Quel est l'impact de l'IA sur les enjeux d'accessibilité ?
À partir du 28 juin 2025, date de l’entrée en vigueur de la directive européenne sur l’accessibilité des produits et services, cette obligation va s’étendre en Europe à toutes les entreprises privées à l’exception des micro-entreprises.
L’accessibilité numérique consiste à mettre le web et ses services à disposition de tous, y compris les personnes en situation de handicap. L’objectif est de permettre à tout le monde de percevoir, comprendre, naviguer et interagir efficacement avec le Web. On peut alors se demander comment l’Intelligence Artificielle (IA) peut nous aider à atteindre cet objectif.
Accessibilité numérique et Intelligence Artificielle
Suite à la loi du 11 février 2005, l’accessibilité numérique est devenue une obligation légale en France pour les entreprises publiques et les entreprises privées ayant un CA de plus de 250 M€. En France, le niveau d’accessibilité d’un site s’évalue par rapport au RGAA (Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité).
À partir du 28 juin 2025, date de l’entrée en vigueur de la directive européenne sur l’accessibilité des produits et services, cette obligation va s’étendre en Europe à toutes les entreprises privées à l’exception des micro-entreprises.
Les autorités de contrôle, comme l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique), la DGCRF (Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes) ou encore l’AMF (Autorité des marchés financiers), pourront sanctionner les entreprises non conformes.
Presque 20 ans après la loi de février 2005, quel est le verdict ? D’après une étude de 2023 de la Fédération des aveugles et amblyopes en France, moins de 1% des sites sont totalement conformes ; la grande majorité des entreprises sera donc sous le risque d’une sanction à partir de juin 2025.
Comment les entreprises vont-elles pouvoir rattraper ce retard et se mettre rapidement en conformité d’ici là ? Ces dernières années, nous observons une montée en puissance des technologies liées à l’IA, avec ChatGPT en tête de proue. Ces technologies vont permettre d’améliorer directement et indirectement le quotidien des personnes en situation de handicap.
L’IA au service des personnes en situation de handicap
Si nous nous attardons sur l’accessibilité globale et pas seulement l’accessibilité numérique, nous observons que l’IA offre déjà de nombreuses opportunités pour améliorer le quotidien des personnes en situation de handicap, en les aidant à surmonter certaines limitations physiques ou cognitives.
Par exemple, des applications mobiles comme SeeingAI de Microsoft, permettent aux déficients visuels d’avoir une description audio de leur environnement. Pour les personnes sourdes et malentendantes, DeepMind de Google est capable de proposer des sous-titres et transcriptions en direct, en se basant sur la lecture labiale.
La reconnaissance vocale, utilisée notamment par Siri et Alexa , permet d’obtenir des informations ou d’exécuter des actions sans avoir à formuler sa requête sur une interface ; tâche qui peut être pénible voire impossible pour certains handicapés moteurs. L’IA peut permettre aux amputés de contrôler précisément leur prothèse. Enfin, les IA sont capables de synthétiser du texte pour en faciliter la compréhension pour les personnes ayant des troubles cognitifs.
Côté accessibilité numérique, comment l’IA peut-elle aider les entreprises à fournir des services et sites accessibles et ainsi se conformer à la législation ?
L’IA au service des professionnels du Web
En plus d’aider directement les personnes en situation de handicap, l’IA permet également d’aider à la création d’expériences digitales accessibles. En effet, elle peut aider :
? les développeurs, en générant du code accessible
? les testeurs, en les aidant à identifier les défauts d’accessibilité
? les créateurs de contenu, en générant automatiquement transcription et sous-titre pour une vidéo
? et plus généralement, tous les intervenants d’un projet digital, par exemple via l’intermédiaire d’un chatbot répondant aux questions portant sur l’accessibilité
Néanmoins, les challenges que devront surmonter les IA sont multiples. On peut citer entre autres les biais sur les données d’apprentissage, qui sont très visibles sur la qualité du code généré. En effet, les IA s’entraînent principalement sur le code disponible sur internet, dont la majorité n’est pas accessible. Par conséquent, le code généré par l’IA ne respecte pas forcément les bonnes pratiques d’accessibilité.
Autre challenge, la fiabilité : vous avez peut-être rencontré le cas d’une vidéo Youtube avec des sous-titres générés automatiquement par l’IA peu fidèles ? Une piste d’amélioration serait de combiner reconnaissance vocale, lecture labiale et reconnaissance du contexte afin de diminuer le taux d’erreur et fiabiliser les sous-titres générés.
Comme nous avons pu le voir, l’IA offre énormément de possibilités de gain d’autonomie pour les personnes en situation de handicap. D’un côté, de manière directe, en les aidant à surmonter certaines limitations physiques et cognitives du quotidien. De l’autre, de manière indirecte, en aidant les professionnels du web à produire du contenu et des services accessibles. Concernant ce dernier aspect, les outils ne sont malheureusement pas encore assez performants, essentiellement à cause des biais sur les données d’apprentissage.
Avec le temps et l’amélioration du niveau général de l’accessibilité du Web, ces outils seront de plus en plus efficaces, et donc plus utilisés. A l’avenir, le rôle des professionnels du web pourrait alors évoluer vers un rôle d’enseignant pour l’IA et ainsi lui permettre d’outrepasser ces biais.
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