Après la Cour des comptes, des acteurs du libre chargent la DINUM
Rebondissant sur les conclusions de la Cour des comptes à propos de La Suite Numérique, le CNLL accuse la DINUM de concurrencer le secteur privé… dont les acteurs du logiciel libre.
La DINUM, coupable de concurrence irresponsable ? Le CNLL (Conseil national du logiciel libre) emploie ce terme.
Dans la ligne de mire de l’association, La Suite Numérique. Ce projet s’inscrit dans la continuité du SNAP (sac à dos numérique de l’agent public). Il vise à l’interconnecter et à l’étendre, puis à le décliner à destination des collectivités.
Ayant récemment épluché* l’activité de la DINUM, la Cour des comptes s’est arrêtée sur La Suite Numérique. Elle en a déploré, entre autres, la faible adoption au regard des dépenses engagées (15 M€ à fin 2023, pour moins de 200 000 agents utilisateurs). Elle a même évoqué l’éventualité d’un arrêt du projet à défaut d’une diffusion plus massive de la brique d’authentification Agent Connect.
La Cour des comptes constate plus globalement que les effectifs et les moyens « ne permettront probablement pas d’aboutir, dans des délais raisonnables, à des outils susceptibles d’être facilement adoptés par les agents ». Le CNLL saisit la balle au bond. Dans ce contexte, « il est irréaliste que la DINUM puisse se substituer aux éditeurs », affirme-t-il. Et de rappeler, à ce sujet, le projet MCE (Messagerie collaborative de l’État) : « plus de 10 ans […] sans parvenir à produire une quelconque offre ou solution concurrentielle à Microsoft ou aux solutions européennes ».
La Suite Numérique, la DINUM inviter à se recentrer… sur le SSO
Par ses actions, la DINUM « empêche le développement des technologies françaises », poursuit le CNLL. Elle se positionne comme un concurrent direct des éditeurs. Un phénomène qu’amplifient les financements publics à 100 %, la mise à disposition des moyens marketing de l’État et l’absence d’obligation de se conformer à SecNumCloud.
L’association estime qu’un recentrage sur la partie annuaire/SSO semble « beaucoup plus réaliste » : les moyens nécessaires sur la durée pour un projet comme La Suite Numérique sont sans commune mesure avec les capacités de la DINUM…
Merci au @cnll_fr de rappeler que @Numerique_Gouv agit de façon irresponsable en concurrençant le secteur privé et en violant les lois du numérique public. Au-delà de ce communiqué, seul un contentieux est de nature à changer cette situation.https://t.co/juANVJM3V1
— Jean-Paul Smets (@smetsjp) August 5, 2024
* Sur la promotion des logiciels libres, la succession de stratégies a créé un empilement de plates-formes. Certaines peinent à se coordonner et à inciter leur utilisation par les ministères. En outre, les économies budgétaires liées aux logiciels libres ne sont pas calculées par l’ensemble des administrations.
Illustration générée par IA