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Digital Networks Act : quelques chiffres pour contextualiser cette initiative

Pas moins de 200 milliards d’euros d’investissements pour développer, dans l’Union européenne, les « réseaux télécoms de demain » ? Thierry Breton l’a affirmé dans le cadre du MWC.

Le commissaire européen au marché intérieur avait déjà mentionné ce chiffre la semaine passée, à l’occasion de la présentation du livre blanc dont il est extrait.

Ce document, soumis à commentaires jusqu’au 30 juin 2024, doit « jeter les bases d’un futur Digital Networks Act ». Voici quelques-uns des indicateurs qui y figurent, avec leurs sources respectives.

1000 à 2000 milliards d’euros

La contribution potentielle des « réseaux télécoms de demain » dans le PIB mondial.

Source : un rapport McKinsey de février 2020.

La fourchette, annoncée en dollars (1200 à 2000 milliards), correspond plus précisément à l’impact global attendu à l’horizon 2030 sur quatre domaines : mobilité, santé, industrie et retail.

56 %

Le taux de foyers éligibles à la fibre sur un périmètre de 31 pays (UE des 27 + Islande, Norvège, Royaume-Uni et Suisse). Dans les zones rurales, on tombe à 41 %.
Ce taux est de 48,8 % aux États-Unis. Il dépasse 99 % en Corée du Sud et au Japon.

Source : le rapport 2023 sur l’état d’avancement de la décennie numérique, lui-même nourri d’une étude sur la couverture territoriale du haut débit en Europe en 2022.

Moins de 20 %

La proportion de zones habitées couvertes en 5G autonome.
En incluant la 5G non autonome (qui partage le cœur de réseau avec la 4G), le taux de couverture de la population atteint 81 % (51 % en zones rurales).

Concernant les volumes de stations de base 5G, l’UE en est à 77 pour 100 000 habitants. C’est plus que les États-Unis (30). Moins que le Japon (118), la Chine (206) et la Corée du Sud (419).

Source : le dernier rapport semestriel de l’Observatoire de la 5G. La Commission européenne finance ce projet que portent, depuis 2021,  un éditeur britannique, un cabinet de conseil italien et un fournisseur télécoms allemand.

Jusqu’à 148 milliards d’euros

Les investissements potentiellement nécessaires pour atteindre les grands deux objectifs définis dans le programme d’action pour la décennie numérique : en 2030, une connectivité Gigabit pour tous et la 5G dans toutes les zones habitées.

Il pourrait falloir 26 à 79 Md€ de plus pour assurer la couverture des corridors de transport (voies routières, voies ferrées, voies navigables).

C’est en additionnant ces deux estimations qu’on arrive aux fameux 200 milliards d’euros.

Source : une étude pour la Commission européenne, signée du cabinet allemand WIK-Consult.

En 2022, 14 % des foyers étaient éligibles à une connexion gigabit. Plus de la moitié (55 %) pouvaient bénéficier d’au moins 100 Mbps. De là à souscrire, c’est une autre histoire : on compte 24 abonnements supérieurs à 100 Mbps pour 100 habitants. Les États-Unis en sont à 29,6 ; le Japon, à 33,36 ; la Corée du Sud, à 43,6.

Le livre blanc reprend aussi des données de l’Alliance européenne les données industrielles, edge et cloud. Cette organisation regroupe des entreprises, des représentants des États membres et des « experts compétents ». En 2020, elle avait estimé que la fourniture de réseau en tant que service (NaaS) induirait jusqu’à 80 Md€ d’investissements à l’horizon 2027.

Référence est également faite à l’Observatoire Edge pour la décennie numérique. Sur la base d’une étude confiée au cabinet britannique Technopolis Group, celui-ci estime peu probable, au rythme actuel, d’atteindre l’objectif de 10 000 nœuds de périphérie neutres déployés en 2030.

15 euros par abonné

Le revenu moyen des opérateurs mobiles en Europe en 2022. Contre 25,90 € au Japon, 26,50 € en Corée du Sud et 42,50 € aux États-Unis.

L’ARPU fixe ressort à 22,80 €, contre 13,1 € en Corée du Sud, 24,40 € au Japon et 58,60 € aux États-Unis.

Le livre blanc fait la corrélation entre la « faiblesse » des ARPU et celle du Capex par abonné (109,10 € dans l’UE, contre 113,50 € en Corée du Sud, 270,80 € au Japon et 240,30 € aux États-Unis).

Source : le rapport State of Digital Communications 2024 de l’ETNO (association des opérateurs télécoms européens).

27

Le nombre d’États membres de l’Union européenne… et donc de marchés, avec leurs spécificités. En particulier sur les procédures d’attribution de fréquences.

Bruxelles avait mené, en 2023, une consultation exploratoire sur l’avenir du secteur des communications électroniques. Les participants ont notamment appelé à une approche plus harmonisée de la gestion du spectre (durée des licences, prix de réserve, conditions de partage…).

La proposition de règlement établissant des mesures relatives au marché unique européen des communications électroniques comportait des dispositions en la matière. La directive de 2018 établissant le Code des communications électroniques européen en a concrétisé certaines. Mais à en croire le livre blanc – et donc l’UE -, cela n’a pas porté ses fruits. Preuve avancée : la durée de processus d’attribution des autorisations d’exploitation de bandes de fréquences. Il a fallu dix ans pour que tous les États membres le finalisent pour la 4G à 800 MHz et 2,6 GHz.

Le mécanisme d’enchères est également pointé du doigt, en particulier à l’appui de données ETNO. Celles pour la 3G avaient rapporté 109 Md€ ; celles pour la 4G, 40 Md€. On en est à 26 Md€ pour la 5G, hors charges administratives. Et le livre blanc de recommander un processus orienté sur les investissements en infrastructure.

10

Le nombre d’États membres dans lesquels le processus d’extinction du cuivre a effectivement démarré. Nommément : Belgique, Espagne, Estonie, Finlande, Luxembourg, Malte, Pologne, Portugal, Suisse et Slovénie.

Le livre blanc propose de fixer un objectif d’extinction totale en 2030. Avec une étape intermédiaire en 2028 (80 % des abonnés). Et des incitations telles que celles proposées dans le Gigabit Infrastructure Act.

2025

L’horizon auquel la Commission européenne prévoit un code de conduite sur les investissements dans les infrastructures « soutenables ». Source : son plan d’action pour la transformation numérique du système énergétique.

Ce plan d’action, ainsi que le rapport de prospective « Garantir le couplage des transitions verte et numérique dans le nouveau contexte géopolitique », comprend quelques indicateurs sur le secteur des TIC :

> 7 à 9 % de la consommation électrique globale et environ 3 % des émissions de gaz à effet de serre (The Shift Project, 2020 ; Banque mondiale, 2022)
> Le potentiel de réduire de 15 % les émissions globales de GES (Forum économique mondial, 2019)

Illustration © Proxima Studio – Adobe Stock

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