WiMax : le consortium Maxtel se disloque

Autoroutes Paris-Rhin-Rhône et Altitude Télécom divorcent. Ils se partageront
les licences régionales obtenues il y a un an. Jean-Paul Rivière, p-dg
d’Altitude, explique le contexte

Encore balbutiant, le WiMax français connaît son premier coup dur.Les Echos nous apprennent en effet que le consortium Maxtel, détenteur de 13 licences régionales pour déployer des réseaux sans fil à haut débit et haute couverture, n’existe plus. Ses deux composantes : les Autoroutes Paris-Rhin-Rhône (APRR) et l’opérateur Altitude ont décidé de divorcer. Une séparation avalisée par le régulateur des télécoms, l’Arcep.

Rappel des faits. En juillet dernier, après moult consultations, le régulateur publie la liste des opérateurs retenus pour exploiter les licences régionales de WiMax (BLR dans la bande 3,4-3,6 GHz) dans les 22 régions métropolitaines, le département d’Outre-mer de la Guyane et la collectivité territoriale de Mayotte. Deux licences sont attribuées par région, 35 acteurs sont en lice.

Rappelons que le WiMax est un dérivé du Wi-Fi. Mais contrairement à son petit frère, il permet plus de débits (jusqu’à 70 Mb/s) et surtout une couverture beaucoup plus large : plusieurs kilomètres contre quelques dizaines de mètres. L’enjeu est stratégique. Le Wimax se pose ainsi en alternative à l’ADSL en zone non ou mal couverte (les expériences se multiplient déjà) mais aussi à la 3G en tant que réseau haut débit mobile sans fil dans les zones denses.

Maxtel est l’un des grands vainqueurs de l’appel d’offres. Le consortium rafle 13 régions, soit 26 licences notamment en Alsace, en Normandie, en Rhône-Alpes…

Mais visiblement, les deux membres du consortium ne sont pas parvenus à s’entendre. Du coup, chacun va travailler dans son coin. APPR exploitera deux régions et conservera le nom Maxtel. Altitude exploitera les 11 autres avec une nouvelle filiale baptisée AltiStream.

Contacté par Silicon.fr, Jean-Paul Rivière, p-dg d’Altitude Télécom, s’explique. « Les raisons de cette séparation sont simples. L’actionnariat d’APRR a changé. Le montage financier n’a pas été approuvé par Eiffage, nouvel actionnaire qui a décidé de remettre en cause l’accord ».

L’intérêt du consortium résidait dans le partage des coûts. Avec 11 régions à sa charge, AltiStream risque de ne pas avoir les épaules assez solides et pourrait devoir s’adosser à un grand opérateur, estime le quotidien. Sont cités des groupes comme Bolloré qui a lui même obtenu 12 licences nationales ! Doit-on s’attendre à une concentration de l’offre WiMax ?

« Le financement n’est pas un problème », rétorque Jean-Paul Rivière.« Altitude peut lever des fonds à tout moment, et facilement. Mais pour l’instant, nous n’avons pas besoin d’argent supplémentaire. Quant aux discussions avec Bolloré, elles ont existé, mais elles ne concernaient que les questions d’interconnexion entre nos réseaux ».

Promis à un bel avenir, le WiMax a néanmoins tendance à patiner. Excepté quelques initiatives locales ou départementales afin de couvrir des zones blanches ou grises (Seine-et-Marne notamment), les licences régionales attribuées ne sont pas encore une réalité pour les clients finaux. Même chose pour Free, qui détient la seule licence nationale de WiMax. Le trublion des télécoms avait annoncé le lancement d’une offre qui ne s’est pas concrétisée à ce jour. En mars dernier, l’opérateur ne parlait plus que d’une  » expérimentation » pour 2007. Free entend proposer le nomadisme (haut débit sans fil dans les villes).

Pour autant, le patron d’Altitude affirme que les choses avancent. « Le déploiement progresse rapidement et ce réseau devient concret pour de plus en plus de zones blanches. C’est une réalité. En revanche, pour les offres de nomadisme, il faudra attendre 2008 car les équipements terminaux (PC portables compatibles WiMax et téléphones mobiles) manquent encore à l’appel ».