Pour gérer vos consentements :
Categories: Régulations

L'Iran espionne Internet avec des technologies européennes

Jusqu’où va l’espionnage des communications sur Internet en Iran. Très loin, selon le Wall Street Journal. Le quotidien américain rapporte que le régime iranien a développé « un des mécanismes de contrôle et de censure les plus sophistiqué au monde, permettant d’examiner le contenu des communications en ligne individuelles à une grande échelle ». Les capacités des outils de contrôle dépasseraient largement le simple blocage des sites ou la limitation des accès Internet.

Selon une technique d’inspection des paquets IP (deep packet inspection), les autorités locales peuvent non seulement « regarder » le contenu des communications et en tirer des informations sur leurs auteurs et diffuseurs mais aussi les modifier à des fins de manipulations. Au risque d’ajouter la paranoïa à l’ambiance meurtrière qui agite le pays depuis le résultat des élections présidentielles qui a reconduit Mahmoud Ahmadinejad au pouvoir.

Quant on sait que le Net reste peut-être le dernier moyen de communication pour les autochtones, notamment depuis le musellement des médias locaux et l’expulsion où l’interdiction d’exercer des journalistes étrangers (notamment celle de la BBC), il y a de quoi s’inquiéter pour la sécurité des contestataires, particulièrement dans un régime qui n’hésite pas à faire feu dans la foule des manifestants.

Le plus regrettable, c’est que les technologies de surveillance du réseau ont été mise au point par des sociétés européennes. Au moins en partie. Toujours selon le WSJ, c’est l’allemand Siemens et le finlandais Nokia (sous la joint venture Nokia Siemens Network) qui auraient délivré, en 2008, le centre de surveillance des réseaux déployé sur l’ensemble du pays. Une publicité dont les deux entreprises se seraient bien passées. Ce système de surveillance faisait parti d’un contrat passé avec l’unique opérateur télécom local et qui comprenait également la mise en œuvre des services de téléphonie mobile.

Sont particulièrement visées les communications par e-mails, la téléphonie sur IP, les images (fixes et vidéo) ainsi que les contributions aux plates-formes de réseautage, Facebook et Twitter notamment. Selon un ingénieur réseau cité par le quotidien économique, tous les paquets IP sont analysés à travers une recherche automatisée des mots clés puis édités et modifiés, en quelques millisecondes. Mais il est difficile de déterminer si les solutions de Nokia Siemens Network sont directement utilisées pour le contrôle et la manipulation des informations en ligne, souligne le quotidien économique. La surveillance approfondie d’Internet expliquerait éventuellement pourquoi le pouvoir en place n’a pas totalement supprimé les accès…

Il n’en reste pas moins que le WSJ semble porter un regard accusateur sur les technologies européennes « complices » des élans « big brotherien » du pouvoir iranien. Pas plus, après tout, que lorsqu’on on accuse un Google, Yahoo ou Microsoft de complicité avec les autorités chinoises. Qu’en aurait-il été si un Motorola, Cisco ou Lucent (avant sa fusion avec Alcatel) avait remporté le marché? La révélation du quotidien n’en rappelle pas moins que la surveillance du réseau mondial est une réalité aujourd’hui mise en œuvre par les régimes autoritaires. Mais demain?

A lire : La réponse de Nokia Siemens Networks

Recent Posts

AWS prend ses distances avec VMware version Broadcom

Broadcom a repris seul la main sur la vente de l'offre VMware d'AWS... qui, dans…

11 heures ago

Avec ZTDNS, Microsoft essuie les plâtres du zero trust appliqué au DNS

Microsoft expérimente, sous la marque ZTDNS, une implémentation des principes zero trust pour le trafic…

14 heures ago

Atos sur la voie d’un sauvetage ? Point de situation

Accord de principe entre créanciers, propositions de reprise, discussions avec l'État... Le point sur le…

16 heures ago

AWS abandonne WorkDocs, son concurrent de Dropbox

Un temps pressenti pour constituer le socle d'une suite bureautique AWS, Amazon WorkDocs arrivera en…

3 jours ago

Eviden structure une marque de « serveurs IA »

Eviden regroupe cinq familles de serveurs sous la marque BullSequana AI. Et affiche le supercalculateur…

4 jours ago

SSE : l’expérience se simplifie plus que les prix

Le dernier Magic Quadrant du SSE (Secure Service Edge) dénote des tarifications et des modèles…

4 jours ago