Le taux de chômage moyen des professions de l’informatique et des télécoms était en décembre 2012 de 7,8% pour la catégorie A, celle des sans-emploi, et de 9,6% pour les catégories ABC, qui incluent les demandeurs avec une activité réduite (sources : Dares/Insee).
Au total, la France compte 57 000 demandeurs d’emploi dans la filière sur une base de 590 000 informaticiens toutes qualifications confondues. Or, le nombre de chômeurs dans la profession « était en réalité notoirement sous-évalué à ce jour », a déclaré mercredi 26 juin le MUNCI. Pour l’association, ce taux effectif « remet largement en cause le mythe odieux de la ‘pénurie d’informaticiens’ en France. »
Ce mythe de la pénurie de main d’œuvre qualifiée est dénoncé depuis plusieurs années par le regroupement de professionnels du numérique et « porte un réel préjudice moral aux chômeurs de nos professions », selon les termes de l’organisation présidée par Régis Granarolo.
Si les difficultés de recrutement dans l’informatique « sont une réalité », souligne le MUNCI, il convient de les replacer dans le contexte économique actuel, à savoir :
Un marché de compétences « diversifié, spécialisé et évolutif » :
Avec plus d’un millier de qualifications et plus d’une centaine de métiers différents, les emplois IT sont davantage externalisés vers des sociétés de prestation de services (SSII/SICT). Ces dernières « recrutent essentiellement sur mission et recherchent des profils sur mesure ». Par conséquent, ajoute l’association, il existe nécessairement « une relative inadéquation de compétences entre l’offre et la demande. »
Un « jeunisme effréné » dans les processus de recrutement :
Selon l’Apec (Association pour l’emploi des cadres), 70% des recrutements d’informaticiens portent désormais sur des candidats Bac+5 ayant moins de 6 ans d’expérience. Seuls 16% des professionnels du secteur informatique ont plus de 50 ans (soit la proportion la plus faible du marché).
Un déficit de gestion et responsabilité sociales :
Le Comité stratégique de la filière numérique (ex-CSF STIC) insiste, dans son rapport 2012, sur les progrès à accomplir dans le secteur en matière de Gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences (GPEC) et de Responsabilité sociale des entreprises (RSE).
Pour le MUNCI, « le manque d’attractivité des principaux employeurs du secteur », les salaires « très souvent bloqués au-delà de 5 à 10 ans d’expérience », l’augmentation du nombre d’informaticiens indépendants (freelances) et la multiplication des canaux de recrutement expliquent aussi ces difficultés à l’embauche.
D’après l’association, « il n’est absolument pas démontré » que le volume de jeunes diplômés formés aux sciences et technologies de l’information et de la communication (STIC) « est insuffisant pour combler la demande du marché, ce volume étant en effet supérieur aux créations d’emploi dans le secteur, seulement 6000 en 2012. »
Quant au volume des offres d’emploi dans l’informatique, il reste « déphasé de la réalité… 4 offres sur 5 ne correspondant à aucun poste réellement disponible ! » Enfin, les services de l’information et de la communication sont, avec l’industrie manufacturière, les secteurs les plus concernés par les délocalisations (source : Insee).
Le MUNCI rejette donc les propos de la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Geneviève Fioraso, qui déclarait en avril : « nous manquons de 7000 informaticiens par an en France. » Enfin, l’association envisage d’organiser une mobilisation nationale des demandeurs d’emploi en informatique d’ici la fin de l’année.
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