Watson : le bon docteur qui va soigner IBM France ?

Le nouveau président d’IBM France, Nicolas Sekkaki, compte beaucoup sur la technologie cognitive Watson pour conférer un facteur différenciateur aux offres de Big Blue. Même si la technologie sort tout juste des labos.

Hier, IBM France organisait à Paris son événement annuel Business Connect, un cru 2015 qui faisait la part belle à Watson, la technologie de Machine Learning sur laquelle Big Blue fonde de grands espoirs. L’occasion pour Nicolas Sekkaki, le nouveau président d’IBM France, de zoomer sur le développement de cette technologie en France et sur l’importance qu’il compte lui donner. « Mon ambition est de rendre Watson accessible au plus grand nombre d’entreprises en France, afin qu’elles puissent bénéficier de la révolution cognitive pour transformer leur business model », dit le dirigeant. Qui reconnaît dans la foulée que muer ce qui n’était encore que de la recherche fondamentale il y a quelques mois en activité économique prendra encore quelques trimestres, voire quelques années. « On en est aujourd’hui au stade de la recherche appliquée », résume Nicolas Sekkaki.

Et la France doit figurer parmi les premiers pays à vivre cette transition, puisque la technologie Watson est appelée à comprendre le français dès 2016, selon Nicolas Sekkaki. Un critère évidemment central pour une technologie cognitive, dont la qualité des résultats est étroitement associée à sa capacité à maîtriser les subtilités d’une langue. Après l’anglais, le français et l’espagnol sont au coude à coude pour être la seconde langue que décodera Watson. Cet apprentissage est intimement lié aux projets qu’IBM France a lancés en partenariat avec certains clients, via des mécanismes dits de co-innovation (autrement dit de co-investissement).

Un contrat qui se chiffre en dizaines de millions

Le dirigeant explique que la démarche consiste, pour les entreprises, à se lancer d’abord dans une série de tests. Compter à ce stade quelques centaines de milliers d’euros d’investissement. Un passage obligé « car on ne peut considérer Watson comme un produit. Il se rapproche davantage d’un cerveau, dit Nicolas Sekkaki. Avant de mettre sur pied un scénario d’usage, on doit savoir si la technologie peut réaliser ce qu’on attend d’elle et comment elle va le faire. » Ensuite, développer le projet demande un budget évidemment variable, de quelques centaines de milliers d’euros à des dizaines de milliers d’euros. En France, selon Nicolas Sekkaki, plusieurs dizaines de clients s’intéressent déjà au sujet. Notamment des banques, domaine où IBM France a déjà signé un contrat de plusieurs dizaines de millions centré sur Watson, explique le dirigeant. Pour ce secteur, la technologie d’IA est riche de promesses : automatisation de certaines interactions sur les centres de contacts, pilotage des conseillers (une voie dans laquelle s’est engagée la Bank of Singapore), etc.

sekkaki2En France, Watson regroupe pour l’heure une dizaine de personnes (rappelons que le groupe a créé une business unit dédiée de 2 000 personnes en janvier 2014). Si Nicolas Sekkaki prévoit de renforcer cette équipe, cela reste une goutte d’eau dans l’océan d’IBM France (9 000 personnes sur 18 implantations dans l’Hexagone). « Avec Watson, on peut changer la donne pour les clients, mais aussi pour IBM France », plaide toutefois Nicolas Sekkaki. Aujourd’hui, la filiale reste fortement tournée vers les services (qui pèse plus de 60 % du CA mondial de Big Blue) : un modèle que la direction d’IBM France va probablement devoir réformer en partie, les grands contrats d’outsourcing qui ont fait les belles heures d’IBM France dans la décennie 2000 semblant passés de mode. Au moins pour l’instant.

Le glas de l’infogérance globale ?

« Le modèle de l’infogérance est en train de se transformer avec le Cloud, ce qui nous permet de toucher de nouveaux clients », plaide Nicolas Sekkaki dans un entretien avec la rédaction. S’il reconnaît que la taille des contrats d’outsourcing tend à se réduire, le dirigeant dépeint un marché moins monolithique que ne le laissent entrevoir les études de marché. « En réalité, ce sont des cycles, observe le dirigeant. De temps en temps, les entreprises misent sur des contrats plus petits, en silos, puis s’aperçoivent que cette organisation génère des déperditions. A d’autres périodes, elles accroissent le périmètre des opérations confiées à un prestataire unique. Ces cycles coexistent et vont continuer à le faire. Avec les moyens et investissements consentis en France, par exemple à Lille, et avec l’offshore en Inde, IBM France est en mesure de se positionner sur le développement applicatif, sur la maintenance ou encore la transformation digitale afin de couvrir l’ensemble du spectre de l’externalisation. »

Nicolas Sekkaki explique vouloir investir en 2016 sur deux axes : la transformation digitale – « c’est l’axe le plus fédérateur, capable de va tirer notre portefeuille matériel, applicatif et de services », assure le dirigeant – et Watson, « une technologie qui va nous permettre de nous différencier sur le marché ». Après une année 2015 où le chiffre d’affaires est resté stable chez IBM France, l’objectif de Nicolas Sekkaki est de renouer avec la croissance en 2016, sur les trois grands pans de l’activité (services, logiciels et matériel).

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