Saga IT : comment IBM a traversé un siècle de technologies

Au début étaient des machines à statistiques, des pointeuses et des balances électroniques, pour quelques millions de dollars de chiffre d’affaires. Un siècle et quelques années plus tard, IBM est devenu une société de conseil et de services dont les revenus annuels avoisinent 70 milliards de dollars. Silicon revient sur l’histoire et la métamorphose du premier géant de l’IT.

Watson & Cie.

Avec les années, l’aspect « cloud analytique » est renforcé à coups d’acquisitions. Dont celles de Cognos (2007) et de Clarity Systems (2010). L’activité de conseil prend aussi du volume, entre autres sur le volet e-commerce.

La prise de recul sur le hardware se poursuit : IBM se sépare de sa division semi-conducteurs (cédée à Globalfoundries) et de sa division Serveurs (reprise par Lenovo). Le catalogue logiciel, à l’inverse, s’étend, avec une forte dose d’analytique sous la bannière Watson. Ce qui n’empêche pas le groupe de se faire ravir, en 2014, la deuxième place du classement mondial des éditeurs.

L’année 2014 est aussi teintée de mobilité. Entre autres à travers le portefeuille MobileFirst, qui fait l’objet d’un partenariat avec Apple.

Au fil des mois, Watson se verticalise et se diffuse au gré d’alliances. IBM met parfois la marque en retrait au profit d’une communication axée sur l’analyse « prédictive » adaptée à des secteurs de métiers.

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Watson appliqué aux chatbots (extrait du manuel IBM « Building Cognitive Applications with Watson Services : Volume 2 », mai 2017)

L’Internet des objets prend également de l’importance dans le discours d’IBM : ouverture d’une communauté de développeurs, collaboration avec ARM, mise en place d’une entité dédiée

À mesure que Watson se développe (jusqu’à devenir une division), IBM parle de plus en plus d’informatique « cognitive ». Et la diffuse dans ses propres logiciels cloud, à l’image de la messagerie collaborative Verse.

L’offre de solutions collaboratives s’étoffe aussi par la voie des partenariats. Par exemple avec Box, passé du stockage en ligne à la « plate-forme de productivité ».

Sous la bannière du cloud hybride, des passerelles s’établissent entre les différentes activités d’IBM. Ainsi naît, entre autres, la division Watson IoT.

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Hyperledger est hébergé par la Fondation Linux (schéma extrait du livre « Blockchain Development with Hyperledger », mars 2019)

L’année 2016 est celle de la blockchain. IBM s’impose comme le chef de file du projet Hyperledger, sur lequel il base sa « blockchain as a service » à destination des développeurs.
Ses expérimentations couvrent de multiples secteurs, de la finance à l’agroalimentaire.

Watson aussi se « verticalise » : santé, cybersécurité, météorologie… Les liens avec l’Internet des objets se renforcent parallèlement à l’apparition, au catalogue d’IBM, du concept d’edge computing (exécution de charges de travail « en périphérie », sans passer par le cloud).

L’association Watson – blockchain se fait plus forte en 2017, entre une foule d’initiatives sur les registres décentralisés : gestion des droits d’auteur avec la Sacem, logistique maritime avec Maersk, négociation de produits pétroliers avec Natixis
La communication s’accentue aussi autour de deux termes : intelligence artificielle et machine learning. Elle reste plus balbutiante sur l’informatique quantique.

En 2018, quasiment vingt ans après l’annonce de son partenariat avec Red Hat, IBM acquiert le spécialiste des systèmes d’exploitation Linux, devenu un poids lourd du cloud. Montant de la transaction : 34 milliards de dollars.

Red Hat rejoint l’équipe cloud hybride d’IBM. Son patron James Whitehurst est de l’aventure.
Au fil des mois, il acquiert la faveur des pronostics pour succéder, l’heure venue, à Ginni Rometty.
Celle-ci met finalement les voiles le 6 avril 2020. Mais son successeur au poste de CEO s’appelle Arvind Krishna, directeur de l’activité cloud. James Whitehusrt prend la présidence du groupe.