Plates-formes low code : quels points surveiller en 2023

LCAP low-code Magic Quadrant

Sur le marché des plates-formes d’applications low code (LCAP), quels fournisseurs se distinguent ? Éléments de réponse sur la base du Magic Quadrant.

Vous envisagez d’adopter une plate-forme d’applications low code (LCAP) ? Gardez un œil sur les marchés adjacents tels que la RPA et l’iPaaS.

Ce conseil de Gartner fait écho à d’autres analyses du cabinet américain illustrant l’amenuisement des frontières entre catégories de produits. Il en a, par exemple, été récemment question pour l’iPaaS. Le constat : fonctionnellement parlant, il devient difficile d’en définir les contours. Que ce soit vis-à-vis des outils d’intégration de données, des plates-formes RPA ou encore des services de gestion des API.

Pour ce qui est des LCAP, les critères technologiques dont Gartner tient compte dans son Magic Quadrant n’ont pas sensiblement évolué d’une année à l’autre. On ne peut pas en dire autant des critères business. Sur ce volet, un retour en arrière s’opère. Officiellement, pour « mieux rendre compte de l’équilibre entre performance financière, adoption par les clients et usage par les développeurs ».

Dans la pratique, cela se traduit par moins d’exigences :

– Édition précédente du Quadrant
Au moins 50 M$ de CA annuel et une clientèle comprenant au minimum 100 entreprises d’un effectif de 1000 employés ou plus

– Dernière édition
Au moins 50 M$ de CA annuel et au minimum 100 entreprise de 1000+ employés
OU au moins 20 M$ et 5000 clients
OU une communauté d’au moins 100 000 développeurs sur l’ensemble de la clientèle

Retenue au nom d’une « demande croissante en stabilité sur le long terme », la version « durcie » de ces critères avait coûté leur place à de nombreux fournisseurs. Nommément, AgilePoint, AuraQuantic, Betty Blocks, ProntoForms, TrackVia et Zoho.

Ce dernier fait son retour dans le classement à la faveur de l’assouplissement des exigences. Il tutoie, sans l’atteindre, le carré des « leaders », où évoluent toujours les cinq mêmes offreurs : Mendix, Microsoft, OutSystems, Salesforce et ServiceNow.

Low code : dix-sept fournisseurs et six « leaders »

La photographie que donne Gartner correspond à la situation au 31 mars 2022. Le positionnement dans le Quadrant se fonde sur deux dimensions. D’un côté, un axe « vision ». Il est centré sur les stratégies (sectorielle, géographique, commerciale, marketing, produit…). De l’autre, un axe « exécution » qui reflète la capacité à répondre effectivement à la demande (expérience client, performance avant-vente, qualité des produits/services…).

Sur l’axe « vision », les fournisseurs classés se placent dans cet ordre :

  Fournisseur
1 Mendix
2 OutSystems
3 Microsoft
4 ServiceNow
5 Salesforce
6 Appian
7 Zoho
8 Pegasystems
9 Huawei
10 Unqork
11 Alibaba
12 Creatio
13 Oracle
14 Newgen
15 Retool
16 Quickbase
17 Kintone

 

Sur l’axe « exécution » :

  Fournisseur
1 OutSystems
2 Mendix
3 Microsoft
4 Salesforce
5 ServiceNow
6 Oracle
7 Appian
8 Retool
9 Zoho
10 Pegasystems
11 Unqork
12 Newgen
13 Huawei
14 Creatio
15 Kintone
16 Alibaba
17 Quickbase

 

Mendix : l’ombre de Siemens

Comme l’an dernier, Gartner attribue à Mendix un bon point sur la partie innovation, pour des motifs similaires (offre touchant à l’IoT et aux jumeaux numériques, capacités de détection automatisée des goulets d’étranglement…).

L’appréciation positive demeure aussi sur les fonctionnalités du produit, en particulier pour les équipes pluridisciplinaires (IT/métiers). Nouveau cette année : la flexibilité des options de déploiement et l’attention portée à la rétrocompatibilité entre versions.

Autre point qui ne change pas d’une année sur l’autre, mais qui est du domaine de la vigilance : l’activité de Mendix apparaît essentiellement pilotée par la maison mère Siemens. L’entreprise a par ailleurs une présence sectorielle (stratégie verticale) encore peu développée.

Microsoft : vigilance sur les prix, encore

Pointé du doigt l’an dernier pour ses prix « plus élevés que chez la concurrence », Mendix ne l’est plus cette fois-ci. Microsoft, au contraire, fait à nouveau l’objet d’un avertissement sur le pricing. Y compris pour sa complexité à mesure que l’usage augmente.

Gartner regrette aussi, d’une part, que les applications développées avec Power Apps ne génèrent pas d’API par défaut. Et de l’autre, que la méthode standard de déploiement des apps mobiles sur les stores publics soit peu adaptée aux usages B2C car s’appuyant sur Active Directory.

Comme l’an dernier, Microsoft a droit à un bon point sur l’extensibilité de ses produits. Mais globalement pas pour les mêmes raisons. Cette fois, on ne parle pas de la licence OpenAI permettant d’intégrer le modèle GPT-3 dans Power Apps, mais de l’exhaustivité de la plate-forme AppSource.

Microsoft a aussi pour lui l’exhaustivité de son catalogue de connecteurs d’applications. Et, comme sur bien d’autres segments de marché, les jonctions avec ses offres Microsoft 365 et Dynamics 365.

OutSystems : la question des dépendances

Le modèle économique n’est en revanche pas un point fort pour OutSystems. En tout cas si on le prend, comme le fait Gartner, sous l’angle de la dépendance à de multiples partenaires. Et du défi que cela peut représenter en matière de maintien de la qualité, de la fiabilité et de la sécurité.

Soulignée l’an dernier, l’absence de stratégie verticale – sinon au travers desdits partenaires – reste d’actualité. Du côté « positif », il en va de même pour les capacités natives du produit (IA, CI/CD, test d’applications, planification agile, gouvernance…).

OutSystems se distingue aussi sur l’expérience client, entre autres au niveau des formations et des certifications. Les initiatives auprès de son écosystème sont un autre point forts (événements décideurs, ressources développeurs, liens avec les intégrateurs…).

Salesforce : les angles morts du DevOps et de l’IA

Ce qui était reproché à Salesforce l’an dernier le reste. En tout cas sur deux points. Premièrement, les prix, aussi bien pour leur niveau que leur complexité. Deuxièmement, certains retards technologiques sur la concurrence, comme sur l’outillage DevOps et le développement assisté par IA.

L’approche fragmentée de Salesforce sur la gestion des workflows (multitude d’outils : Flow Orchestration, Vlocity OmniScript, bots Einstein, add-on AppExchange…) lui vaut un autre point de vigilance. Son écosystème reste au contraire une valeur forte, « sans égale » même, entre Trailhead et l’AppExchange.

L’an dernier, Gartner avait salué la disponibilité d’un bouquet de clouds sectoriels se nourrissant tous de la LCAP Salesforce Platform. Il le fait à nouveau. Et redonne un bon point au groupe américain pour ses capacités à s’aligner sur les besoins du marché, y compris par la fréquence de ses releases majeures (trois par an).

Le « développeur citoyen » échappe encore à ServiceNow

Chez ServiceNow aussi, on se distingue sur la capacité de réponse au marché. Que ce soit par le catalogue d’applications ou par la montée en compétence sur l’automatisation. En outre, la satisfaction client augmente, parallèlement au développement de la présence géographique et de la communauté d’utilisateurs.

Sur la stratégie verticale, on repassera. Tout au moins sur un point : ServiceNow se révèle encore peu capable de toucher les développeurs « citoyens » ou les les équipes mixtes. Sur la tarification aussi, il y a une marge de progression. Gartner souligne en tout cas le niveaux des prix et la « rigidité » des licences.

Illustration générée par IA