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Comment Oracle terrorise le marché avec vSphere 5.1 de VMware

Mise à jour le 26/05 à 11h10 (première phrase)

Le licensing Oracle s’accommode mal des nouvelles fonctionnalités de la version 5 .1 de vSphere de VMware (et versions suivantes). « Au sein de cette dernière, les machines virtuelles peuvent être déplacées entre différents clusters. Et Oracle considère qu’il faut donc déclarer les cœurs des hyperviseurs ESX présents sur tout l’environnement vCenter », explique Thierry Borgel, directeur de projet au sein du cabinet de conseil SIA Partners. Autrement dit, plutôt que d’acheter des licences, par exemple de bases de données, pour un cluster, il faut, selon Oracle, étendre les droits à l’ensemble de la ferme de serveurs sous ESX, et à ses multiples clusters. Ce qui peut se traduire par des écarts de plusieurs dizaines de millions d’euros.

Illustration de la fonction vMotion

En réalité, cette politique n’est qu’une extension des principes déjà défendus par Oracle, selon lesquels il suffit qu’une VM d’un cluster soit dédiée à des logiciels Oracle pour qu’il soit nécessaire d’acheter des licences pour l’ensemble du cluster. Dans un billet de blog, Grégory Steulet, de la société DBI Services, explique que cette extension découle probablement des nouvelles fonctions de vSphere 5.1, notamment de la capacité d’utiliser vMotion (migration de VM) sur l’ensemble du réseau et sans avoir besoin d’un stockage partagé. « En complément, afin de limiter les licences au seul vCenter Server Instance (ou au cluster jusqu’à vSphere 5.0) où tournent les produits Oracle, il faut dédier un espace physique de stockage à ce vCenter (ou au cluster jusqu’à vSphere 5.0). Les méthodes de ségrégation virtuelles du stockage comme Vplex ou un LUN dédié ne sont pas considérées (par Oracle, NDLR) comme une séparation physique », ajoute ce spécialiste des bases de données et de la gestion d’infrastructure.

« Oracle est très agressif sur cette question, mais nous pensons que les entreprises ont les moyens de repousser les demandes de l’éditeur sur ce point », reprend Thierry Borgel. C’est d’ailleurs également la recommandation du cabinet d’études Gartner qui, dans une note datant de novembre dernier, estimait que les entreprises utilisatrices devaient se défendre contre cette offensive de l’éditeur, parce ce changement n’est « ni documenté, ni référencé dans leurs accords de licences ». Dans une présentation disponible sur son site, la société License Consulting, spécialiste de licensing, explique d’ailleurs que le contrat prévaut sur les règles édictées par Oracle (postées dans un document sur son site) et que ce que LMS, le bras armé de l’éditeur en matière d’audits de licences, affirme en matière d’environnements virtualisés ne reflète que son opinion, nullement une vérité absolue incontestable devant les tribunaux.

Un vCenter dédié à Oracle ?

De son côté, le club allemand des utilisateurs Oracle recommande d’installer un vCenter dédié aux produits de l’Américain, et séparé d’un second environnement virtualisé regroupant les autres logiciels. C’est d’ailleurs aussi la recommandation principale de VMware, qui, dans un livre blanc, estime que cette approche permet de diminuer les licences nécessaires par un facteur compris entre 3 et 10. Le spécialiste de la virtualisation précise toutefois qu’il est possible de créer des clusters qui ne soient pas entièrement dédiés à Oracle en utilisant une fonction de vSphere (DRS Host Affinity) permettant de restreindre les mouvements des VM au sein d’un environnement virtualisé. Sauf que la documentation Oracle ne mentionne pas l’emploi de cette technologie comme une approche valide. VMware conseille également « de tracer les mouvements entre les hôtes afin que les entreprises puissent démontrer la conformité aux exigences d’Oracle ».

Si certains utilisateurs préfèrent aujourd’hui une ségrégation stricte – avec un vCenter dédié -, c’est qu’ils préfèrent éviter tout contentieux lors des audits de l’éditeur. Comme nous l’ont expliqué de nombreuses sources – et comme l’a établi la justice française dans une affaire opposant Oracle à l’Afpa -, les audits servent avant tout de moyens de pression pour négocier de nouveaux contrats. Une pratique courante chez Oracle, mais aussi chez d’autres grands éditeurs. L’utilisateur ayant le choix entre payer un redressement – consécutifs aux irrégularités découvertes lors de l’audit -, négocier avec l’éditeur pour annuler ce redressement contre le lancement d’un nouveau projet ou porter l’affaire en justice. Une extrémité que préfèrent éviter la plupart des DSI.

Un coup de FUD

Même si la règle de licensing que défend Oracle vis-à-vis de vSphere 5.1 ne résisterait peut-être pas à un passage devant les tribunaux, son affirmation devant les utilisateurs suffit dans bien des cas. Selon License Consulting, l’offensive d’Oracle autour de VMware 5 .1 relève largement du FUD (Fear, Uncertainty and Doubt), technique visant à entretenir la confusion sur le marché. Pour cette société de conseil spécialisée, rien n’a, sur le fond, changé : les entreprises doivent acquérir des licences « pour les processeurs où les logiciels Oracle sont installés et/ou sont en train de tourner ». Quoi qu’en dise LMS. « Il est difficile de croire que certaines des plus grandes entreprises du monde prennent Oracle au sérieux sur ce point et lui donnent des dizaines de millions de dollars en récompense de ses tactiques visant à instaurer la peur », écrit la société dans un billet de blog.

A lire aussi :

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Crédit photo : drserg / Shutterstock

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