Comment devenir « SDN ready » en 5 points

SDN (Software-Defined Network) offre aux entreprises une souplesse unique pour l’accès aux ressources réseaux et pour la facturation des services. Comment profiter réellement de l’agilité apportée par cette nouvelle architecture ?

A l’image de ce qu’a réalisé le Cloud dans le monde IT, le SDN est en train de bousculer le monde des réseaux.  Le « Software-Defined » (les couches physiques des réseaux sont virtualisées), c’est la promesse de la flexibilité et de la rapidité aujourd’hui exigée par les métiers et les entreprises ne s’y trompent pas.

Selon une récente enquête Forrester, pour 44% des managers interrogés, le SDN est synonyme de simplicité de gestion et d’administration des infrastructures, 39% y voient un gain en flexibilité pour le déploiement de leurs applications.

Le SDN tient ses promesses mais pour pouvoir en profiter pleinement, une entreprise doit se mettre en ordre de marche et s’adapter à cette nouvelle façon de consommer des ressources IT et réseaux.

Grégoire de La Crouée, Directeur Marketing Produits chez Colt Technology Services a ainsi identifié 5 points clés à la réussite d’un projet SDN.

Point n°1 : Aligner l’architecture technique

Aujourd’hui, l’objectif à atteindre pour les responsables de l’architecture d’un système d’information, c’est de délivrer une IT totalement distribuée entre divers datacenters, en mélangeant ressources internes et ressources Cloud. Pour y parvenir, il faut pouvoir se reposer sur une configuration technique adaptée et surtout capable d’évoluer rapidement.

 « Il faut déployer aujourd’hui une architecture que je qualifierais de ‘future proof’, c’est- à -dire capable d’évoluer sans devoir être totalement remise à plat au bout de 18 mois. Même si la direction n’envisage pas à court terme de porter son informatique dans le Cloud public par exemple, le rôle du responsable réseau est de préparer son architecture à une telle éventualité. »

Le SDN est une couche technologique avec laquelle on peut délivrer de multiples services différents. Il peut s’agir de réseau « on-demand » sur la couche Ethernet, sur la couche IP de niveau 3, sur des architectures point à point ou bien dans le cadre d’architecture multipoint de type IP-VPN ou MPLS. Tous les opérateurs ne se concentrent pas sur les mêmes typologies d’offres. A charge pour le responsable réseau de s’assurer que son opérateur a une stratégie multi-Cloud. Ce qui favorisera la mise en place d’architectures hybrides mariant datacenters privés et, pour la partie moins critique du SI sur du Cloud public.

« Ce sont des point qui doivent être abordés avant même de lancer un projet SDN car le SDN est avant tout un « enabler » pour les entreprises et non pas une fin en soi », ajoute le responsable Colt. « Très souvent, des clients nous envoient un RFP pour un besoin de type IP-VPN ou pour relier ses sites dans le Cloud. Ceux-ci ne sont pas nécessairement prêts à aller immédiatement vers le SDN, mais parmi les critères de choix importants, l’opérateur doit pouvoir délivrer des services de SDN de façon à ce qu’ils puissent facilement basculer vers ce modèle le moment venu. »

Point n°2 : Mettre en place une gouvernance adaptée

Dans le monde des réseaux, la bascule vers le SDN est une rupture technologique comparable à l’arrivée du Cloud dans le monde IT. Mais il a fallu une dizaine d’année au Cloud avant d’être réellement crédible auprès des DSI. Les entreprises ont dû adapter leurs circuits de prise de décision et leurs processus achat.

Acheter des services via un simple portail Internet bouscule les habitudes prises dans l’achat de prestations plus classiques avec une confirmation des bons de commande par différents responsables, puis celui-ci est validé au niveau de l’ERP puis la chaîne logistique se met en marche.

Avec le SDN, il faut être capable de laisser les opérationnels réaliser des achats directs auprès des fournisseurs de service dans une transaction où le décisionnaire n’a plus véritablement son mot à dire. On peut même imaginer que ce soit un logiciel, un bot qui, en fonction de tel ou tel paramètre technique ou même les prix du marché, va provisionner une ressource informatique en fonction de son algorithme.

Il faut donc adapter les processus à ce nouveau mode d’achat et définir qui décide et valide le paramétrage du bot, qui confirme les achats réalisés par l’opérationnel qui a un accès sur le portail du fournisseur de service. Et que ce responsable puisse engager des dépenses pour l’entreprise jusqu’à une somme pré-établie.

C’est toute la chaîne de gouvernance des achats qui doit être adaptée à ce nouveau mode de consommation de services.

 Point n°3 : Une nouvelle manière d’acheter des services

Lorsque la gouvernance a été revue afin de gagner en efficacité et flexibilité, se pose une série de question en « Comment » ?

Comment faire pour que les métiers puissent provisionner eux-mêmes des ressources ? comment faire pour s’assurer qu’ils restent dans les limites fixées ? comment bénéficier des meilleurs tarifs (alors que le SDN pousse mécaniquement vers une standardisation des offres et une standardisation des grilles de prix) ?

« La capacité de négociation est donc plus limitée que par le passé pour l’acheteur, c’est vrai », admet Grégoire de La Crouée. « Que vous soyez une entreprise de 10 employés ou de 10 000 personnes, le prix d’une VM est le même pour tout le monde. Ce processus de standardisation retire du pouvoir à la direction des achats et en donne plus aux directions opérationnelles qui prennent les décisions en tant que premiers utilisateurs de ces services. »

Désormais, c’est via un portail que les services sont pilotés et, avec son portail on-demand, Colt offre plusieurs niveaux d’accès, selon le profil des utilisateurs. Un profil acheteur n’aura pas accès au volet configuration technique de l’offre, mais uniquement au provisioning de premier niveau.

Des profils « junior » seront limités qu’aux actions configurées par l’administrateur lui-même. Il est enfin possible de créer des profils en lecture seule pour constater les niveaux de consommation des services, mais avec lesquels il n’est pas possible d’intervenir.

Point n°4 : Savoir anticiper ses budgets

Le SDN offre aux entreprises une souplesse totale dans la consommation de services réseaux et informatiques et permet d’adapter en permanence le niveau de ressources exploitées en fonction des besoins réels.

Cette flexibilité extrême n’est pas sans conséquences dans la comptabilité analytique des entreprises et elle impose d’adopter une nouvelle approche dans le calcul des budgets. Alors que tout devient variable, il devient difficile de prévoir en octobre ou novembre ce que sera le budget de l’année suivante.

Basculer dans une approche SDN implique d’anticiper le niveau d’activité commerciale de l’entreprise, mais aussi l’accroissement potentiel (ou la baisse) des capacités réseau consommées que cela va entraîner.

Il est souvent difficile d’anticiper la saisonnalité de l’activité mais cela devient un véritable casse-tête si le succès éventuel des campagnes marketing va au-delà des attentes de l’entreprise et accélère de manière imprévisible la consommation des ressources techniques.

Techniquement, le SDN offre la possibilité de faire varier les capacités et répondre aux besoins des utilisateurs finaux, mais les équipes achats ont aussi besoin d’avoir de la visibilité sur ce que seront les dépenses pour le reste de l’année et comment prévoir ces fluctuations.

 « Le SDN permet de démarrer avec une bande passante basse puis l’ajuster en fonction des besoins réels. Les équipes opérationnelles sont ravies car elles savent qu’elles pourront répondre aux besoins de leurs utilisateurs finaux », souligne Grégoire de La Crouée.

 « Par contre, les directions achat réclament en général plus de visibilité sur les dépenses futures. C’est un travail de projection et des simulations qu’il faut pouvoir mener avec le commercial de l’opérateur en fonction des évolutions prévisibles en termes de capacités. »

Point n°5 : Mettre en place un Capacity Planning

Basculer dans une approche SDN implique une certaine anticipation sur les besoins en termes de ressources techniques, notamment les capacités réseaux.

La souplesse apportée par le SDN conduit les entreprises à négliger l’aspect purement matériel des ressources qu’ils vont solliciter. Or, à la différence du Cloud où la ressource VM ou stockage peut être considérée comme infinie, le réseau nécessite une certaine anticipation en termes de ressources.

Les entreprises clientes doivent avoir accès à des outils de capacity planning. « Un opérateur doit être capable d’anticiper les besoins de ses clients et sur ce plan, le SDN n’a rien de magique » , explique Grégoire de La Crouée.

Il développe : « Si un client veut provisionner un lien de 1 Gbit/s entre un site A et un site B, et si son opérateur qui ne lui délivrait que 100 Mbit/s n’a pas mis en place les équipements qui vont lui permettre de passer à 1 Gbit/s, le SDN ne pourra rien pour lui. Le monde du réseau reste encore profondément lié aux ressources physiques disponibles. »

Pour que l’entreprise puisse réellement bénéficier de la souplesse du SDN, il faut que son opérateur ait déployé les ressources matérielles qui favorisent une montée en puissance de son réseau.

« Très concrètement, pour son offre de réseau on-demand, Colt  garantit un débit de 1 Gbit/s. Mais, d’ici quelques mois, lorsque notre nouveau réseau IQ Networks sera en production, nous pourrons monter nos clients à 10 Gbit/s. Cela signifie quoi pour un client qui commence avec un lien 10 Mbit/s ? S’il a réservé le port de la bonne capacité chez Colt, il sera possible de monter aujourd’hui à 1 Gbit/s et à 10 Gbit/s d’ici quelques mois », conclut Grégoire de La Crouée.

Alors que techniquement et commercialement, le SDN devient une réalité en France, les entreprises doivent aujourd’hui mener une « transformation digitale » de leurs processus interne afin de pouvoir réellement en tirer parti.