Observabilité : qui sont les principaux fournisseurs

Magic Quadrant 2023 APM observabilité

Dix-neuf fournisseurs figurent dans le dernier Magic Quadrant de la performance applicative et de l’observabilité. En quoi se distinguent-ils ?

OpenTelemetry, sujet à une adoption particulièrement précoce ? Le projet est encore officiellement en incubation sous l’aile de la CNCF. À un tel stade de développement, son niveau de prise en charge en tant que « standard ouvert » chez les fournisseurs est sans précédent, estime Gartner.

Les fournisseurs en question sont ceux que le cabinet américain a classés dans son dernier Magic Quadrant de la gestion de la performance applicative… et de l’observabilité.

Historiquement, seul le premier terme figurait dans l’intitulé de ce Quadrant. Le second s’y est accolé l’an dernier, reflétant une dynamique toujours d’actualité : dans les grandes lignes, celle de l’observabilité comme forme de « supervision moderne ». Les vendeurs eux-mêmes ont aligné leur discours. Quand on leur demande s’ils positionnent leurs produits dans la case APM (gestion de la performance applicative) ou observabilité, aucun des 19 figurant au Quadrant ne choisit la première option. Neuf choisissent la seconde et dix répondent « les deux ».

D’une édition à l’autre, d’autres constats ne se démentent pas. Par exemple, la consolidation avec des segments adjacents comme le DEM (gestion de l’expérience digitale) et l’ITIM (gestion d’infrastructure IT).

Les critères fonctionnels d’inclusion au Quadrant n’ont globalement pas évolué (voir notre couverture de l’édition 2022). Le monitoring des terminaux est resté optionnel, comme le support des outils de test de charge. La gestion de la télémétrie SaaS l’est aussi.
Il faut toujours, entre autres, proposer une solution qui collecte automatiquement des données depuis au moins trois frameworks (Rust et WebAssembly ont rejoint la liste, aux côtés de Java, .NET, PHP, Ruby, Node.js, AngularJS, Python et Go).

IBM désormais ex-« leader » ; VMware ex tout court

Les fournisseurs classés au Quadrant se positionnent sur deux axes. L’un prospectif (« vision »), centré sur les stratégies (sectorielle, géographique, commerciale, marketing, produit…). L’autre centré sur la capacité à répondre effectivement à la demande (« exécution » : expérience client, performance avant-vente, qualité des produits/services…).

La situation sur l’axe « vision » :

Fournisseur
1 Dynatrace
2 New Relic
3 ServiceNow
4 Datadog
5 Elastic
6 Honeycomb
7 Grafana Labs
8 Splunk
9 Logz.io
10 Microsoft
11 AWS
12 Oracle
13 Cisco
14 SolarWinds
15 IBM
16 Sumo Logic
17 Broadcom
18 ManageEngine
19 Riverbed

Sur l’axe « exécution » :

Fournisseur
1 Dynatrace
2 Datadog
3 New Relic
4 AWS
5 Cisco
6 Splunk
7 Microsoft
8 Honeycomb
9 IBM
10 Grafana Labs
11 Oracle
12 ServiceNow
13 Elastic
14 Logz.io
15 Sumo Logic
16 SolarWinds
17 Broadcom
18 Riverbed
19 ManageEngine

 

Tous les « leaders » de l’an dernier ont reculé sur l’axe « exécution ». Datadog plus que les autres. Sur l’axe « vision », seul Honeycomb a progressé. Chez ceux qui ont régressé, Dynatrace s’en sort le mieux. On ne peut pas en dire autant pour IBM, à tel point qu’il rétrograde chez les « challengers ».

Splunk recule lui aussi en « vision », mais progresse suffisamment en « exécution » pour passer chez les « leaders ». C’est à l’autre extrémité – chez les « acteurs de niche » que les positions évoluent en plus. Le repli est particulièrement marqué pour Riverbed, Broadcom et Sumo Logic. Oracle progresse nettement en exécution.

VMware figurait au classement l’an dernier, dans le carré des « visionnaires », avec son offre Tanzu Observability. Il satisfaisait cette fois encore les critères technologiques d’inclusion… mais pas une autre exigence : entrer dans le top 20 du marché en matière de dynamique (volumes de recherches, d’offres d’emploin de mentions dans le paysage concurrentiel de l’APM…). Alibaba est l’autre sortant. Grafana Labs et ServiceNow font quant à eux leur entrée.

Pricing : encore peu de bons points chez les « leaders »

L’an dernier, Gartner saluait le modèle de tarification « dradown » de Datadog, permettant de piocher dans le catalogue en restant sur un même contrat. Dans le même temps, il regrettait la tarification d’ensemble : négociation difficile, peu d’avantages à s’engager pour plus d’un an… Cette année encore, le pricing est dans son collimateur, même s’il avance d’autres raisons. D’une part, la multiplicité des produits (plus d’une vingtaine). De l’autre, des factures « vite hors de contrôle lorsque l’usage croît ».

Dynatrace avait lui aussi eu droit à un mauvais point, concernant plus précisément sa tarification fondée sur l’usage mémoire des hôtes. Et pouvant poser des problèmes de dimensionnement, en particulier dans les environnements de conteneurs. Cette fois, Gartner pointe l’introduction d’un nouveau modèle de tarif horaire… et la courbe d’apprentissage qu’il suppose.

Du côté de Splunk, entre les licences par hôte ou par usage et celles fondées sur les volumes de données ou les workloads, la compréhension et la prédiction des prix n’est pas évidente, souligne Gartner.

ManageEngine, SolarWinds, Sumo Logic… Les « petits » se distinguent sur les modèles économiques

Également tancé en 2022, en l’occurrence pour la rigidité de son pricing, Honeycomb ne l’est plus cette année. New Relic reste néanmoins le seul des « leaders » à bénéficier d’un bon point, pour sa tarification à l’usage basée sur les données ingérées et le nombre d’utilisateurs. Cela dit, il en a aussi un moins favorable, dû à l’ajout d’un type de licence dans le cadre de l’intégration de l’IDE Codestream.

D’autres fournisseurs – moins bien positionnés dans le Quadrant – ont droit à un commentaire positif sur ce sujet. Par exemple, ManageEngine et SolarWinds pour l’accessibilité tarifaire de leurs produits auprès des PME. Ou IBM Instana et son modèle aussi lisible que compétitif, dixit Gartner. Même son de cloche à l’égard de Sumo Logic, qui est lui aussi pour l’essentiel sur une approche drawdown.

AWS, au contraire, fait l’objet d’un appel à vigilance, pour les spécificités de ses coûts en fonction des zones géographiques. Elastic, pour son modèle fondé sur le compute… et par là même difficilement comparable à la concurrence. Oracle, pour ses crédits universels, pas forcément très adaptés à qui ne souhaiterait contractualiser que de l’APM/observabilité.

Dynatrace – Datadog – New Relic : un trio se détache

L’exhaustivité du portefeuille reste un point fort de Datadog. Autant par l’intégration de fonctionnalités de sécurité (SIEM, gestion de la surface d’attaque et des vulnérabilités) que d’automatisation de workflows ou de FinOps. Gartner vante aussi les capacités natives de monitoring cloud et les intégrations AWS/Azure.

L’an dernier, Datadog avait eu droit à un bon point sur la gestion des parcours utilisateurs. En parallèle, Gartner avait pointé le peu de points de présence SaaS disponibles (États-Unis et Allemagne). C’est toujours le cas. L’incident de mars (plus de 24 heures d’indisponiblité et une gestion critiquée) a aussi laissé des traces.

L’an dernier, Dynatrace avait été distingué sur la facilité de déploiement, la convergence APM-sécurité et les capacités d’analyse au niveau du code. Cette fois, Gartner met en avant son lakehouse Grail, son moteur IA Davis et la haute disponibilité de son offre (toutes les briques en actif-actif avec répartition de charge).

Le point noir de 2022 sur l’utilité questionnable de l’option Open Ingestion n’est plus d’actualité. À la place, hormis le pricing, il y a l’évolution rapide du produit… et le travail de prise en main que cela implique. Au-delà du lakehouse, il y a notamment une nouvelle UI et des extensions supplémentaires.

Sécurité chez Splunk, DEM chez Honeycomb : les morceaux qui manquent

Il y a davantage de points communs entre 2022 et 2023 dans les remarques faites à propos de Honeycomb. La qualité de la communauté reste un point fort. Tout comme, sur la partie analytics, l’outil BubbleUp, qui modélise les anomalies sur une carte de chaleur.

La remarque « SaaS limité à une région AWS » demeure. S’y ajoute, d’une part, l’absence de DEM intégré. Et de l’autre, un recours minimal aux partenariats – ce qui, pour un acteur de cette taille, peut compliquer le développement, veut croire Gartner.

Chez New Relic, au contraire, les « pour et contre » changent du tout au tout. Ou presque. L’an dernier, Gartner regrettait l’absence d’outil de sécurité. Cette fois, il en regrette l’intégration lente… et la nécessité de passer par des produits tiers pour l’IAST comme la gestion des vulnérabilités.

Les outils pour développeurs et la prise en charge des standards ouverts (eBPF, Grafana… et OpenTelemetry) avaient valu une bonne remarque à New Relic en 2022. Au menu 2023, il y a l’expérience client (onboarding, formation, services professionnels…) et l’architecture technique, avec une plate-forme de données consolidée.

Le niveau de prise en charge d’OpenTelemetry vaut un bon point à Splunk. Même chose pour l’élasticité – y compris contractuelle – de son offre et l’élargissement de sa couverture fonctionnelle.

Gartner est plus mesuré sur la licence Observability, tant pour l’absence de détection des menaces que de support natif de l’ingestion et l’analyse de logs (licence Splunk Enterprise nécessaire).

Photo d’illustration © ArtemisDiana – Adobe Stock