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Digital Workplace : les alternatives à Microsoft 365 émergent enfin

Les grandes grèves de 2018/2019, puis la crise du Covid-19 a eu un effet d’accélération sans précédent sur le marché des solutions de Digital Workplace. Beaucoup d’entreprises ont opté pour la solution de facilité avec des abonnements à Microsoft 365. D’autres organisations, notamment liées au secteur public, ont cherché des solutions souveraines.

Le marché français des solutions de collaboration étant particulièrement riche, elles se sont tournées avec succès vers les services de Jitsi pour leurs visioconférences, vers la suite collaborative SecNumCloud d’Oodrive, vers Mailo ou encore TalkSpirit.

Pierre Baudracco, CEO de BlueMind a abordé cette question lors du salon Digital Workplace 2023 : « La souveraineté est avant tout une question de choix. Pour avoir une capacité de décider, il faut avoir des alternatives aux différentes solutions. Si on ne dispose plus des compétences pour développer des solutions, il n’y aura plus de choix possible. »

Digital Workplace : la riposte des solutions « made in France «

Dès 2021, huit des plus gros éditeurs français de la Digital Workplace (Atolia, Jalios, Jamespot, Netframe, Talkspirit, Twake, Whaller et WIMI) rebondissaient sur la note du directeur interministériel du numérique (DINUM) stipulant que Microsoft 365 était « non conforme » et ne pouvait être déployé dans les services de l’ état.

Le gratin de la Digital Workplace « Made in France » rappelait à l’Etat et aux collectivités sa présence et son dynamisme alors que les entreprises du secteur privé commencent elles aussi à réfléchir aux conséquences potentielles des réglementations extraterritoriales américaines sur la confidentialité de leurs données critiques.

Samuel Renault, consultant fonctionnel pour Exo Platform explique : « La souveraineté était un sujet de préoccupation en 2022 et c’est encore plus le cas cette année. C’est désormais clé dans les échanges que nous sommes amenés à avoir avec les prospects ou nos clients actuels. Certains cherchent même à rapatrier des bases documentaires hébergées chez Google Drive. Alors que nous travaillions auparavant sur l’interopérabilité de notre plateforme et ce type de service Cloud, aujourd’hui, les clients veulent tout rapatrier afin de redevenir maîtres de leurs données. »

Rivaliser avec l’étendue fonctionnelle d’un Microsoft 365 était difficile pour des éditeurs qui ont des ressources de développement bien plus modestes que celle du géant de Redmond.
La plateforme américaine se veut unifiée et couvre à elle seule tous les besoins d’une Digital Workplace moderne.

Si on peut discuter du niveau d’intégration et de l’efficacité de certaines briques de Microsoft 365, force est de constater que pour atteindre une couverture fonctionnelle aussi large, il fallait assembler de multiples logiciels et services en ligne souverains pour réellement rivaliser.

Open source : la voie la plus souveraine

Forts de ce constat, les éditeurs ont cherché à étoffer leurs offres en réalisant eux-mêmes ces intégrations. Leur atout dans cette stratégie : l’Open Source.

« L’Open Source, c’est donner la capacité aux utilisateurs et aux fournisseurs de services d’entrer au cœur même du système, avoir la capacité et la liberté d’entrer dans le code » explique Franck Muller, Customer Success Manager de Wazo, éditeur d’une solution Open Source de téléphonique unifiée à destination des fournisseurs de services et opérateurs. « L’Open Source introduit aussi une notion de maîtrise des données avec la capacité de les récupérer pour les placer dans d’autres solutions. C’est aussi la capacité de créer des interconnexions avec les outils métiers lorsque ceux-ci sont aussi ouverts. »

En s’appuyant sur ces concepts de code ouvert et sur les standards d’échanges, les intégrations se sont multipliées et de nouveaux acteurs se sont positionnés. Jamespot par exemple a doté son Appstore de multiples composants fonctionnels comme WeDoc, une suite bureautique en ligne, Messenger, une messagerie instantanée, une application de gestion de groupe de travail afin d’étendre les offres RSE et intranet de l’éditeur.

En début d’année 2023, Cheops Technology annonçait Mail In France, une suite collaborative élaborée avec des partenaires éditeurs et que l’éditeur bordelais opère dans ses datacenters localisés en France.

Le cabinet spécialisé Lecko a identifié une vingtaine de solutions sur le marché français. Certaines sont dans l’écosystème Microsoft 365 ou Google Workspace, mais les alternatives aux offres américaines sont nombreuses. @Lecko 2023 DR

Lors du FIC (Forum International de la Cybersécurité) 2023, Nicolas Leroy-Fleuriot, son PDG, a livré quelques détails sur son offre, avec une messagerie Webmail, mais aussi une compatibilité avec les clients Thunderbird et surtout Outlook, une gestion d’agenda, de contacts, de tâches ainsi que de la messagerie instantanée, de la visio et un stockage synchronisé de type Drive.

Digital Workplace et souveraineté : L’Etat français a désigné trois champions

En parallèle à toutes les initiatives issues de l’écosystème, le gouvernement et BPifrance ont lancé un appel à projet afin de sélectionner et de soutenir les éditeurs des alternatives souveraines capables de détrôner Microsoft 365.

Les trois grands gagnants ont été dévoilés.

Baptisé « CollabNext », le premier consortium regroupe l’éditeur Jamespot, 3DS Outscale, Alinto, Clever Cloud, Datakeen, Glowbl, Wallix, XWiki et l’ENS Paris-Saclay. L’équipe « IS Suites » regroupe quant à elle l’éditeur Interstis, 3DS Outscale, BlueMind, Parsec Cloud, Belledonne communication, Tranquil IT System et XWiki. La troisième équipe gagnante marie Wimi, Watoo, Seald, XWiki et Linagora.

Une aide de 23 millions d’euros permettra à chaque équipe de porter son offre de Digital Workplace aux standards de sécurité de la dernière version 3.2 du référentiel SecNumCloud de l’ANSSI.

Acteur du Cloud français déjà qualifié SecNumCloud, 3DS Outscale va héberger deux de ces consortiums.

Pris de vitesse par le rouleau compresseur marketing des hyperscalers qui a conquis les grandes entreprises, l’écosystème français a su se fédérer. De nombreuses alternatives souveraines se dressent désormais face aux leaders.

Si l’État a désigné ses trois champions, d’autres groupements d’éditeurs privés se sont déjà positionnés sur ce marché et les DSI disposent désormais d’un choix plutôt pléthorique de suites collaboratives.

Abondance de biens ne nuit pas diront les plus optimistes. Balkanisation de la Digital Workplace à la française répondront les plus critiques. Reste que les alternatives souveraines existent et peuvent enfin tenir la dragée haute aux meilleures offres américaines.


Les défis du collaboratif à l’heure du travail hybride et de la RSE seront au cœur des retours d’expérience  de Engie, Keolis et Doctolib lors de la matinée Silicon Day Workplace, le 29 juin à l’hôtel de Poulpry de Paris ( 7ème).

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Pour aller plus loin sur le sujet :
> Digital workplace : le Chromebook prend ses marques
> Digital Workplace : pourquoi le Mac marque des points
> Digital Workplace : comment organiser le travail en mode hybride

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