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Cyber-espionnage : les Etats-Unis mouillent la Chine pour faire oublier la NSA

Cette fois, plus de doute. Le gouvernement chinois espionne les entreprises américaines. C’est du moins l’analyse de la Justice américaine qui a officiellement inculpé cinq militaires chinois de « piratage informatique », d’« espionnage industriel » et d’« autres infractions » à l’encontre de six entreprises américaines.

Autant d’attaques qui auraient permis d’obtenir des informations technologiques et commerciales stratégiques profitant directement aux entreprises chinoises, dont certaines d’Etat, et nui au respect de la compétition internationale, rapporte le ministère américain de la Justice (DoJ) dans son communiqué.

Une réponse agressive

« Cette affaire valide l’espionnage économique par des membres de l’armée chinoise et représente la première accusation contre un État pour ce type de piratage, a commenté le procureur général américain Eric Holder. La variété de secrets commerciaux et autres informations sensibles volées aux entreprises est importante et exige une réponse agressive. »

Une mise en cause de l’Etat chinois que confirme James B. Comey, le directeur du FBI : « Pendant trop longtemps, le gouvernement chinois a manifestement cherché à utiliser cyber espionnage pour obtenir un avantage économique industriel. L’acte d’accusation annoncé aujourd’hui est une étape importante. Mais il y a beaucoup plus de victimes, et il y a beaucoup plus à faire. » Selon le jugement, les faits se sont déroulés sur plusieurs années, entre 2006 et 2014.

Wastinghouse, US Steel, Allegheny Technologies (ATI), Service Workers International Union (USW), Allied Industrial et Alcoa figurent parmi les entreprises visées. Elles officient dans les domaines de l’énergie (nucléaire, solaire) et de la métallurgie, notamment. Les 5 suspects chinois risquent entre 2 et 10 ans de prison selon les délits commis. Un avis de recherche a été lancé par le FBI à leur encontre.

L’inculpation des militaires chinois apparaît comme une façon pour les autorités américaines d’ouvrir un contre-feu après le scandale des écoutes de la NSA. Scandale qui continue à gêner les exportations des entreprises IT américaines. Dans une interview récente à un journal australien, le général Keith Alexander, ex-directeur de la NSA, expliquait : « L’espionnage contre nos sociétés privées, contre nos ressources de R&D ou contre toute autre cible intéressante pour un compétiteur international a atteint une échelle industrielle. Son étendue est bien supérieure à ce que les gens imaginent. En fait, je pense que la propriété intellectuelle qui a été dérobée aux Etats-Unis depuis une décennie ou deux représente le plus grand et le plus rapide transfert de richesses involontaire de l’histoire de l’Humanité. » Et de nier, dans la foulée, toute pratique d’espionnage économique par la NSA sous sa direction (entre 2005 et mars 2014).

Le gouvernement chinois réagit

Le gouvernement chinois a réagi à ces accusations. Le ministère chinois de la Défense accuse à son tour les Etats-Unis d’« hypocrisie » et de politique du « deux poids deux mesures ». « La Chine est victime de piratages informatiques, d’écoutes téléphoniques et de surveillance de la part des Etats-Unis, rapporte de son côté un porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Selon de nombreuses informations rendues publiques, les institutions américaines concernées ont mené des cyber-intrusions, des écoutes illégales et une surveillance à l’encontre des départements gouvernementaux, des institutions, des entreprises, des universités et des citoyens chinois. » Une référence claire aux pratiques de la NSA, notamment à l’injection de backdoor dans les routeurs destinés à l’exportation.

Selon les chiffres du Centre de coordination de l’Equipe technique d’intervention d’urgence du réseau informatique national chinois, rien qu’entre le 19 mars et le 18 mai derniers, plus de 2 000 serveurs de chevaux de Troie et botnets installés aux Etats-Unis ont pénétré 1,8 million de PC en Chine. Première conséquence de cette nouvelle affaire, la Chine a décidé de suspendre les activités du groupe de travail sino-américain sur la cybersécurité.

crédit photo © Gajus – shutterstock


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