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Les fausses notes de la musique en ligne

Tout le monde n’a pas envie d’écouter le dernier album tendance sur lequel les industriels de la musique ont misé leurs deniers. Pourtant, selon l’union fédérale des consommateurs, le service proposé aux internautes mélomanes n’offre pas une diversité de l’offre suffisante, et l’interopérabilité des formats proposés sur les sites de téléchargement légal est plus un bon mot qu’une réalité.

Car le véritable amateur de musique, le fouineur, celui qui est prêt à débourser une fortune pour un enregistrement de James Brown à l’Apollo, n’a que faire des exploits de la dernière Lolita sortie du placard des majors. Bilan des courses : l’offre musicale des sites de musique en ligne comme Sony Connect ou iTunes est d’une grande pauvreté. Dans son communiqué, l’UFC indique que : « sur un échantillon de 260 titres d’artistes balayant plusieurs répertoires d’audience internationale, ayant déjà manifestement rencontré un public et disponibles dans l’univers physique, 95 % des références sont absentes du site E-compil en France, 70 % sur T-Online en Allemagne, 63 % sur Sony Connect, 60 % sur Itunes store en Angleterre. Et les musiques classiques sont presque totalement oubliées (à 90 %), quel que soit le site testé. » Alors quid des petits artistes comme Bazbaz, Paprika Korps, Saï- Saï, et la liste est longue? Et bien, ils n’ont plus qu’a lancer eux-mêmes leurs sites. Pour l’union de défense des consommateurs, « cette restriction de l’offre conduite principalement par les grands producteurs, déjà constatée dans l’univers physique, révèle une recherche prioritaire de la rentabilité à court terme. Une attitude d’autant plus injustifiée que certaines contraintes économiques propres à l’univers physique (coût et gestion de stockage, rétribution d’un réseau complexe de distribution?) n’existent plus dans l’univers numérique. » Le manque de diversité est principalement lié à la présence ou non des producteurs/éditeurs sur les sites : il est impossible de trouver une ?uvre produite, éditée et distribuée par Sony Music sur une boutique qui en général ne référence pas ou marginalement les ?uvres de ce producteur, les labels de petite taille ou indépendants sont généralement absents. Cette offre particulièrement pauvre a selon l’UFC des conséquences non négligeables sur la diversité culturelle et les artistes indépendants ou ne bénéficiant pas de la même publicité qu’une Laurie ou un Johnny. Par contre, il est clair que ce genre d’attitude favorise les « blockbusters » et donc les résultats des majors. Pour l’UFC, à long terme, cette pauvreté de l’offre fait courir le danger de voir le consommateur se limiter lui-même dans ses choix. Des formats de lecture incompatibles Le deuxième test démontre l’absence quasi générale de compatibilité entre les formats de lecture. Les consommateurs qui achètent de la musique en ligne ne savent pas que le risque d’une lecture impossible du fichier téléchargé sur leur baladeur numérique est particulièrement important. Ils sont donc amenés par la suite à « contourner » le logiciel (DRM) de cryptage. Ils ne savent pas non plus que le producteur via le ‘digital right management‘ (DRM) contrôle les utilisations qu’il fait de l’?uvre et peut unilatéralement modifier son périmètre d’usages autorisés : en nombre de copies ou de transferts de son ordinateur vers son baladeur par exemple. Le test effectué par l’UFC a consisté à télécharger des titres de musiques sur différents sites de vente à l’aide des quatre baladeurs qui embarquent des solutions logicielles particulières de décryptage et de lecture. Ces baladeurs sont en outre parmi les plus vendus sur les marchés européens (Ipod d’Apple, Sony Network, Rio Carbon et Creative Zen). Conclusions de l’étude : -Il est impossible de télécharger et de lire un fichier musical configuré dans un format de lecture (DRM) donné avec un lecteur configuré avec un autre format (DRM) de lecture. Aucun des baladeurs numériques ne permet techniquement de télécharger de la musique indifféremment sur tous les sites étudiés, – Certains sites (Itunes Store, Sonny Connect) proposent des fichiers avec un format de lecture (DRM) lisible par un seul appareil du marché (Ipod pour la boutique i-Tunes ou le Sony Network pour les fichiers achetés sur Sony Connect), -Dans certains cas, le consommateur doit avoir installé la dernière version du logiciel de lecture pour avoir accès au fichier : par exemple, un consommateur qui télécharge un fichier sur MSN Music doit avoir installé le logiciel Windows Media Player 10, – les sites de vente proposent un titre musical dans un format de lecture (DRM) et contrôlent l’usage que le consommateur fait du fichier, -un même titre peut être disponible sur différentes boutiques en ligne mais son périmètre d’usages autorisés (nombre de transferts…) est très différent d’une boutique à l’autre, – techniquement, ce périmètre d’usages peut unilatéralement et à distance être modifié sans être un motif de rupture du contrat, – l’information sur les restrictions d’usage et l’information pré-contractuelle en général sont peu compréhensibles et variables d’un site à l’autre. Les résultats confirment l’absence générale d’interopérabilité entre les fichiers vendus et les matériels achetés par les consommateurs. Cet état de fait n’est pas lié à des limites techniques, mais au développement de stratégies propres aux éditeurs de logiciels, de matériels électroniques et des éditeurs de musique. Bref, encore une fois, les Majors ne jouent pas le jeu et s’étonnent du succès du P2P, qui lui n’est ni pauvre en sources, ni pauvre en interopérabilité…

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