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Tribune: Quel avenir pour les grandes écoles de la République (2)

Une tendance se dessine dans les grandes écoles, animée par la pression des élèves: ils souhaitent, semble-t-il, une diminution des enseignements fondateurs de l’art de l’ingénieur comme les mathématiques, la physique, la mécanique, ou comme la comptabilité pour les écoles de commerce, au profit de matières jugées plus nobles comme le management, la finance, la stratégie…

En clair, les ingénieurs ne veulent plus mettre les mains dans la graisse alors qu’ils ont reçu une formation pour cela… Cette situation n’est pas récente. Pendant les trente glorieuses, le rêve d’un cadre était de disposer d’un bureau et d’une secrétaire de préférence mignonne. Le statut social remplace la préoccupation «métier». A cette époque, le grand mathématicien Laurent Schwartz se plaignait que l’on fasse des polytechniciens des gestionnaires autodidactes. Ce phénomène n’est pas propre à la France. Le gouvernement américain s’est ému de la désaffection des étudiants pour les sciences. Aussi, table-t-il sur une immigration d’origine indienne. Disons-le: le fait que les étudiants demandent d’introduire de nouvelles matières économiques dans le programme est une bonne chose. Ce qui pose problème, c’est que ces matières soient enseignées au détriment des sciences fondamentales. Toujours selon notre source de référence, elle concernerait 30% du programme, donc près d’un tiers du contenu désormais abandonné. Or derrière les ‘Grandes Ecoles’, se profile la demande de grands groupes industriels qui, durant des décennies, y ont trouvé une des sources de leur savoir-faire. Or ces grandes entreprises ont déjà décelé une baisse de compétences. Nous aurions ici une des multiples causes de la perte de compétitivité de l’industrie française. On ne peut pas raisonnablement reprocher aux étudiants un projet de carrière plus proche de l’air du temps. L’image d’anciens ayant réussi dans le management. Celles des golden boys des séries américaines, l’argent, le pouvoir, les femmes, les belles bagnoles… – des images qui parlent plus aux jeunes esprits que des réussites techniques comme le viaduc de Millau et l’Airbus 380. L’avenir que l’on donne en France aux carrières faméliques de jeunes chercheurs n’est pas de nature à faire naître des vocations. En revanche, on peut expliquer que le management n’est pas un métier, à la rigueur une fonction dans un métier. Que dans ce domaine il y aura beaucoup d’appelés, une concurrence féroce et peu d’élus. En fin de compte, une solide formation technique, pour peu que l’on fasse l’effort de se maintenir à un bon niveau doit rester une valeur sûre.

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