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Comment mettre l’IT au service de la transition écologique

Intégrer le respect écologique dès la conception des projets informatiques renforce les entreprises et fait de la fonction SI un « acteur du changement ». C’est en tout cas le postulat de la Fondation internet nouvelle génération (Fing), du Cigref – Réseau de grandes entreprises et du Club Green IT. Ils ont étudié cette perspective de septembre 2015 à mars 2016, dans le cadre du programme Transitions².

Les auteurs du cahier « Ecology By Design » partent du constat suivant : le numérique peut être un puissant levier de croissance et d’évolution des modèles d’affaires, mais il ne faut pas oublier « qu’à chaque fois que l’on produit ou manipule un octet, on crée un impact direct négatif pour l’environnement ». Ainsi « à l’échelle mondiale, Internet est un 6e continent qui ‘pèse’ chaque année 1037 TWh d’énergie, 608 millions de tonnes de gaz à effet de serre et 8,7 milliards de m3 d’eau douce. Soit environ 2 fois l’empreinte de la France », ajoutent-ils. L’attention se porte souvent sur les data centers et les serveurs, mais les terminaux utilisateurs sont aussi de gros consommateurs d’énergie…

Empreinte environnementale de l’informatique

Le Benchmark Green IT 2016 réalisé par GreenIT.fr pour le Cigref et le Club Green IT auprès de 9 grandes entreprises privées et publiques basées en France, confirme la tendance. Ces organisations rassemblent 515 000 utilisateurs, 2,6 millions d’équipements IT et 56 400 m2 de salle informatique.

L’empreinte environnementale annuelle du système d’information des organisations totalise 782 344 MWh d’énergie (l’équivalent de 5,8 millions d’ampoules basse conso allumées pendant 1 an) ; 264 440 t CO2e (1,6 milliard de kms en voiture) ; 11 988 530 m3 d’eau (1,3 milliard de packs d’eau minérale).

Soit par utilisateur et par an : 1 520 kWh d’énergie (19 ampoules basse consommation allumées 24h/24 x 220 jours ouvrés) ; 514 kg CO2e (3 100 kms en voiture) ; 23 555 litres d’eau (428 douches). Voir, en bas cet article, l’infographie réalisée par GreenIT.fr et e-RSE.net, partenaire du Club Green IT.

L’IT, levier de transformation écologique

Pour tenter de limiter cette empreinte et « mettre l’IT au service de la transition écologique des organisations », Fing, Cigref et Club Green IT proposent aux DSI les quatre pistes d’action suivantes :

Piste 1 : la mesure « inté­grée » des performances écologique et économique. Elle sera proposée par la fonction IT, alliée à la fonction RSE (Responsabilité sociale et environ­nementale), à l’ensemble des métiers de l’entreprise. Et ce en s’appuyant sur les connaissances acquises en matière de Green IT (calcul de l’empreinte écologique, analyse de cycle de vie…), les référentiels sectoriels et globaux (Ademe, Comité 21…) et les travaux de reporting intégré (ceux de la Global Reporting Initiative (GRI) ou de l’Interna­tional Integrated Reporting Council (IIRC), qu’utilise Orange, par exemple).

Piste 2 : Internet des objets et performance écologique. Ici, l’IT et les métiers collaborent en amont du développement d’infrastructures et d’applications dédiées aux objets connectés. Cette option met l’accent sur le partage des capacités et des données, la mesure des coûts réels et l’émergence de systèmes de valorisation (économie circulaire). HP Instant Inket et le hollandais Qurrent sont cités.

Piste 3 : prolongation ou recyclage des objets et composants. Il s’agit d’intégrer les objets au système d’information de l’entreprise « avant, pendant et après leur utilisation » ; de gérer leur identité (publique et privée) et d’organiser le partage des données utilisateurs. Sans oublier d’associer à ce partage des services innovants liés au cycle de vie des objets. Les constructeurs de biens d’équipement complexes, dans l’industrie automobile notamment, se sont déjà lancés.

Piste 4 : l’écoconception elle-même. Elle « a encore besoin d’une pression réglementaire pour s’imposer », afin de « la rendre plus attractive aux entreprises, de mieux y intégrer l’apport numérique et de l’adapter aux cycles agiles d’innovation », selon les auteurs de « Ecology By Design ». Par ailleurs, GreenIT.fr, Cigref et Club Green IT observent dans leur baromètre que « l’écoconception logicielle a le plus fort potentiel, de l’ordre de 2 à 100 fois moins de ressources informatiques nécessaires à tous les niveaux du SI ».

L’empreinte en une infographie

Quelle que soit la voie choisie, l’IT doit elle même s’engager dans une démarche de réduction de son empreinte écologique et faire de la fonction RSE un allié, selon le Cigref et ses partenaires. La DSI, au sens large, n’est pas qu’un prestataire de services des métiers. Elle « devrait retrouver confiance dans sa capacité et sa légitimité à inciter, organiser et accompagner le changement. Elle a tous les atouts pour le faire — et pour une partie, elle le fait déjà lorsqu’elle introduit de nouveaux outils de collaboration, lorsqu’elle s’engage sur des thématiques nouvelles (Internet des objets, blockchain…) ou, précisément, lorsqu’elle ouvre la voie d’une analyse complète du cycle de vie de sa propre activité ».

Lire aussi :

Cop21 : comment limiter l’appétit en énergie de l’IT ?
Green IT : des clients réclament à AWS plus de transparence

crédit photo de une © Rashevskyi Viacheslav / Shutterstock.com

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