Windows 9 : pourquoi Microsoft n’a plus le droit à l’erreur

Après une mouture (mal) pensée pour le grand public, Microsoft devrait dédier son futur OS aux besoins des entreprises. Après l’échec de Windows 8, Microsoft doit désormais tenir ses promesses. Faute de quoi il sera définitivement marginalisé sur le marché des smartphones et tablettes.

Après deux ans passés à tenter de limiter les dégâts collatéraux provoqués par les choix malencontreux faits pour Windows 8, Microsoft va tenter de se relancer avec la sortie de la nouvelle version de son OS, connue sous le nom de code Threshold. Rappelons que le premier éditeur mondial ne dévoilera ce soir qu’une pré-version de ce ‘Windows 9’ (il n’est pas certain que Redmond utilise cette appellation), la mouture définitive étant attendue dans le courant de l’année prochaine, probablement au second semestre. Selon le Pdg de Microsoft en Indonésie, interrogé par un site local, cette nouvelle mouture serait gratuite au moins pour les possesseurs de Windows 8 ou 8.1.

Dévoilé lors d’un événement dédié aux entreprises, cet OS vise avant tout à réconcilier Microsoft avec les DSI. Satisfaits de la stabilité offerte par Windows 7, ces derniers ont très largement zappé la dernière mouture de l’OS. Pas réellement une surprise : les directions informatiques ont coutume de n’installer qu’une version de Windows sur deux, trouvant le rythme de mise à jour de l’OS un peu rapide par rapport à leurs processus internes. Par ailleurs, les choix d’interface déroutants de Windows 8 n’ont guère incité les DSI à hâter le mouvement.

Selon IDC, parmi les 715 millions de copies de Windows exploitées en entreprise, seules 16 millions concernent la dernière version de l’OS. Plus de 20 fois moins le total affiché par Windows 7 (361 millions) et 14 fois moins que XP (224 millions), version qui n’est pourtant plus supportée ! Même Vista – pas franchement un succès auprès des DSI, et c’est un euphémisme – fait mieux (40 millions de copies)… Il y donc urgence à redresser la barre pour Microsoft.

Réconcilier tablettes et PC… enfin ?

L’éditeur sera attendu sur plusieurs terrains. A commencer par l’interface. Rappelons que le choix de Redmond de mixer dans Windows 8 une interface dédiée aux tactile (Modern UI) et une interface plus classique avait largement désorienté les utilisateurs. La façon dont Microsoft fera cohabiter les interfaces tactiles et les interfaces plus classiques au sein de Windows 9 sera observée de près. Alors que nombre de DSI expliquaient, il y a quelques années, attendre les tablettes de Microsoft pour déployer ces terminaux dans leur organisation, les errements de Redmond ont fini par éloigner les entreprises de l’offre mobile Windows. Aujourd’hui, Windows est un OS en voie de marginalisation sur le marché des tablettes (avec une part de marché mondiale estimée à quelque 2 %), largement dominé par Android et iOS. En environnement professionnel, c’est ce dernier qui a pris le leadership.

La promesse du Pdg Satya Nadella, en juillet dernier, de livrer un OS unique pour « les écrans de toute tailles » est certes attrayante pour la DSI. Mais Microsoft a aujourd’hui surtout besoin de tenir ses promesses. Les déclarations de Satya Nadella posent également questions sur l’avenir de Windows Phone (l’OS pour smartphone) et Windows RT (la version de l’OS pour les puces ARM). Au second trimestre, la part de marché de Windows Phone était limitée à 2,5 %, en retrait par rapport aux 3,4 % enregistrés un an plus tôt, selon les chiffres d’IDC.

Rattrapé par le couple iOS / MacOS

Les DSI regarderont aussi avec attention le processus de migration, qui reste un point largement perfectible. La volonté de Redmond d’accélérer le rythme des mises à jour risque ainsi de déplaire à certaines organisations, incapables de suivre une telle cadence. Dans les colonnes de CIO, Michael Silver, un analyste du Gartner, recommande à Microsoft de mettre en place une seconde trajectoire, plus adaptée au rythme mesuré des entreprises. De façon générale, Redmond devra se montrer plus transparent sur les évolutions à venir de son OS. L’épisode de la migration forcée, en 30 jours, des utilisateurs de Windows 8.1 vers la version mise à jour de cet OS a laissé des traces. Et ce même si Microsoft a finalement lâché du lest.

Pour Microsoft, Windows 9 constitue peut-être l’une des dernières chances de contrecarrer la montée en puissance d’Android (avant tout dans le grand public) et d’iOS (avant tout en entreprises). Selon les chiffres du Gartner datant de janvier, il se vendra au cours de l’année 360 millions de terminaux Windows, presque le nombre de machines iOS ou MacOS livrées au cours de la même période (344 millions). Et près de 3 fois moins que le total des terminaux Android qui trouveront preneur sur la période. Pour rappel : avant la montée en puissance des nouvelles générations de terminaux mobiles, Microsoft contrôlait, avec Windows, environ 95 % du marché des terminaux connectés de la planète. Une autre époque.

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