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Quelques chiffres pour contextualiser le premier livrable du comité de l’IA générative

Quelle part des dépenses publiques consacrer à l’IA ? Le Comité de l’intelligence artificielle* a fait ses comptes. Il les expose dans un rapport public. Son premier, destiné à guider l’adaptation de la stratégie nationale.

Au menu, 25 recommandations… et une foule de chiffres à l’appui pour les contextualiser. En voici quelques-uns, avec leurs sources, dans l’ordre de leur apparition.

Dans l’introduction du rapport

Pour illustrer le potentiel de l’IA, le comité mentionne, entre autres, l’article GPT-4 Passes the Bar Exam, de mars 2023. Et résume les choses ainsi : « Une expérience a conclu que des algorithmes présentent de meilleurs résultats que 90 % des candidats humains à certains examens du barreau aux États-Unis ».

Autre source, autre objectif : le classement Stanford des modèles de fondation les plus précis… censé témoigner du retard de la France dans ce domaine. Sur les douze entreprises éditrices des 30 modèles « leaders », deux battent pavillon tricolore.

Sur la question « L’IA me concerne-t-elle ? »

« 55 % des Français disent bien connaître ChatGPT et 28 % disent en avoir entendu parler sans bien savoir ce dont il s’agit. »
Source : une étude Ipsos d’octobre-novembre 2023 auprès de 1000 personnes majeures, pour Sopra Steria.

Sur ce volet, le comité suggère [recommandation no 1] de « créer les conditions d’une appropriation collective de l’IA et de ses enjeux afin de définir collectivement les conditions dans lesquelles elle s’insère dans nos vies quotidiennes ».

Sur la question « Faut-il avoir peur de l’IA ? »

« 68 % [des Français] pensent qu’il faudrait faire une pause dans le développement de l’IA. »
Source : une autre étude Ipsos, de mai-juin 2023, pour AXA, auprès d’experts et de quelque 20 000 personnes dans 15 pays.

En toile de fond, la lettre ouverte qu’avaient signée, au printemps 2023, soixante experts de l’IA et personnalités mondialement connues. Prévenir le risque d’une extinction de l’humanité causée par une IA hors de contrôle doit être une priorité mondiale, avertissaient-ils.

Sur la question « L’IA nous rendra-t-elle plus prospères ? »

Le rapport mentionne une étude américaine au sujet des effets de la GenAI sur la productivité du service client dans une entreprise : +25 % pour les employés dotés d’un outil d’IA les aidant à répondre via un chat en ligne.

Autre population américaine, autres statistiques : l’usage de ChatGPT augmente de 25 à 35 % la productivité des tâches typiques des consultants et des managers.

Pour la France, le comité a choisi une enquête Pôle emploi de juin 2023 auprès de 3000 établissements de plus de 10 salariés. Il en tire un chiffre en particulier : 72 % des employeurs recourant à l’IA mentionnent un impact positif sur la performance de leurs employés.

Sur la question « L’IA : créatrice ou destructrice d’emplois ? »

L’emploi total des entreprises ayant adopté l’IA augmente davantage que dans les entreprises ne l’ayant pas adoptée, alors que ces deux groupes suivaient une tendance antérieure similaire. Tel est le constat que le comité tire de données Insee.

Autre référence : un document de l’Organisation internationale du travail. Entre autres enseignements, à l’échelle de la planète, 13,4 % des emplois ont un potentiel d’amélioration par l’IA. C’est plus que ceux ayant un potentiel de remplacement (5,1 %).

Le rapport relaie aussi un chiffre issu d’un document de travail du FMI. 60 % des emplois seraient fortement exposés à l’IA. Environ la moitié pourrait profiter d’un potentiel d’amélioration, l’autre moitié faisant face à un potentiel de remplacement.

Adaptée au cas de la France (sur les 222 professions recensées par la nomenclature du ministère du Travail), la méthodologie de l’Organisation internationale du travail donne le graphique suivant :

Le rapport met en avant une étude plus ancienne. Parue en l’occurrence en 2013. Elle concluait que 47 % des emplois américains étaient menacés par l’automatisation sur un horizon de dix ou vingt ans. « Dix ans plus tard, force est de constater que cette prédiction était erronée », fait remarquer le comité.

De là, deux recommandations :

– Investir dans l’observation, les études et la recherche sur les impacts des systèmes d’intelligence artificielle sur la quantité et la qualité de l’emploi [recommandation no 2]

– Faire du dialogue social et professionnel un outil de coconstruction des usages et de régulation des risques des systèmes d’IA [recommandation no 3]

Sur la question « Faut-il diffuser l’IA des autres ou créer la nôtre ? »

Un chiffre : 93 % des données d’entraînement de GPT-3 proviennent de textes en langue anglaise. Source : un article de recherche… d’OpenAI.

Sur la question « L’IA devrait-elle rester entre les mains de quelques acteurs ? »

Là aussi, un chiffre : les modèles ouverts réduisent de 70 % le coût de production de désinformation. Source : un autre article, de chercheurs de l’université de Georgetown.

À ce sujet, le comité suggère [recommandation no 4] de porter une stratégie de soutien à l’écosystème d’IA ouverte au niveau international. Ce en soutenant l’utilisation et le développement de systèmes d’IA ouverts et les capacités d’inspection et d’évaluation par des tiers.

Sur la question « L’IA met-elle en danger la planète ? »

Le rapport mentionne une étude de 2019 de l’université du Massachusetts à Amherst. Elle démontre que les émissions de GES liées à l’entraînement aux USA d’un des premiers LLM furent du même ordre de grandeur que celles d’un vol Paris-New York.

Autre étude universitaire, mais pour la prospective : au total, l’IA pourrait consommer 85 à 134 TWh d’électricité en 2027. Soit autant que l’Argentine ou la Suède.

Sur la question « Y a-t-il une bulle dans l’IA générative ? »

D’après les données de Dealroom, les start-up d’IA générative ont levé 22 Md$ en 2023. Contre 4,3 en 2022, 4,5 en 2021 et moins de 2 milliards par an auparavant.

Sur la question de la formation

Les offres d’emploi en ligne qui requièrent des compétences en IA représentent 0,35 % des offres postées en France. Parmi elles, 69 % concernent les secteurs de l’informatique et des activités spécialisées (source : OCDE, 2023).

Parmi les suggestions du comité sur ce point :

– Généraliser le déploiement de l’IA dans toutes les formations d’enseignement supérieur et acculturer les élèves dans l’enseignement secondaire [recommandation no 6]

– Former les professions créatives à l’IA dès les premières années de l’enseignement supérieur et en continu [recommandation no 8]

Sur l’IA dans l’administration publique

Le comité mentionne un rapport du MIT qui évoque la plate-forme Platsbanken.se. Il s’agit du plus grand site d’offres d’emploi en ligne de Suède, géré par l’homologue de France travail.
Celui-ci a évalué la mise en place de recommandations par IA, basées sur l’historique des recherches des demandeurs. Ceux ayant accès à ces recommandations cliquent et postulent davantage. Ce qui a un effet positif (environ 0,6 %) sur le taux de réemploi.

La diffusion de l’IA dans le secteur public fait l’objet de plusieurs recommandations :

– Renforcer la capacité technique et l’infrastructure du numérique public afin de définir et de passer à l’échelle une réelle transformation des services publics grâce à l’IA [recommandation no 9]

– Faciliter la circulation des données, le partage de pratiques et l’évaluation pour tirer les bénéfices de l’IA dans les soins [recommandation no 10]

– Encourager l’utilisation individuelle, l’expérimentation à grande échelle et l’évaluation des outils d’IA pour renforcer le service public de l’éducation [recommandation no 11]

Sur la question des datacenters

Le TOP500 sert de référence au comité : en 2023, la puissance cumulée des dix supercalculateurs les plus puissants du monde a augmenté de 72 % par rapport à 2022.

Le rapport reprend aussi des données de DataCenterMap. En janvier 2024, les USA disposent de 2109 centres de données (37,8 % de part mondiale), contre 1244 sur l’ensemble des pays de l’UE (22,3 %).

Et de recommander, entre autres, de « faire de la France un pôle majeur de la puissance de calcul, à court comme à moyen terme » [recommandation no 14]…

* Membres du comité : Gilles Babinet, Joëlle Barral, Alexandra Bensamoun, Nozha Boujemaa, Bernard Charlès, Luc Julia, Yann Le Cun, Arthur Mensch, Cédric O, Isabel Ryl, Franc Salis-Madinier, Martin Tisné et Gaël Varoquaux

Illustration principale générée par IA

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