Fibre et Covid-19: 1 million de prises perdues en 2020

InfraNum Covid fibre

Quelle trajectoire pour le déploiement de la fibre en France ? InfraNum fait un bilan post-confinement et formule des recommandations pour la reprise.

Quelle réalité pour le déploiement de la fibre en France avec la crise Covid ? À la mi-avril, Étienne Dugas, président d’InfraNum, avait dressé un bilan  inquiet du secteur pour Silicon.fr.

« On a touché le fond de la piscine », avait déclaré l’intéressé après un mois de confinement. Il affirmait percevoir, dans le BTP, des « frémissements » coïncidant avec la publication du guide de préconisations sanitaires pour le secteur.

Deux mois plus tard, InfraNum publie, sur la base d’une étude* commandée aux cabinets EY et Tactis, des chiffres qui permettent de mieux mesurer l’évolution de la situation.

Les mesures sanitaires ont un coût

Concernant les mesures sanitaires, on peut parler de double tranchant. Elles ont à la fois aidé au maintien de l’activité… et alourdi les coûts de production des prises en fibre optique.

L’augmentation moyenne pendant le confinement s’est établie dans la fourchette de 17 à 23 %. Elle se justifie notamment par :

  • L’achat d’équipements de protection, la désinfection des outils et l’augmentation de la surface des vestiaires (conséquences des règles d’hygiène)
  • Le dédoublement du matériel et des véhicules en usine (en respect de la distanciation physique)
  • La difficulté à obtenir des autorisations de travaux
  • Une productivité plus faible sur les chantiers
  • Des encadrants supplémentaires « référents Covid » sur site

En cette période de reprise, InfraNum constate toujours un surcoût. En l’occurrence, entre 11 et 17 % par rapport à la période d’avant-crise.

À plus long terme (4e trimestre), la fédération table sur un surcoût de 4 à 8 % – en supposant la persistance des mesures de distanciation.

Un million de prises en moins

Au-delà des surcoûts, il y a la perte d’activité… et les décalages de revenus qu’elle a entraînés. Déploiements fixes et mobiles confondus, la filière serait tombée à 40 / 50 % d’activité lors du confinement. Depuis le 11 mai, ce taux serait remonté à 75 %. Il pourrait atteindre 90 % à la rentrée.

Dans ce contexte, les entreprises ont perdu en moyenne 36 % de leur chiffre d’affaires. Et 30 % ont déploré des difficultés de trésorerie.

InfraNum communique désormais une estimation à 4,3 millions de prises installées en 2020. C’est moins que les 5,3 millions initialement prévus. Et que les 4,8 millions déployées l’an passé.

L’été de la fibre ?

Pour accompagner la reprise, la fédération recommande de :

  • Reconnaître la filière comme « essentielle »
    Ce en donnant aux usagers un « droit d’accès » au numérique comme à l’eau et à l’énergie.
  • Soutenir financièrement ses membres
    Parmi les leviers suggérés, une avance de phase sur les subventions de l’État aux collectivités (via le FSN), un fonds de filière, le gel des pénalités de retard et des allègements de charges.
  • Mener des actions « coup de poing » pour reconstituer l’outil de production
    Il s’agirait entre autres d’encourager l’État à communiquer sur l’emploi dans la filière. Ou encore de faire le pont avec d’autres filières à travers des centres de formation opérationnels et des plateaux labellisés.
  • Activer des « niches » de gains d’efficacité
    Par exemple, favoriser les travaux pendant la période estivale et pérenniser la plate-forme web créée pour faire remonter des informations vers les services de l’État.
  • Accompagner la transformation numérique des entreprises et des administrations
    InfraNum en appelle en particulier à des crédits d’impôt pour les TPE-PME et à une dynamisation de la concurrence sur les offres de services très haut débit aux entreprises.

* Une centaine de membres de la filière ont répondu à une enquête qualitative. Une cinquantaine ont participé à des entretiens.

Photo d’illustration © nikkytok – Shutterstock