Yahoo veut aussi sa bibliothèque virtuelle

Une chose est sûre: les initiatives des géants du Web, contestables ou pas, ont le mérite de poser clairement le problème de la sauvegarde numérique du patrimoine littéraire mondial. Et de son accès universel

Ce n’est une surprise pour personne. Yahoo va répliquer au projet Google Print et devrait annoncer ce lundi la création d’un consortium dont l’objectif est de faciliter l’accès en ligne aux livres, sons et vidéo tout en répondant à la crainte des défenseurs des droits d’auteur.

Baptisé Open Content Alliance (OCA), ce consortium veut regrouper à la fois des contenus appartenant au domaine public et des contenus protégés par le droit d’auteur. Cette bibliothèque sera accessible aux particuliers comme aux sites commerciaux, ont précisé ses créateurs: l’organisation à but non lucratif Internet Archive, les bibliothèques de l’Université de Californie et de l’Université de Toronto, Hewlett-Packard et Adobe Systems. Dans un premier temps, les membres d’OCA travailleront à la numérisation de quelque 18.000 ouvrages de la littérature américaine choisis par l’Université de Californie. La mise en ligne de ces livres débutera à la fin de l’année et la totalité des 18.000 ouvrages devrait être disponible fin 2006. A la différence de Google, l’OCA ne mettra en ligne des ouvrages soumis au droit d’auteur que si les éditeurs ont expressément « adhéré » au projet. Au-delà de ces problématiques de droits d’auteurs, de « main mise » de sociétés privées sur la littérature mondiale, de concurrence acharnée entre Google et Yahoo, ces initiatives ont le mérite de poser clairement le problème de la sauvegarde numérique du patrimoine littéraire mondial. Et de son accès universel. Les géants du Net ont éveillé les esprits. Les gouvernements, les universités, les scientifiques, les bibliothèques prennent aujourd’hui conscience de l’urgence à numériser les livres: « 560 tonnes d’ouvrage contiennent tout le savoir humain, si on ne numérise pas, ce patrimoine risque de disparaître. Tout le monde est d’accord sur ce risque », explique Lotfi Belkhir, patron de Kirtas, une entreprise spécialisée dans la numérisation automatique d’ouvrages. Et d’ajouter: « 0,2% des livres disponibles dans le monde se trouvent actuellement sur le Web alors que les jeunes attendent qu’ils y soient tous! La numérisation est une nécessité vitale pour accéder à l’ensemble du patrimoine culturel et assurer sa survie pour les générations futures ». Il y a l’accès mais aussi la conservation: de nombreux ouvrages sont en train de dépérir : la numérisation est le seul moyen de sauvegarder une trace. Critiqués, les projets de Google ont ainsi poussé les gouvernements européens à mettre en place leur propre bibliothèque virtuelle. Une réaction qui n’aurait sûrement pas eu lieu si les géants du Net n’avaient pas dévoilé leurs intentions.