Imperturbable. Donald Trump a beau jouer à chamboule-tout de l’autre côté de l’Atlantique, Theresa May a beau lancer la séparation du Royaume-Uni d’avec l’Union européenne, un nouveau président a beau être sur le point de s’installer à l’Elysée – avec toutes les incertitudes que cela comporte -, le secteur du numérique reste imperturbable. En tout cas, si on se fie aux prévisions de Syntec Numérique, la chambre patronale des SSII (ou ESN), éditeurs de logiciels et sociétés de conseil en technologies. Après une année 2016 marquée par une croissance de 2,9 % – soit une légère réévaluation par rapport aux estimations de novembre dernier -, Syntec Numérique prévoit encore 3 % de croissance sur l’année en cours.
Dans le détail, c’est l’édition de logiciels qui devrait connaître la progression la plus marquée, tirée par l’applicatif , mais aussi par quelques segments des logiciels d’infrastructure comme la cybersécurité dont la croissance est attendue à 8 % cette année. Sans surprise, cette croissance provient presque exclusivement du modèle Saas, qui connaîtrait 24 % de progression en 2017 (pour atteindre 2,1 Md€, soit 18 % du total), tandis que le logiciel on-premise (déploiement sur site) sera quasi-stable (+ 0,7 %).
Les SSII identifient la cybersécurité (loin devant l’IoT) comme un domaine prioritaire pour améliorer leurs marges, via des offres à plus forte valeur ajoutée. En la matière, le recours à l’offshore n’est plus considéré comme un levier très pertinent (il est cité par moins de 10 % des sociétés, contre 62 % pour la cybersécurité).
De son côté, le conseil en technologies anticipe, lui aussi, 2,7 % de croissance en 2017 : « avec 3 jours travaillés en moins par rapport à 2016, c’est énorme », commente Patrice Demay, le président de ce collège au sein de Syntec Numérique et par ailleurs directeur général de SII.
Si le secteur dans son ensemble devrait donc rester bien orienté, la croissance proviendra dans sa quasi-totalité de ce que le Syntec Numérique appelle les SMACS, acronyme croustillant masquant un ensemble de technologies disparates (sécurité, mobilité, analytique, Cloud et social). Cet attelage, qui représente 20 % du marché (soit près de 9 Md€), progresserait de plus de 15 % en 2017, notamment porté par le Cloud. Ce seul segment devrait peser environ 3,5 Md€ sur l’année, soit un bond de 24 % par rapport à 2016. Derrière, les applications analytiques (2,2 Md€, + 10 %) et la sécurité (2,1 Md€, + 9 %) s’imposent comme les deux autres étoiles montantes.
Si le secteur (qui pèse globalement 52 Md€) a de quoi se montrer optimiste pour 2017 – arguant que sa croissance est seulement handicapée par la pénurie de compétences sur le marché -, la comparaison avec l’international permet de relativiser. La croissance en Europe de l’Ouest du secteur étant attendue à 3,3 %, soit 0,3 point de mieux que la prévision hexagonale. Dans le monde entier, le numérique doit même connaître une croissance de 4,5 % en 2017.
Malgré ce bémol, il s’agit probablement de la première fois qu’une année présidentielle, souvent synonyme d’attentisme dans les décisions d’investissement, ne se traduit pas par un tassement de la croissance du secteur, si les anticipations de Syntec Numérique se vérifient. Un phénomène qui fait écho au relatif désintérêt des candidats pour la question du numérique. « C’est vrai qu’ils n’en parlent pas beaucoup au-delà de nos réunions avec leurs équipes de campagne, reconnaît Godefroy de Bentzmann. Même si on observe une montée en puissance de ces sujets dans les programmes, il manque une vision globale. » Au travers de cahiers de propositions, le Syntec Numérique tente de peser sur la campagne, notamment via l’idée d’un compte universel pour tous les salariés, qui regrouperait droit à la formation, au chômage, etc., ou via l’accent mis sur la santé, pour laquelle le syndicat patronal réclame une loi de programmation sur 5 ans permettant aux acteurs d’avoir une visibilité budgétaire sur le sujet. « Notre industrie ne réclame rien pour elle-même, car elle se débrouille très bien toute seule », assure Godefroy de Bentzmann.
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