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Faut-il encore avoir peur de l’offshore informatique en France ?

Selon les chiffres du syndicat patronal Syntec Numérique sur les prestations informatiques vendues en France et réalisées à l’étranger, l’offshore en 2013 représenterait 6,3% du marché des services IT (contre 6,1% l’an dernier) et pèserait 1,9 milliard d’euros (contre 1,86 milliard en 2012). En 2014, la progression de l’offshore, autrement dit la délocalisation des développements informatiques, devrait à nouveau croître de 10%… au moins !

La croissance de l’offshore en question

Pour le Munci, association professionnelle d’informaticiens qui a réalisé un dossier sur le sujet, les chiffres communiqués par Syntec Numérique sont « toujours sous-estimés car ils ne prennent pas en compte la totalité du périmètre offshore » : services informatiques, édition de logiciels, offshore direct, structures offshore des grands comptes, « sans oublier les nombreux petits et moyens projets ‘offshorisés’ depuis les places de marché de prestations IT, qui représentent une concurrence déloyale surtout pour nos freelances et micro-SSII. »

Par ailleurs, selon une étude de l’Insee rendue publique en juin 2013, les services de l’information (services informatiques inclus) sont, avec l’industrie manufacturière, les secteurs qui ont le plus fréquemment délocalisés entre 2009 et 2011, avec 8,8% de sociétés concernées dans les deux cas. Dans les services de l’information, ce sont surtout les services informatiques qui ont délocalisé (11%).

« Nous voyons surtout la progression de l’offshore chez les éditeurs de logiciels – qui communiquent parfois sur leurs créations d’emploi au niveau monde, donc en particulier en offshore, et pas seulement au niveau France », explique à la rédaction Régis Granarolo, président du Munci. Et de cibler en particulier l’édition Truffle 100 de 2012 (classant les 100 permiers éditeurs français) qui avait chiffré à 13 000 les créations d’emploi dans le secteur en 2011. Un total trompeur, pour le Munci, car incluant les postes créés dans les implantations à bas coût des éditeurs, notamment en R&D et en développement.

« Paradoxalement, ajoute-t-il, nous n’avons jamais autant entendu parlé de sociétés qui font marche arrière, voire qui ré-internalisent, suite à des projets offshore qui se sont révélés ingérables, décevants sur le plan qualitatif ou beaucoup plus coûteux que prévu ! La situation est donc assez confuse… »

L’impact de l’offshore sur l’emploi IT en France

Les ESN (ex-SSII) recourent essentiellement à l’offshore pour fournir à moindre coût des prestations, du développement d’applications à la maintenance, en s’appuyant sur une main d’œuvre qualifiée de pays où les salaires sont moins élevés, l’Inde par exemple… Le procédé n’est pas sans répercussions sur l’emploi des informaticiens en France.

« L’offshore a un impact de plus en plus certain sur la hausse continue du chômage dans nos professions, plus précisément sur le nombre très important de demandeurs d’emploi de niveau Bac+2 dans la maintenance et le développement informatiques ». En revanche, « l’impact sur les salaires est plus difficile à démontrer », constate le Munci.

En matière de gouvernance, l’organisation déplore que l’exécutif français, par la voix de sa ministre du commerce extérieur Nicole Bricq, « soutienne indirectement l’offshoring au Maghreb, plus particulièrement au Maroc, dans le cadre de sa politique de ‘co-localisation’ ». Un concept qui, d’après Régis Granarolo, cache en réalité des « délocalisations déguisées ».

Les travailleurs détachés dans l’informatique

Qu’en est-il des travailleurs appelés par leur employeur à se rendre dans un pays tiers pour exécuter sur place une prestation informatique ? « Le secteur des services informatiques, plus généralement des prestations intellectuelles, est concerné lui aussi depuis longtemps par le dumping social afférent aux détachements de salariés (ou de pseudo-indépendants) depuis les pays à bas coûts, mais dans des proportions nettement plus faibles que dans le BTP par exemple », souligne le Munci.

L’organisation qui réunit plus de 2 500 membres salariés de la filière, indépendants et demandeurs d’emploi, estime que la prise de conscience politique en la matière se focalise « sur les détachements intra-européens », alors que les détachements extra-européens, depuis l’Inde et le Maghreb surtout, devraient aussi faire l’objet d’attention.

« De plus, conclut Régis Granarolo, nous sommes, dans l’IT, davantage concernés par la question des détachements intra-groupes – qui se pratiquent souvent dans le cadre de projets offshore – où la réglementation elle-même est beaucoup trop laxiste en matière de respect des minima salariaux ».


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