Broadcom va-t-il réussir à mettre la main sur l’activité mémoire que Toshiba a séparé du groupe en janvier dernier ? Le fournisseur américain de semi-conducteurs ressort, à l’issu d’un deuxième round de négociations, comme l’un des deux prétendants les mieux placés pour récupérer la plate-forme de production de composant flash NAND, notamment, de l’industriel japonais, a rapporté l’agence Bloomberg en fin de semaine dernière. Soutenu par Silver Lake Partners ainsi que trois banques nippones (Mizuho, Sumitomo Mitsui, Mitsubishi UFJ), Broadcom a proposé 2 200 milliards de yen (20 milliards de dollars environ).
Rappelons que la vente de cette filiale doit aider le géant japonais à sortir de son impasse financière dans lequel il est plongé suite à des opérations malheureuses. Notamment dans l’industrie nucléaire aux Etats-Unis dont l’activité est aujourd’hui placée sous la protection du Chapitre 11 de la loi des faillites. La filiale nucléaire Westinghouse accuse des pertes de 9 milliards de dollars.
Sur le dossier des puces mémoires, Broadcom est en concurrence frontale avec la société d’investissement KKR (Kohlberg Kravis & Roberts) à laquelle se joignent Innovation Network (INCJ) et la banque japonaise de Développement (Development Bank of Japan). Le trio a avancé 1 800 milliards de yen (16,4 milliards de dollars). A première vue, sans aucune surenchère, l’affaire devrait vite tourner à l’avantage de l’entreprise californienne. Mais le dossier est complexe.
D’abord, le chinois Foxconn (Hon Hai Precision Industry) avait proposé l’équivalent de 27 milliards de dollars en début d’année. Et a reçu le soutien d’Apple dans ce sens. Mais le gouvernement japonais s’est opposé à la vente des technologies mémoire à un groupe chinois. Le coréen SK Hynix a également montré son intérêt et s’est rapproché de l’investisseur Bain Capital qui propose 9 milliards de dollars pour 51% du capital de l’activité semi-conducteurs de Toshiba. Hynix n’aurait qu’une participation minime dans l’offre alors que, là aussi, le gouvernement japonais ne souhaite pas laisser un industriel coréen prendre le contrôle d’une technologie nationale.
D’ailleurs, le gouvernement nippon serait prêt à garantir des prêts bancaires jusqu’à 900 milliards de yens (8,1 milliards de dollars) pour conserver l’activité des mémoires Flash NAND sur le sol national. Voilà qui ne joue pas en faveur de Broadcom mais plus en celle de INCJ. D’autant que ce dernier pourrait, selon les rumeurs, quitter KKR pour s’associer à Brain Capital.
Qui plus est, Western Digital est venu mettre son grain de silicium dans l’opération en cherchant à interdire la cession. Fort de la co-entreprise FlashAlliance qu’il détient avec Toshiba suite à l’acquisition de Sandisk en octobre 2015, le fabricant américain de disques durs estime que la revente de l’activité mémoire flash constituerait une violation des accords en cours. En parallèle, Western Digital pourrait rejoindre l’offre de KKR et s’emparer de 20% des mémoires de Toshiba.
Bref, la situation s’avère passablement complexe. Selon l’avis d’un analyste de Bloomberg, INCJ a toutes chances d’emporter le dossier en regard des préférences nationales du gouvernement nippon. Mais la situation peu encore évoluer dans les prochaines semaines. Les dirigeants de Toshiba pourraient ne pas se prononcer sur le nom d’un repreneur avant une rencontre d’actionnaires programmées pour juin prochain. L’activité semi-conducteurs de Toshiba s’inscrit comme la deuxième entreprise sur le marché mondial des mémoires flash derrière Samsung.
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