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IA et emploi : des exceptions françaises dans les chiffres de l’OCDE

Entre la réglementation et le manque de compétences, quel est le plus grand obstacle à l’adoption de l’IA ? Les patrons français apportent une réponse singulière à ce sujet. En tout cas par rapport à leurs homologues de six autres pays.

On ne leur a pas posé la question telle quelle. On leur a en l’occurrence cité l’un et l’autre de ces éléments… et on leur a demandé s’ils avaient été des barrières à l’adoption de l’IA dans leur organisation.

Sur 300 sondés par Kantar pour le compte de l’OCDE, plus de 30 % ont répondu « oui » concernant la régulation. Une proportion sans égale dans les autres pays couverts. Ils sont, à l’inverse, les moins nombreux (37 % environ) à déplorer le manque de compétences.

L’étude dans son ensemble a englobé 2053 patrons et 5334 employés dans le secteur de la finance et l’industrie manufacturière. Ils étaient 805 employés en France (393 dans la finance, 412 dans l’industrie), en plus des 300 patrons (100 dans la finance, 200 dans l’industrie).

La France se distingue sur d’autres points. Par exemple, le taux d’employés estimant que l’IA contribuera à une baisse des rémunérations ces dix prochaines années. Il est le plus bas de tous dans l’un et l’autre secteur.

Autre spécificité des employés français : ils sont les plus nombreux – en pourcentage – à déclarer que leur employeur ne leur a pas proposé de formation en IA. Le phénomène est particulièrement marqué dans le secteur manufacturier.

Les employeurs français sont quant à eux les moins nombreux – toujours en pourcentage – à affirmer consulter les employés ou leurs représentants concernant l’usage de nouvelles technologies sur le lieu de travail. L’écart par rapport aux autres pays est plus marqué dans la finance que dans l’industrie manufacturière (où les USA affichent d’ailleurs un taux de consultation légèrement plus bas).

Les utilisateurs d’IA plus confiants pour les rémunérations que pour les emplois

Comment l’OCDE a-t-elle, au juste, choisi de définir l’IA auprès des sondés ? Elle l’a décrite comme « ce qui permet à des programmes informatiques et à des machines de réaliser des tâches qui exigeraient habituellement de l’intelligence humaine ».

Sur cette base, 42 % des employeurs dans la finance et 29 % dans l’industrie disent utiliser l’IA. Les premiers s’en servent d’abord pour l’analyse de données (52 %), puis la détection de fraude (50 %) et le service client (30 %). Les seconds, pour la maintenance (40 %), la conception produit (38 %) et le contrôle qualité (37 % ; en tête en France).

Dans les entreprises où on utilise l’IA, celle-ci touche environ un tiers des employés. Ils sont à peu près aussi nombreux à développer/maintenir des IA (autour de 7 % dans chaque secteur) qu’à être gérés par des IA.

Améliorer la productivité est la principale motivation que déclarent les patrons… et aussi le principal effet qu’ils disent constater. Devant la satisfaction des employés (finance) ou la santé et la sûreté (industrie).

Les employés du secteur de la finance sont un peu plus susceptibles de connaître un collègue reclassé ou remercié « à cause de l’IA ». Ils se montrent aussi un peu plus inquiets que dans le secteur manufacturier quand on leur demande si l’IA présente un risque pour leur emploi sous deux ans. Ceux qui utilisent l’IA ont globalement plus de craintes à ce propos. Ils en ont au contraire moins que les non-utilisateurs sur l’évolution des rémunérations.

Collectes de données : un écart employeurs-employés

Chez les utilisateurs d’IA, on constate – à 75 % – une accélération du rythme de travail. On ne leur a pas demandé quel était leur sentiment à cet égard, mais ils apparaissent plus susceptibles de signaler des impacts positifs sur leurs performances et leurs conditions d’exercice. Sauf s’ils expliquent, en parallèle, que l’IA a réduit le contrôle qu’ils ont sur l’organisation de leurs tâches (20 % s’expriment dans ce sens).

Si la consultation des employés est faible en France, elle n’est pas beaucoup plus très élevée au global. Moins de la moitié des employeurs y procèdent.
L’OCDE constate que c’est plus fréquent lorsqu’il existe des instances représentatives du personnel. L’écart est effectivement de près de 20 points entre ce groupe et celui sans instances représentatives. On le retrouve – sans lien de causalité dans l’absolu – dans la probabilité de déclarer que l’IA améliore les performances. Et, dans une moindre mesure, sur la propension à s’attendre à une hausse des rémunérations.

L’usage des données est le deuxième élément le plus abordé lors de ces consultations. En la matière, il y a désaccord entre patrons et employés. Les premiers sont 21 % dans la finance à expliquer que leur usage de l’IA implique de collecter des données. Et 30 % dans l’industrie manufacturière. Les taux montent respectivement à 49 % et 39 % pour le seconds. C’est sans compter une part importante – environ 1/5 – qui répond « Je ne sais pas ».

Illustration principale © Thomas Bredenfeld – Adobe Stock

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