Après la publication des travaux d’un conseiller de Barack Obama sur le potentiel et les limites du Big Data, Washington veut mieux encadrer les pratiques des courtiers en données.
« C’est une industrie qui fonctionne en grande partie dans l’ombre », a déclaré Edith Ramirez, la présidente du régulateur américain du commerce (Federal Trade Commission – FTC), mardi 27 mai. « Nous voulons lever le voile du secret qui entoure les pratiques du courtage de données », a-t-elle ajouté lors de la publication d’un rapport de 110 pages sur le sujet.
La FTC recommande au Congrès américain d’exiger des courtiers en données qu’ils soient plus transparents et donnent aux utilisateurs davantage de contrôle sur leurs données personnelles. « Les consommateurs – à supposer qu’ils soient au courant – ont très peu d’informations sur le déroulement de ces activités aujourd’hui », a indiqué l’institution à CNNMoney.
Le régulateur américain s’est plus particulièrement intéressé aux pratiques de neuf courtiers actifs aux États-Unis : Acxiom, Corelogic, Datalogix, eBureau, ID Analytics, Intelius, PeekYou, Rapleaf et Recorded Future… Mais pas Experian.
Ces courtiers recueillent des informations sur les consommateurs à partir de sources multiples, publiques ou non : listes électorales, dossiers de prêt, données hospitalières « anonymes », etc. Ces données sont associées à des informations obtenues en ligne via les cookies et logs (sites web, réseaux sociaux, applications mobiles…). Les courtiers ont ainsi la matière pour créer des profils de consommation et les revendre à d’autres, des banques à la grande distribution.
L’industrie des « Data Brokers » scrute des milliards de transactions et génère plusieurs milliards de dollars de profits chaque année. Pour la FTC , les courtiers en données répondent aux attentes « légitimes » d’entreprises et de leurs clients, notamment dans les secteurs de la prévention des fraudes et de la publicité ciblée. Mais il est nécessaire d’accroître la transparence de leur activité à l’heure de la croissance exponentielle des volumes de données traitées.
« Les courtiers en données en savent souvent autant – ou plus – sur nous que notre famille et nos amis », a souligné la FTC. Pour protéger le public du « profiling » abusif, le régulateur demande au Congrès de légiférer. Les vendeurs auraient obligation d’informer les consommateurs lorsque leurs données sont partagées avec des courtiers. Mais aussi d’obtenir leur « consentement exprès » en cas de collecte d’informations sensibles, telles que les données de santé.
Reste à savoir quelle sera la réaction des parlementaires et lobbies américains… En mars 2012, le FTC s’était déjà prononcée pour un renforcement de la protection des consommateurs dans ce domaine… sans convaincre ! Depuis, les pratiques des « Data Brokers » ont été occultées par le scandale des écoutes massives de la NSA révélées en juin 2013.
crédit photo © Robert Kneschke – Fotolia.com
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