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EuroHPC : les conditions pour accéder aux supercalculateurs

C’est une première : un supercalculateur commandé dans le cadre de l’entreprise commune EuroHPC vient d’entrer en fonction. Son nom : Vega. Sa localisation : l’Institut des sciences de l’information, à Maribor, en Slovénie.

Il s’agit d’un système petascale. Capable en l’occurrence de délivrer 6,9 Pflops (millions de milliards de calculs par seconde). Il se compose de 12 lames de serveurs Atos BullSequana XH2000. Avec, au total, 960 nœuds CPU (processeurs AMD EPYC 7H12), 60 nœuds GPU (chacun composé de 4 GPU NVIDIA A100), 325 To de mémoire et 19 Po de stockage.

Le conseil d’administration d’EuroHPC a adopté, début mars, les règles d’allocation de ces ressources. Ou plus précisément d’une partie d’entre elles, réservées à l’UE. Le reste sera à disposition des pays où se trouvent les supercalculateurs. Ainsi qu’aux autres États membres d’EuroHPC qui les auraient rejoints dans le cadre de consortiums.

Les ressources s’entendent en temps d’utilisation.
Pour les superordinateurs de type pré-exascale, il est recommandé que l’Union européenne en bénéficie proportionnellement à sa contribution au coût total de possession du système. Et que sa part n’excède pas 50 % du temps total d’accès.
Pour les systèmes petascale, on conserve la logique de rapport au TCO, mais sans le plafond des 50 %.

Un jury d’experts

De manière générale, toute allocation passe par un appel à manifestations d’intérêt. Avec le conseil d’administration d’EuroHPC au démarrage et à la conclusion du processus. Les étapes intermédiaires impliquent deux organes : l’ARC (« comité d’accès aux ressources ») et le RAP (« panel d’allocation des ressources »).

Au travers de l’ARC, EuroHPC met en œuvre le principe d’évaluation « par les pairs ». Il délègue à des experts en HPC le soin de valider les candidatures. Et, le cas échéant, de les noter. La nomination de ces experts est du ressort du conseil d’administration. Le mandat vaut pour deux ans. Principal critère d’éligibilité : être rattaché à un institut basé dans un pays membre d’EuroHPC.

Le RAP prend le relais pour orchestrer l’allocation des ressources. C’est lui qui décide d’aspects techniques comme les accès parallèles ou la fourniture de surplus de puissance. Le président de l’ARC en est membre, aux côtés des entités qui hébergent les supercalculateurs englobés dans l’appel à manifestations d’intérêt.

Les « vainqueurs » signent, avec les hébergeurs, un contrat régissant notamment la protection des données et la qualité de service. Les autres peuvent accéder à leur compte rendu d’évaluation et éventuellement faire appel.

Pour déposer une candidature, il faut résider, être établi ou se trouver dans l’UE ou dans un pays membre du programme Horizon 2020. Les règles n’excluent cependant pas des cas de coopération internationale.

Six modes d’accès

Le processus d’évaluation et ses parties prenantes peuvent varier en fonction du « mode d’accès ». Le conseil d’administration, par exemple, n’intervient pas systématiquement pour valider les allocations de ressources.

Les règles actuelles établissent six modes d’accès, listés dans le tableau ci-dessous. Un appel à manifestations d’intérêt entrera dans l’un ou l’autre essentiellement selon le volume de ressources à allouer – généralement sur plusieurs supercalculateurs – et le type d’application concerné.

(cliquer sur le tableau pour l’agrandir)

Extreme Scale représentera, à terme, 50 à 70 % des ressources distribuées ; Regular, 20 à 30 %. Benchmark devra aider à évaluer la faisabilité d’applications pour lesquelles on entend solliciter un autre mode d’accès. Development se destine aux projets centrés sur le code et les algorithmes. Fast Track cible quant à lui les « besoins exceptionnels non anticipés ». EuroHPC donne l’exemple d’une entité qui souhaiterait compléter des résultats de recherche.

Les usages commerciaux traités à part

Pour Fast Track, les conditions ne sont pas les mêmes selon qu’on est de la sphère industrielle ou académique. Pour les premiers, EuroHPC n’autorise que la R&D ouverte (qui donne lieu à des publications). Cela s’applique aussi sur les autres modes d’accès. Sans quoi on bascule sur un autre mécanisme d’allocation.

Cet autre mécanisme, réservé aux « usages commerciaux » exclusivement civils, représentera au maximum 20 % du temps d’utilisation dont bénéficie l’Union européenne. Il n’implique pas de processus d’évaluation, mais un accès payant. La facturation se fera à l’usage, avec une grille tarifaire fondée sur le TCO du système et l’allocation d’un certain temps d’usage ou d’un pool de ressources donné. Elle couvrira les frais de fonctionnement d’EuroHPC.

La porte reste ouverte à d’autres attributions de ressources sans évaluation. Dans deux cas : les « initiatives européennes stratégiques » et les situations d’urgence ou de crise.

Sept autres supercalculateurs sont pour le moment dans les cartons d’EuroHPC. Cinq sont de classe petascale. Il se trouveront en Bulgarie (Sofia), en Espagne (Barcelone), au Luxembourg (Bissen), au Portugal (près de Guimarães) et en République tchèque (Ostrava). Pour les deux autres, de classe pré-exascale, c’est en Finlande et en Italie. L’objectif exascale est visé à l’horizon 2022-203.

Pour Atos, Vega représente un contrat à 17,2 millions d’euros. EuroHPC a apporté environ un tiers de la somme. Le reste provient du Fonds européen de développement régional (FEDER) et du gouvernement slovène.

Le groupe français a aussi décroché la timbale au Luxembourg. Là aussi avec l’aide de l’UE, le Grand-Duché a déboursé près de 30 millions d’euros pour se procurer le supercalculateur MeluXina.

Illustration principale © CEA

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