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Sait-on vraiment mesurer l’impact environnemental du numérique ?

Est-il encore raisonnable de ne pas inclure, dans les études sur l’impact environnemental du numérique, les satellites de télécommunications ? L’Arcep estime que non, au vu de l’arrivée prochaine de plusieurs « méga-constellations » en basse orbite.

L’autorité évoque cet enjeu dans un rapport consacré aux écarts méthodologiques entre les études en question. Elle a pris pour référence la recommandation UIT-T L.1450, considérée comme la principale norme internationale pour l’évaluation de l’empreinte carbone du secteur des TIC.

L’Arcep a établi une grille d’analyse synthétisant les exigences de cette norme. Et l’a a appliquée à trois études. Nommément :

« L’empreinte mondiale énergétique et carbone des secteurs des TIC et du divertissement et des médias, 2010-2015 » (Malmodin et Lundén, pour Ericsson, 2018)

« Impact environnemental du numérique : tendances à 5 ans et gouvernance de la 5G » (The Shift Project, 2021)

« Évaluation de l’empreinte environnementale du numérique en France et analyse prospective » (Lees Perasso et al. pour Arcep/ADEME, 2022)

Les TIC, à périmètre mouvant

Constat global : les méthodologies promues dans l’UIT-T L.1450 « ne sont pas suffisamment diffusées dans les études publiées ».

Cela commence au niveau du périmètre des études. The Shift Project n’inclut par exemple pas la téléphonie fixe RTC et les scénarios de fin de vie. Le duo Arcep/ADEME n’a quant à lui pas pris en compte l’IA, ni les réseaux d’entreprise. Tandis qu’Ericsson a fait l’impasse sur les satellites de télécommunications. Tout en traitant certains éléments à champ restreint, à l’image de l’IoT.

Les remarques adjointes à l’analyse des périmètres en disent beaucoup sur la difficulté à harmoniser pleinement le cadre méthodologique. Parmi elles :

Les caméras et les appareils photo appartiennent au secteur du divertissement et des médias (E&M), tandis que les caméras de surveillance appartiennent au secteur du secteur des TIC (terminaux IdO/IoT).

Les services de télévision par câble fournis par l’opérateur devraient être affectés à la catégorie de biens de réseau TIC (secteur des TIC) si l’organisation de l’entreprise n’est pas structurée de manière à permettre leur séparation – si tel est le cas, ils devraient être considérés comme faisant partie du secteur du divertissement et des médias et non du secteur des TIC.

D’après J. Malmodin, les équipements dits « Amplificateurs d’antennes » qui amplifient le signal télévision d’une antenne de toit ou d’un [sic] box TV n’ont pas été pris en compte. Comme ils sont souvent montés près de l’antenne ou dans les greniers, ils restent peu visibles et faciles à ignorer. Et comme ils sont allumés en permanence, ces appareils ont une consommation d’énergie annuelle assez élevée. J. Malmodin indique qu’ils sont maintenant inclus dans toutes les nouvelles études.

Quant à savoir si tel ou tel équipement connecté relève du champ des TIC, et surtout s’il en relèvera toujours à l’avenir, il y a du travail. Le tableau suivant résume la position de l’Arcep. Qui, dans les grandes lignes, considère que la fonction principale du terminal pourrait être le principe directeur de la catégorisation.

Numérique : au-delà de l’empreinte carbone

Bien qu’elle ait consacré son analyse au déficit d’ancrage méthodologique*, l’Arcep reconnaît qu’il existe d’autres écueils, à commencer par la disponibilité et la qualité des données. Un problème parfois insoluble, comme avec les infrastructures et réseaux qu’utilisent des organisations militaires.

La norme UIT-T L.1450 gagnerait elle-même à être améliorée, estime le gendarme français des télécoms. En particulier pour prévoir l’arrivée desdites « méga-constellations » de satellites, dont la durée de vie avoisine généralement 5 ans, contre 15 à 20 pour les satellites géostationnaires.

Il s’agira aussi d’inclure des aspects tels que la réhabilitation et la restauration des bâtiments de datacenters. Ou encore, à plus haut niveau, de fournir des spécifications favorisant l’évaluation d’autres catégories d’impact. On parle là d’intégrer, entre autres, les notions de diversité biologique et de limites planétaires.

Autre piste : moduler la recommandation pour tenir compte du niveau d’ambition des études vs leurs contraintes et leurs objectifs (cf. appendice II, pages 39 à 46 du rapport).

* L’Arcep a examiné un échantillon de 132 études publiées après 2010. La plupart (91 %) ne font pas mention de référentiels. La majorité des autres en mentionnent sans les suivre.

À consulter pour davantage de contexte :

Numérique et environnement : 15 chiffres sur les projections ADEME-Arcep
Numérique responsable : la profession de foi de l’USF
Green IT : gare au coût environnemental des SSD ?

Photo d’illustration © peach_fotolia – Adobe Stock

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