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Infrastructures LAN : une photo du marché avant la fusion HPE-Juniper

Achètera-t-on du Wi-Fi 7 sans vraiment en avoir besoin ? On pourrait interpréter ainsi les prévisions de Gartner.

Au moins jusqu’en 2026, 70 % des déploiements ne présenteront pas de cas d’usage « tangible » pour cette technologie, estime le cabinet américain dans son dernier Magic Quadrant des infrastructures LAN filaires et sans fil.
Pour autant, anticipe-t-il, 70 % des entreprises seront, d’ici à 2027, passées au Wi-Fi 7. En partie pour se protéger contre l’obsolescence… mais aussi en raison de l’« impulsion commerciale » et du « marketing agressif » et de la part des fournisseurs.

La même logique de protection contre l’obsolescence contribue actuellement à l’adoption du Wi-Fi 6E, constate Gartner. L’intérêt pour les performances à 6 GHz en est un autre… comme la pénurie de composants électroniques. Les équipements Wi-Fi 6E utilisent de nouvelles générations de semi-conducteurs moins sujettes à ces difficultés d’approvisionnement. En outre, les livraisons n’ont véritablement commencé à décoller que fin 2022, limitant l’impact sur les niveaux d’inventaire.

Dans ce contexte d’offre, les prix ont augmenté. Une baisse ne semble pas à l’ordre du jour pour les 12 prochains mois. Mais à plus long terme, elle est probable au vu du paysage concurrentiel – et du poids décroissant de l’argument « courts délais d’approvisionnement ».

HPE-Juniper : vers une fusion de leaders

Proposer des points d’accès Wi-Fi 6E faisait partie des critères obligatoires pour figurer dans le Magic Quadrant des infrastructures LAN/WLAN. Le modèle NaaS était quant à lui facultatif. Comme les intégrations ITSM, la prise en charge de la 5G (publique ou privée), la géolocalisation indoor et la télémétrie sur équipements tiers.

La photographie que donne Gartner correspond à la situation en janvier 2024. HPE venait d’annoncer son intention d’acquérir Juniper. Objectif : finaliser la transaction pour fin 2024, début 2025. En attendant, les deux fournisseurs figurent au classement, dans la catégorie des « leaders ». Ils y côtoient Extreme Networks et Cisco, comme dans l’édition précédente du Quadrant. Mais aussi un petit nouveau, anciennement chez les « visionnaires » : Fortinet.

Ce dernier recule sur l’axe horizontal, dit « Vision » et centré sur les stratégies (sectorielle, géographique, commerciale, marketing, produit…). Il progresse en revanche sur l’axe vertical (« Exécution »), qui reflète la capacité à répondre effectivement à la demande du marché (expérience client, performance avant-vente, qualité des produits/services…).

Sur l’axe « Vision », la situation est la suivante :

Fournisseur Évolution annuelle
1 Juniper =
2 HPE =
3 Extreme Networks =
4 Fortinet + 3
5 Cisco – 1
6 Arista Networks – 1
7 Huawei – 1
8 CommScope =
9 ALE (Alcatel-Lucent Enterprise) =
10 Cambium Networks =
11 Allied Telesis nouvel entrant
12 TP-Link – 1

Sur l’axe « Exécution » :

Fournisseur Évolution annuelle
1 Juniper =
2 HPE =
3 Huawei + 2
4 Extreme Networks =
5 Fortinet + 1
6 Cisco – 3
7 CommScope =
8 Arista Networks =
9 Cambium =
10 ALE =
11 Allied Telesis nouvel entrant
12 TP-Link – 1

Tous les « leaders » régressent sur l’axe « vision ». Au contraire des « acteurs de niche ». Lesquels progressent aussi sur l’axe « exécution ». D’où un Quadrant plus concentré, écho au paysage concurrentiel qu’évoque Gartner.

Prix élevés chez Cisco…

Cisco a pour lui la profondeur de son portefeuille et son reach géographique. Il se distingue aussi sur la partie assurance réseau. D’une part avec l’intégration de ThousandEyes. De l’autre, par ses relations avec les fabricants de terminaux (Apple, Samsung…).

Appréciation moins positive sur les prix, en augmentation autant à la contractualisation qu’au renouvellement. Gartner souligne aussi le manque de parité entre les solutions de gestion Catalyst Center (on-prem) et Meraki (cloud). Ainsi que le risque de « confusion » lié à la quantité de composants de sécurité optionnels.

… comme chez Extreme Networks

La mise en œuvre de l’approche fabric vaut un bon point à Extreme Networks. Même chose pour son modèle de licences portables entre équipements car liées au réseau. Et pour la gestion de matériels tiers.

Comme chez Cisco, attention aux prix, notamment sur les switchs. Gartner note aussi l’absence d’offre NaaS en direct et le reach limité sur les plaques Asie et Amérique latine.

Fortinet a du mal à convertir sa base firewall

L’unification LAN/WLAN/sécurité sous l’ombrelle FortiOS avec une plate-forme de gestion cloud commune est un point fort de Fortinet. Même chose pour le module AIOps dédié à l’assurance réseau. Et pour la possibilité d’utiliser les équipements FortiAP en tant qu’endpoints SASE.

Vigilance, estime Gartner, quant à la multiplicité des options de gestion (FortiLAN, FortiManager, FortiMonitor…). Le cabinet relève aussi la difficulté de Fortinet à convertir la base de clientèle de ses offres firewall : elle a tendance à se tourner vers des équipements de fournisseurs concurrents.

Le NaaS, source de confusion chez HPE (Aruba)

HPE se distingue sur l’approche fabric appliquée à la sécurité. Gartner apprécie aussi que le niveau de licence standard d’Aruba Central inclue de l’AIOps. Et que les switchs gèrent le contrôle des applications sur la couche 7.

Attention sur la partie contrôle d’accès : Cloud Auth n’est pas encore à parité avec ClearPass. Attention aussi à la multiplicité des offres NaaS entre channel et utilisateurs finaux. Et aux limites en matière de gestion des équipements tiers – même si HPE propose OpsRamp.

Huawei : au-delà de la géopolitique, la question du marketing

Comme pour Cisco, Huawei se distingue sur la profondeur de son portefeuille. Bon point également pour l’expérience de gestion et de configuration, ainsi que les possibilités de migration OT -> IT.

Géopolitique oblige, le reach de Huawei se trouve diminué. Gartner regrette aussi l’absence d’offre NaaS et un marketing axé sur les capacités techniques.

Consoles de gestion : pas de parité cloud/on-prem chez Juniper

Comme Extreme Networks et HPE, Juniper est crédité d’un bon point sur l’approche fabric (overlay VXLAN et plan de contrôle EVPN). Il l’est aussi sur la sécurité (en particulier pour le NAC sans agent) et l’automatisation par IA.

On ne peut pas en dire autant sur le NaaS (adhésion « limitée »). Ni sur la gestion des équipements tiers. Par ailleurs, une connexion cloud est nécessaire pour tirer toute la valeur de la plate-forme de gestion Mist Edge. Sachant que la plate-forme legacy Junos Space Network Managment manque de fonctionnalités pour constituer une vraie alternative on-prem.

Illustration © Borin – Adobe Stock

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