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Sommet de Tunis : l’Icann est sur la sellette

Selon Reuters, la Commission européenne s’est élevée contre ce qu’elle considère comme

« une mainmise des États-Unis sur le système qui régit le trafic du réseau mondial d’ordinateurs » et a appelé à une gouvernance du web plus ouverte. Rappelons que l’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (ICANN) gère l’attribution des 259 suffixes d’adresses Internet, tels que « .com », « .fr », « .biz », « .tv » ou « .eu » et autorise les modifications apportées au registre de ces suffixes appelé communément « root zone file », qui permet la correspondance entre les noms de domaines et les adresses numériques. Les points de désaccord tournent autour de cette liste stockée dans des milliers de serveurs de noms de domaines autour du globe après que le département américain du Commerce a déclaré en juillet dernier qu’il comptait « conserver son rôle historique quant à l’autorisation des changements et modifications du root zone file ». Les États-Unis estiment qu’une réforme de l’ICANN freinerait le rythme des innovations du réseau, opposant les entreprises à une bureaucratie pesante à l’heure d’introduire de nouveaux services, comme la téléphonie via internet. « Ce serait comme avoir plus de cent conducteurs pour un seul bus. À l’heure actuelle nous avons un seul conducteur et jusqu’ici, il a fait du bon boulot », a déclaré le vice-secrétaire au Commerce Michael Gallagher. Les entreprises et la communauté technique qui aident Internet à fonctionner sont en grande partie d’accord avec Gallagher, néanmoins il reste étonnant de constater qu’un seul pays dirige et régule l’attribution des noms de domaines, en l’occurrence les États-Unis. De son côté, la Commission européenne crie à la faute, accusant Washington de changer les règles du jeu et de chercher à obtenir un contrôle permanent sur le web. Bruxelles souhaiterait que le département du Commerce n’intervienne plus en fin de processus décisionnel. La délégation espère obtenir un accord dans ce sens à Tunis, mais les États-Unis ont annoncé qu’ils rejetteraient toute proposition de changement. Mais pour la délégation américaine, cette question détourne l’attention du débat prévu à l’origine lors du sommet de Tunis, à savoir : « ouvrir l’accès à des moyens de télécommunication évolués aux pays en développement. » Ainsi, l’ambassadeur David Gross a déclaré : « Pour autant que je sache, ces discussions sur la gouvernance d’Internet n’apporteront aucun ordinateur, aucun téléphone portable ni quoi que ce soit d’autre à ceux qui n’en ont pas en Afrique, en Asie, en Amérique du Sud ou ailleurs ». Les « pros-Incann » se défendent de faire de la politique via cet organisme à but non lucratif. Pourtant en août dernier, le gendarme du Net a repoussé la réflexion autour d’un suffixe en « .xxx » (lire nos articles pour les sites Internet consacrés au sexe), à la suite de pression des groupes conservateurs américains pour que le département du Commerce bloque son adoption. Les participants au sommet de Tunis pourraient également mettre en place un forum de discussion relatif aux problèmes de spam et de cybercrime transfrontaliers. Concernant le choix du pays organisateur, la polémique grandit. Il faut dire qu’organiser un sommet sur la société de l’information dans un pays bâillonné par un gouvernement autoritaire comme celui du président Ben Ali a de quoi soulever la polémique. D’ailleurs, Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans Frontières (RSF) s’est élevé ce matin dans les colonnes du quotidien « Libération » contre ce qu’il considère comme « une honte ». Interrogé par un journaliste du quotidien, il a déclaré :« Organiser un sommet sur Internet et la société de l’information en Tunisie, c’est comme avoir confié la présidence de la Commission des droits de l’homme de l’ONU à la Libye il y a quelques années. C’est comme organiser un sommet sur la sexualité au Vatican ou sur les droits de l’homme en Corée du Nord. C’est se moquer du monde. »

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