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Alain Garnier : « Efel Power, pour défendre le logiciel made in France »

Lancée dans le courant de la semaine dernière, au Numa (l’incubateur de Silicon Sentier, lire notre article sur son inauguration), une nouvelle association entend fédérer les éditeurs français de logiciels, pour valoriser la filière auprès des grands comptes, du secteur public et à l’international. L’association, baptisée Efel Power, compte parmi ses membres des sociétés comme Human Connect, Jalios, Jamespot, Knowings, Qualiac, PolySpot ou Squid.

Alain Garnier, le Pdg de Jamespot à la tête de cette jeune association, nous explique le rôle d’Efel Power dans un écosystème où les éditeurs de logiciels sont déjà largement représentés, avec Syntec Numérique (la chambre patronale des éditeurs et SSII) et l’Afdel (Association française des éditeurs de logiciels).

Silicon.fr : D’où est venue l’idée de créer Efel Power ?

Alain Garnier : Nous avions le sentiment d’être mal représentés et qu’il fallait passer à la vitesse supérieure sur la défense du logiciel français. Non pas que le sujet n’était pas abordé, mais il peinait parfois à trouver des déclinaisons concrètes. Quand le Cigref (Club informatique des grandes entreprises françaises, NDLR) signait en 2012 un texte de soutien à la filière numérique locale, il déployait dans le même temps un outil de RSE américain. Ce n’est bien sûr qu’un exemple qui peut paraître anecdotique mais il illustre le réflexe des entreprises françaises consistant à se tourner vers des logiciels américains.

L’idée d’Efel Power s’est très rapidement cristallisée, autour d’une quinzaine de membres. Aujourd’hui, nous sommes déjà une quarantaine (par comparaison, l’Afdel créée en 2005 regroupe plus de 300 membres, NDLR). Notre volonté consiste à défendre les éditeurs qui entreprennent en France. Et non pas ceux qui vendent du logiciel en France. Ce qui est très différent, y compris pour notre tissu industriel utilisateur de logiciels.

Comment se porte le logiciel français ?

Il a traversé plusieurs périodes. Dans les années 70 et 80, le logiciel français était au niveau au plan international. Puis, il a connu une période de creux, dans les années 90, du fait des importants investissements américains et d’un certain effet Minitel.  Depuis les années 2000, il évolue positivement, avec des réussites qui montent de plus en plus haut. Ainsi, Neolane a été racheté par Adobe pour environ un tiers du chiffre d’affaires du leader français du logiciel, Dassault Systèmes. Cela devient significatif. Et, même si nombre de ces sociétés sont revendues à des acteurs américains, cela crée un effet d’accélération très positif, car les entrepreneurs qui vendent recréent ensuite des entreprises.

C’est ce phénomène qu’Efel Power compte mettre en avant. Il faut créer un moment de cristallisation pour dépasser le défaitisme qui entoure parfois ce secteur et faire prendre conscience que le logiciel est une démarche qui est, à long terme, plus positive que le service. Nous pensons que noyer le sujet dans un discours attrape-tout autour du numérique n’est pas suffisant. Dans le Saas, un rachat se négocie entre 6 à 15 fois le chiffre d’affaires. Dans le service, ce ratio tombe à entre 0,3 et 0,5. Dans le logiciel, une fois l’actif constitué, les marges sont considérables.

Quels moyens opérationnels comptez-vous mettre en œuvre ?

Nous avons d’abord créé une marque, Efel Power, que nous comptons bien utiliser. En complément, nous voulons mettre en place un label Entreprendre en France, décerné aux éditeurs qui réalisent une part importante de leur R&D dans l’Hexagone et dont les organes de décisions sont dans le pays. Dans le courant du deuxième trimestre 2014, l’objectif est aussi de recruter un permanent et de décrocher des subventions pour mener des actions croisées avec des partenaires comme Ubifrance ou la French Tech.

Récemment, un responsable de Facebook affirmait que les apps qui fonctionnent le mieux sur le réseau social viennent d’Europe. Par contre, dans le B2B, on évolue dans un champ de distorsion mentale, avec des acheteurs qui se tournent massivement vers les acteurs américains. Selon une étude de l’Afdel, 67 % du marché français du logiciel est détenu par des acteurs venant des Etats-Unis. Nous voulons dire stop à ce phénomène.

L’affaire des écoutes de la NSA joue-t-elle un rôle dans cette prise de conscience que vous appelez de vos vœux ?

Les avis sur le sujet divergent au sein de l’association. Personnellement, je pense que Prism ne vient que confirmer un phénomène plus général, une prise de conscience du rôle du logiciel dans la maîtrise de son activité. L’exemple d’Essilor est à ce titre assez parlant. En 2011, le numéro un mondial des verres ophtalmiques décide de confier à Google sa messagerie collaborative. Sauf que, trois ans plus tard, Google débarque sur le marché des lunettes connectées avec ses Google Glass. Un marché cible également pour Essilor…


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