Bouygues Telecom fait appel à Alcatel-Lucent pour moderniser son réseau mobile… à la marge

Bouygues Telecom annonce se tourner vers Alcatel-Lucent pour moderniser une partie de son réseau mobile. Une réponse aux piques de Numericable, son adversaire sur le dossier du rachat de SFR, qui met en avant son patriotisme économique en matière de choix de fournisseurs.

Voilà une signature qui tombe à pic et ne pourra que conforter l’offre d’acquisition de SFR par Bouygues auprès du gouvernement. Bouygues Telecom et Alcatel-Lucent annoncent renforcer leur partenariat, dans les activités fixes mais aussi mobiles.

La réponse de Bouygues à Drahi

Alcatel-Lucent va ainsi répondre à trois projets d’évolution du réseau de Bouygues Telecom : la fourniture du cœur de réseau mobile sur la 4G LTE (CSCF, Call Session Control Function) pour des services de voix et de vidéo (VoLTE), accompagnée d’une réutilisation de plusieurs fonctions de son cœur de réseau IMS (IP Multimedia Subsystem) fixe ; le déploiement de nouveaux équipements SBC (session border controler pour la translation d’adresses IP, routage des appels notamment) assurant la sécurité des interconnexions mobiles et fixes en IP avec les autres opérateurs ; la fourniture d’équipements IP routeurs cœur et Edge pour la rénovation du backbone IP MPLS transportant l’ensemble des flux mobile 2G/3G/4G. Autrement dit, des équipements de réseau essentiellement « terrestres » dont l’aspect mobile n’intervient qu’à la marge à travers un traitement des signaux du côté du cœur de réseau.

Le choix de l’équipementier français répond ainsi pleinement au patriotisme économique qu’appelle de ses vœux Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif. L’annonce (fortuite n’en doutons pas…) de Bouygues Telecom et Alcatel-Lucent s’inscrit ainsi comme une réponse à Patrick Drahi. Le dirigeant du groupe Altice remarquait récemment que Numericable, qu’il détient en majorité, fait appel à des fournisseurs français contrairement à son adversaire qui s’équipe chez le suédois Ericsson et le chinois Huawei pour son infrastructure mobile (absente, au passage, de l’architecture de Numericable).

Un partenariat de longue date

Précédemment, Martin Bouygues avait déjà fait part de son intention de privilégier les acteurs français à condition que ce soit « pertinent au plan technique ». Ce qui ne semble pas correspondre à l’offre d’Alcatel-Lucent en matière d’équipements mobiles. Hormis Orange en France, aucun autre opérateur mobile français n’a recours à l’entreprise dirigée par Michel Combes pour ses équipements mobiles « purs » (antennes, stations de base).

Il n’en reste pas moins que Bouygues et Alcatel travaillent ensemble de « longue date ». Les nouveaux projets s’ajoutent ainsi à ceux signés fin 2013. Bouygues Telecom avait alors retenu les technologies 100G de l’équipementier pour moderniser l’une des principales artères de transport de son réseau haut débit optique et gérer son backbone optique national par lequel transite l’ensemble de ses communications fixes et mobiles.

crédit photo : © everything possible – shutterstock


Lire également
SFR : Montebourg préfère Bouygues à Numericable
SFR + Bouygues : les 4 conséquences d’une probable révolution dans les télécoms