Interopérabilité des services « On demand » : les opérateurs s’activent

L’approche « On demand » va gagner en influence avec l’interopérabilité favorisée entre les réseaux télécoms des opérateurs.

Réserver des ressources réseaux et télécoms, augmenter ou diminuer les capacités de bande passante, ouvrir des liens Ethernet pour interconnecter des sites et des datacentres ou activer des lignes de téléphonie IP sur commande…Tous ces services font l’objet d’une centralisation chez certains opérateurs comme Colt. Une console sous forme de portail facilite la supervision côté client.

Traditionnellement, chaque fournisseur de services utilise des interfaces et des systèmes différents pour gérer les différentes fonctions de ses réseaux. Ce qui complique l’exploitation d’un service de bout en bout efficace traversant plusieurs tronçons d’infrastructures d’opérateurs télécoms.

Or, dans un monde de plus en plus connecté, il est devenu essentiel de disposer d’un réseau « intelligent » capable de délivrer des services homogènes quelle que soit la diversité des réseaux utilisés.

Une utopie qui se réalise

C’est le nouveau défi dans les réseaux télécoms : fournir des ressources On Demand émanant de plusieurs opérateurs. Les solutions SDN (Software-Defined Networks) doivent se montrer effectivement interopérables. Et ce, de façon transparente vis-à-vis des entreprises clientes.

Idéalement, celles-ci ne recevront qu’une seule facture intégrant le montant exact de la consommation personnalisée des services. Une approche qui ébauche l’avenir des réseaux internationaux :  modulables et extensibles en quelques minutes.

L’utopie de l’interopérabilité fluide dans les réseaux télécoms est en train de se réaliser. Dans le cadre de forums professionnels sectoriels, des opérateurs partenaires comme AT&T, Colt et Orange ont déjà démontré les capacités de dépasser les silos pour configurer et activer à la demande des services managés de type SDN sur des réseaux multiples.

En clair, les opérateurs ont désormais la possibilité de déployer très rapidement de nouveaux services en s’appuyant sur des réseaux tiers.

Interopérabilité : le levier des API

L’enjeu principal consiste à assurer l’interopérabilité entre des interfaces programmatiques (API en anglais). Elle est déjà assurée pour des services Ethernet « orchestrés » par certains opérateurs comme Colt. Leurs réseaux font l’objet d’interconnexions pour favoriser l’ouverture et l’interopérabilité.

Ces développements s’inscrivent dans le cadre de forums professionnels tels que le MEF (Metro Ethernet Forum), dont la création remonte à 2001 par des opérateurs mondiaux (BT, France Telecom devenu Orange, Swisscom, Verizon…) et des fournisseurs d’équipements réseaux (Alcatel-Lucent, Ericsson, Nortel…).

Citons également les contributions d’autres organisations professionnelles comme TM Forum ou SDN/NFV Forum.

Chez Colt, on souligne que cette question de l’interopérabilité concerne aussi les revendeurs de services télécoms. « Avec certains d’entre eux, qui peuvent être des opérateurs spécialisés (services financiers par exemple), nous avons signé des accords d’interopérabilité », explique Grégoire de La Crouée, responsable Marketing Produit Europe chez Colt.  

« Soit ces opérateurs utilisent nos services On Demand comme outils internes auprès de leurs propres équipes (typiquement pour accélérer leurs process et leurs performances), soit ils intègrent notre API pour leurs offres auprès de leurs propres clients. » 

Une activation possible en quelques minutes

Ainsi, grâce à cet interfaçage entre des architectures SDN séparées, des services de connectivité peuvent être configurés et exécutés sur plusieurs réseaux en quelques minutes. Les entreprises clientes peuvent réserver des ports, commander un service Ethernet point à point, augmenter ou réduire la bande passante et donc adapter le service et son coût pratiquement en temps réel.

Josh Goodell, VP en charge des réseaux à la demande chez AT&T Business Solutions, explique : « Notre collaboration avec Colt est un bon exemple de la façon dont nous élargissons la proposition de valeur d’un réseau SDN à travers le monde. Nous avons démontré qu’il est possible d’avoir des points de terminaison aux États-Unis et des points de terminaison au Royaume-Uni, tous fédérés avec une seule connexion réseau, ce qui est tout à fait unique. »

En mars, AT&T, Orange et Colt ont communiqué officiellement sur leur coopération visant à  « standardiser les API pour les réseaux SDN et à faciliter l’interopérabilité de leurs services aux entreprises ».  

Les opérateurs télécoms partenaires ont commencé à utiliser les premières interfaces de programmation applicative (API) standardisées pour faciliter l’interopérabilité des services Ethernet. Ils s’appuient sur les méthodes LSO (Lifecycle Service Orchestration) pour la gestion des opérations.

Déjà, fin 2016, AT&T et Colt avaient réussi un premier test d’interopérabilité SDN en temps réel par le biais d’architectures SDN déployées entre les Etats-Unis et l’Europe.

Le lancement par le trio d’opérateurs Colt-Orange-AT&T d’une première vague d’API est prévu d’ici la fin de l’année. Il prendra en compte les développements de standardisation menés au sein du TM Forum qui se concentrent sur la définition de huit API : validation d’adresse, éligibilité du service, commande, devis, facturation, assurance, test et gestion du changement.

Ces API vont donc permettre de réduire la fragmentation des réseaux et donner ainsi aux entreprises la possibilité de mettre en place des services réseaux évolutifs à la demande sur des plateformes logicielles telles qu’ECOMP (désormais exploitées en Open source via la Fondation Linux).

Côté client, l’exploitation des réseaux interconnectés, gage d’agilité, a vocation à être moins coûteuse. Néanmoins, il reste aux opérateurs à finaliser une facturation homogène de ces services croisés « On Demand ».

A juste titre, certains analystes parlent de la fondation d’un nouvel écosystème mondial dans l’univers des services réseaux.