philippe Martin, le directeur technique de VSCT, « l’idée consiste à conserver le même environnement du développement à la production afin d’éviter les effets de bord ». Autrement dit, les étapes de revalidation avant les mises en production.

Tests : la doublure entre en scène

« Côté production, cette industrialisation des plates-formes est une vraie transformation », assure Gilles de Richemond. L’usine logicielle se traduit par une généralisation de la virtualisation pour assurer des mises en production en quelques minutes ou heures (contre 5 semaines il y a deux ans). « Les profils spécialisés dans l’intégration chez nous ne génèrent plus les environnements techniques, mais travaillent sur les outils permettant de les créer », note le dirigeant, qui assure que cette mutation s’est déroulée sans heurt.

Cette nouvelle étape dans l’industrialisation prolonge les travaux menés notamment sur l’automatisation des tests. Un chantier central pour Voyages-SNCF. Notamment parce que, contrairement à d’autres e-commerçants, ce dernier ne maîtrise pas son inventaire, produit par la SNCF. Pour s’assurer que ses nouvelles versions n’entraînent pas de régression, VSCT a ainsi mis au point une doublure de test (un bouchon dans la terminologie des testeurs) simulant le comportement de l’application Résarail, qui gère l’inventaire des billets que produit l’opérateur national. « La plate-forme Résarail est un environnement très contraint », note Philippe Martin (en photo ci-contre). Si des tests ‘connectés’ – reliés à l’application de la SNCF et non plus au bouchon – sont possibles notamment la nuit (par exemple pour vérifier la tenue à la charge), ils sont extrêmement limités. D’où l’intérêt de disposer d’une doublure.

Débordement dans le Cloud

Mais avant tout, la mise en place de l’usine logicielle est motivée par ce que Gilles de Richemond présente comme la première préoccupation de son organisation : la qualité de service (QoS). « Or, le secret de la QoS réside dans l’industrialisation », tranche-t-il. Et d’affirmer avoir atteint les 100 % de disponibilité en 2013 sur l’application Web Voyages-SNCF. Cette priorité donnée à la QoS a poussé la VSCT à mettre en place une infrastructure basée sur deux datacenters fonctionnant en mode miroir (celui de la SNCF à Lille et un second à Saint-Denis opéré par IBM), chacun étant en mesure d’encaisser seul le pic de charge que connaît le site marchand en octobre, quand la SNCF met en vente ses billets pour les vacances de Noël (avec un pic de 22 billets vendus par seconde l’année dernière). Une infrastructure in fine un peu surdimensionnée conséquence des pannes qu’avait connues le site en 2008. VSCT réfléchit aujourd’hui à des optimisations, notamment via du débordement dans un Cloud public. « Ce sera d’autant plus facile que notre production est aujourd’hui massivement industrialisée », se réjouit Gilles de Richemond.

L’offshore ? Pas assez agile

L’activité de la VSCT ne se limite pas à maintenir et enrichir le site Web marchand Voyages-SNCF. Elle gère également les applications mobiles (sur tous les principaux OS) liés au site de e-commerce et différents sujets pour la DSI Voyageurs de la SNCF : la fidélité, le Web, l’émission de billets électroniques ou encore la création de services Web permettant d’exposer l’inventaire de l’opérateur national du rail (géré dans Résarail). « Notre activité est répartie à 50-50 entre la DSI de la SNCF et Voyages-SNCF. Et il ne faut pas oublier qu’un tiers des effectifs de cette dernière se situe à l’international. Ce qui a une influence sur le système d’information », ajoute le dirigeant de VSCT.

La DSI du voyagiste a ainsi récupéré dans son giron Euronet, logiciel de distribution à l’international s’interconnectant à de multiples compagnies ferroviaires. « Ce logiciel était développé et maintenu en Inde, en offshore, depuis 6 ou 7 ans, raconte Gilles de Richemond. Nous sommes en train de rapatrier cette activité à Nantes (l’un des deux principaux centres de développement de VSCT, NDLR). Ce qui représentera une vingtaine d’emplois au total. Certes, le taux journalier moyen indien est plus bas que celui qu’offre la France. Mais ce qui nous intéresse avant tout, ce ne sont pas les coûts mais la valeur créée. Et, sur ce plan, l’agilité et le time to market interviennent très largement. Une fois l’activité relocalisée, nous mettrons en production une nouvelle version tous les mois et non tous les 9 mois comme auparavant ». De facto, le développement offshore se prête davantage à un cycle en V qu’aux méthodes agiles.

Or, chez VSCT, la tendance est bien au raccourcissement des cycles de développement. Avec, pour objectif, une généralisation des mises en production tous les mois, contre tous les trois mois auparavant. Passage à l’usine logicielle oblige. Le tout sur un périmètre dépassant 70 applications. Une accélération qui vise à repousser la concurrence. « La distribution de billets de train n’est pas un monopole, rappelle Gilles de Richemond. Et, sur la partie tourisme et transport porte à porte, se rendre sur Voyages-SNCF.com n’est pas forcément le premier réflexe des internautes. » Or, c’est bien sur ces activités périphériques au rail que Voyages-SNCF entend réaliser sa croissance. Et l’entreprise compte sur ses équipes techniques de Nantes ou de La Défense (l’autre pôle de développement de VSCT) pour y parvenir.

Le mobile, une croissance façon TGV

Voyages-SNCF est, par nature, un bon poste d’observation de l’évolution des usages vers le mobile. D’abord en raison des volumétries (56 millions de connexion par mois sur le site). Ensuite, la vocation même du site – le transport – lui ouvre naturellement la porte des terminaux mobiles. Et de facto, c’est bien d’une réelle bascule des usages dont parle VSCT, la DSI de Voyages-SNCF. L’audience du voyagiste provient ainsi à 45 % des terminaux mobiles, contre moins de 5 % il y a trois ans. « On accompagne cette transformation par une logique de développement mobile-first », explique Gilles de Richemond, président exécutif de Voyages-SNCF Technologies. Autrement dit, les nouvelles versions de l’application sont désormais conçues pour les différents terminaux mobiles (iOS, Android, Windows), avant d’être adaptées pour le Web. Et non l’inverse. « A jour, 80 % de l’audience mobile provient des applications, assure Thomas Nansot, qui gère les équipes de développement de VSCT à Nantes. Mais, avec la montée en puissance des tablettes, on assiste à une croissance très rapide des connexions au site en .mobi ».

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